On a vu au Gymnase Patrick Bosso (presque) « sans accent » mais avec cœur

Publié le 27 décembre 2018 à  21h21 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h43

Patrick Bosso, un magnifique «pantin, paillasse, pitre» qui, comme dirait Guitry, sait dissiper nos tristesses et notre ennui. (Photo William Let)
Patrick Bosso, un magnifique «pantin, paillasse, pitre» qui, comme dirait Guitry, sait dissiper nos tristesses et notre ennui. (Photo William Let)
Une déferlante d’une hauteur égale à l’enthousiasme suscité. Comme chez lui, Patrick Bosso au théâtre du Gymnase de Marseille multiplie les pirouettes verbales, les déplacements scéniques, les clins d’œil au public et nous a présenté un nouveau spectacle qui intitulé ironiquement «Sans accent» montre qu’il n’a rien perdu de sa faconde provençale et surtout qu’il possède un cœur énorme. Largement autobiographique, (pour ne pas dire exclusivement) son nouveau one est une plongée dans ses souvenirs familiaux et professionnels qu’il égrène bonne humeur en bandoulière, charriant des mots colorés, chargés de tendresse pour ses parents, et pour ses amis. «J’ai redoublé le CE1 et le CM2, si bien qu’après je suis allé au collège en voiture», lance-t-il avant que de présenter le GPS marseillais qui explique: «Tournez à gauche, c’est sens interdit, mais on s’en bat les c… ». Éclats de rire général et hilarité redoublée lorsque l’ami Patrick raconte comment il participa au Marathon de New York avec son cousin. Jugé passablement maladroit «toi t’as deux mains gauches, le problème c’est que t’es droitier», lui décrochait-on enfant, Bosso s’en amuse et en joue, prouvant surtout qu’il est sur scène agile, bondissant virevoltant, donnant un rythme d’enfer aux scènes qui se succèdent sans temps mort. «C’est pas autorisé, mais c’est pas interdit », précise-t-il en guise de credo familial, imitant au passage Claude François qu’il vit en spectacle avec son père à la Salle Vallier. Lui qui fit un show pour les non-voyants (200 spectateurs et 400 avec les chiens), lui qui nous apprend que la surface de la peau d’un homme est de 2 mètres carrés environ, rappelle également qu’il prit de sérieux cours de théâtre et que son professeur pas du tout plaisantin s’appelait….Nils Arestrup. Ce même Arestrup qu’il retrouva sur scène dans «Acting» aux côtés de Kad Merad où il était le seul des trois à ne pas parler. Bosso muet ? Incroyable mais vrai, (il n’a qu’un mot à prononcer durant toute la pièce), s’affirmant alors comme un comédien très physique qui comme dans ses shows se sert de son corps comme un pensionnaire de la commedia dell’arte. Un humoriste, et un homme bien, un citoyen du monde, jugé par les «théâtreux» grincheux comme un «pitre, un paillasse, un pantin » et à qui l’on dira en reprenant les assertions de Guitry dans « Debureau », « ça ne fait rien, va laisse la gloire à ceux qui font pleurer, à ceux qui font sourire on ne dit pas merci, on n’honore jamais que les gens qui sont tristes»… Bosso sait écrire, construit des spectacles intelligents où les mots grossiers ne sont pas synonymes de vulgarité, il rend heureux. «Et ça vois-tu (toujours Guitry) c’est mieux que tout, c’est magnifique !! »
Jean-Rémi BARLAND

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