Marseille. Coupe du Monde de rugby – au Vélodrome, la France cartonne et perd Dupont

96-0 et 14 essais : opposés à la Namibie, les Bleus emmenés par leurs cadres n’ont pas fait dans le détail. Un match déséquilibré, comme un entraînement collectif sérieux dans les conditions du réel ; tellement réel, même, qu’un coup de tête a été fatal  à Dupont qui souffrirait d’une fracture du maxillaire et voit compromise sa participation à la suite de la compétition.

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46e minute : Johan Deysel ne retient pas son action et vient percuter le visage d’Antoine Dupont avec les conséquences qu’on sait. (Photo capture d’écran)

Donc, il était écrit que le duo magique Romain Ntamack -Antoine Dupont serait frappé de malédiction pour cette édition de la Coupe du Monde de rugby. Privé de son compère de charnière avant que ne débute la compétition, le demi de mêlée, meilleur joueur du monde il y a deux ans, a vu sa mâchoire fracassée par un coup de tête de Johan Deysel à la 46e minute. Une faute dans le jeu qui a valu un carton rouge au namibien après étude de l’action par le bunker et la sortie qu’on sait pour Antoine Dupont.

Oui, c’est un fait de jeu et non point une agression délibérée ! La faute d’un joueur qui n’est pas au niveau de ses adversaires et qui n’a pas la possibilité de se retenir. Les imbéciles qui se déchaînent sur les réseaux sociaux pour insulter et menacer Deysel ignorent peut-être qu’au rugby, il est impossible de jouer en compétition en levant le pied. L’engagement est nécessaire, pour la santé même des acteurs, et ce coup de tête fait partie du jeu dans le contexte de cette rencontre.

Alors non, les Italiens, les Irlandais ou les Sud-Africains n’ont pas payé Deysel pour éliminer Dupont et il y a fort à parier que le fautif doit ressasser à regrets régulièrement cette action !

Doit-on aussi incriminer Galthié ? Après coup, c’est toujours facile de faire porter un chapeau à quelqu’un qui a en charge le management total d’un effectif avec lequel il faut composer encore pendant quatre matchs (Italie, quart, demi et finale). Les beaux entraîneurs du café du commerce ont-ils toutes les données pour critiquer désormais le manager aux épaisses lunettes avec virulence, tout en sirotant un 51 ? La faute aurait pu se produire à la 5e minute, qu’aurait-on dit ? Qu’il ne fallait pas aligner Dupont ? Et si Galthié avait proposé à Dupont, à la pause, de céder sa place et que celui-ci ait dit: « Je veux jouer encore un peu » ? Et si la pression médiatique (ça existe) et « politique » (c’est possible) après la performance très moyenne de la semaine dernière face à l’Uruguay avait imposé de tout faire pour exploser les Namibiens avec les cadres ?

Pour l’heure Dupont fait toujours partie du groupe. Le reverra-t-on sur le terrain de la Coupe du Monde ?  La question reste en suspend. Le demi de mêlée a quitté hier ses coéquipiers pour prendre un avis médical complémentaire à Toulouse. Selon les spécialistes il y a deux cas de figure : soit le joueur souffre d’un trait de fracture ne nécessitant pas une intervention chirurgicale, soit c’est une fracture avec passage au bloc. Dans le premier cas, un retour est possible ; mais il y a fort peu de chance que ce soit pour le quart de finale dans trois semaines. Dans le deuxième cas l’arrêt devrait être plus conséquent.

Et maintenant ? Avec ou sans Dupont il va falloir tracer la route et, dans quinze jours, disposer d’une Italie qui a les dents qui rayent le parquet et qui, la semaine prochaine, jouera sa « finale » contre les Blacks. Victoire obligatoire pour les bleus qui peuvent se mordre les doigts de n’avoir pas pris le bonus face à l’Uruguay.

Quant au match contre la Namibie, il a quand même délivré quelques satisfactions : une immense prestation d’Ollivon, la confirmation du talent de Bielle-Biarrey auteur de deux essais et le triplé de Damian Penaud qui lui permet d’intégrer le podium des meilleurs marqueurs de l’histoire de l’équipe de France. Ce serait dommage de s’arrêter là, non ?

Michel EGEA

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