Publié le 16 novembre 2018 à 18h46 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 19h10
On connaît Philippe Herreweghe pour sa contribution inlassable et talentueuse à la diffusion de la musique baroque. Il est moins attendu dans des répertoires plus récents et romantiques comme celui affiché pour le concert de jeudi soir au Grand Théâtre de Provence à Aix où étaient donnés les Vesendonck Lieder de Wagner et la Symphonie n°4 dite Romantique de Bruckner. C’est Véronique Gens qui se frottait aux airs wagnériens, elle qui, il y a quelques années, déclarait qu’elle ne chanterait pas en Allemand en Allemagne. Il faut croire que les choses ont changé puisque la dame chante ce programme à Essen ce samedi soir. Rompue à l’interprétation de la mélodie française, elle a abordé les poèmes de Mathilde Wesendonck avec retenue et fragilité, affirmant son chant au fil de l’interprétation, comme si elle était progressivement gagnée par la sérénité. Une plénitude retrouvée pour le bis» avec la reprise de l’un des poèmes, magnifiquement accompagnée par les musiciens de l’Orchestre des Champs Élysées. Des musiciens qui jouent sur instruments d’époque et qui furent sollicités avec bonheur pour la symphonie romantique de Bruckner. Une œuvre à la fois sensuelle et puissante, où la chaleur des cordes cède le pas aux cuivres étincelants, où les altos prennent parois la vedette aux violons, où les bois doivent faire monts et merveilles. Pour arriver à la plénitude, Philippe Herreweghe s’est employé à lire cette partition avec intelligence et une extrême précision mettant en valeur toutes ses nuances. Un grand moment de musique qui fut justement salué par une salle conquise.
Michel EGEA