Publié le 9 mars 2013 à 4h00 - Dernière mise à jour le 10 août 2023 à 10h19
PAPE DIOUF… UN HOMME LIBRE ET DIGNE.
Il est usé, fatigué, épuisé, il n’en peut plus ! Oh rassurez-vous, rien de grave, il est en pleine santé et garde toujours son sourire malicieux…Non, Pape Diouf souffre d’une maladie qu’il connaît bien « La médiatite ». C’est un mot qui n’est pas encore dans le dictionnaire mais qui signifie, répondre à toutes les télés, radios et journaux à tour de rôle, aux mêmes questions…
L’OM, L’OM, L’OM, Labrune, Dassier, Dreyfus, Anigo et tant d’autres « et c’est la même chanson », chantait Claude François. Et, manifestement, il en a ras la casquette l’ancien Pape de l’OM, président durant 5 ans de ce club si complexe mais tellement attachant, de devoir répéter les mêmes évidences 2 à 3 fois par jour.
Pape Diouf, dans son autobiographie, C’est bien plus qu’un jeu aux éditions Grasset décrit son club, les soucis, les coups bas mais également sa fierté d’avoir été écarté en laissant des comptes « nickel ». « Lorsque je suis arrivé, en 2005, j’ai trouvé un déficit de plus de 30 millions d’euros. En partant, j’ai laissé dans les caisses 40 millions d’euros. C’est une manière de partir en beauté.» Et d’ajouter, « Ce livre n’est pas un pamphlet, ni un règlement de compte.»
Bien sûr, nous pouvons le croire sur parole mais il suffit de lire son ouvrage pour en douter quelque peu, mais qu’importe ! Ce qui est essentiel et même vital pour cet homme profondément humaniste, ce sont les souvenirs de son enfance au Sénégal et surtout sa maman, cette merveilleuse femme qui a façonné sa vie, la vie d’un jeune homme qui a réalisé son rêve d’enfant, devenir journaliste. Il entre à La Marseillaise avec des mentors, Jean-Paul Delhoume, Michel Montana et tant d’autres…
Pape Diouf me fait penser depuis des années à Philippe Bouvard et à Barack Obama…Vous allez me dire, à juste titre, qu’ils ne jouent pas dans la même division, et pourtant, Bouvard a commencé comme coursier photo au Figaro à l’âge de 16 ans, un vrai autodidacte ; Obama est devenu le premier Président noir des États Unis. Des points communs surprenants…
Dans un tout autre domaine, Pape s’est façonné une carrière à la force du poignet. Il est à ce jour, le seul et unique président noir avoir été à la tête d’un grand club de foot en Europe, avec douceur mais avec détermination et un fort caractère. Agent de joueurs, président, il a toujours pensé qu’il était préférable d’être, bon, attentif et humain. Des qualités qu’il préfère au « fric » .
Il s’en défend, mais aujourd’hui, entrer en politique le démange, comme un chat qui cherche à attraper une mésange sur un arbre. Seulement voilà, Monsieur Diouf est pudique, il est prêt à s’investir en politique sous certaines conditions :« Que je ne sois pas entouré de braillards. Moi je suis pour une politique surtout sociale et plus humaine et pas celle des petites phrases pour la télé… »
En ce vendredi matin, autour d’une tasse de café à l’invitation de Marie Christine Lauriol, la présidente du CMC, Pape Diouf semblait ravi d’aborder d’autres sujets que L’OM. Le Mali : « L’intervention de la France est tout à fait légitime. Étouffer dans l’oeuf les actes barbares est un minimum. Il faut que ces pays africains puissent se développer pour empêcher l’extrémisme de prospérer sur la misère » ; Tapie : « Aux yeux des Marseillais, il est porteur d’enthousiasme, d’élan, d’allant… c’est une tornade, un tsunami, avec lui la vie n’est qu’un rapport de force. »
Pape Diouf est un homme de cœur, même ses détracteurs le reconnaissent et il est vraiment Marseillais sans oublier ses origines africaines. Saviez vous qu’ il ne manque jamais un match au Stade Vélodrome, il est abonné. De tous les anciens présidents de l’OM, il est le seul à retourner au stade, loin des loges dans lesquelles les VIP regardent le match à la télé, avec le champagne, et ne sortent le bout de leur nez sur la terrasse lorsqu’ils entendent une forte acclamation. Pape n’est plus au Conclave de l’OM mais il aime profondément cette ville et son club.