CCI Aix-Marseille Provence : création d’un réseau d’entreprises de plus de 100 ans sur le territoire

Publié le 30 octobre 2023 à  7h30 - Dernière mise à  jour le 2 novembre 2023 à  10h35

La CCI Aix-Marseille-Provence vient de lancer « Les Centaures », réseau des entreprises centenaires d’Aix-Marseille-Provence officiellement en présence d’une cinquante d’entre-elles.

Destimed Centaures CCIAMP
Lancement à la CCIAMP des Centaures », réseau des entreprises centenaires d’Aix-Marseille-Provence © CCIAMP

Annonçant ce lancement Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP devait souligner l’importance de cette initiative : « Les entreprises centenaires ont su traverser des crises et aborder le XXIe siècle en situation d’innovation et de performance. Ces singulières aventures humaines illustrent leurs capacités à inscrire l’esprit d’entreprendre dans la durée, à être agiles et résilientes tout en restant fidèles à leurs racines sur le territoire Aix-Marseille-Provence ». Soirée lors de laquelle nombre de ces entreprises ont pu montrer leur vitalité et donner quelques recettes sur cette longévité malgré les crises. Dans le même temps Patrick Boulanger, historien de l’Académie de Marseille, a dressé un tableau de ces entreprises et a rappelé le contexte dans lequel elles ont vu le jour.

« Les Centaures du territoire »

Jean-Luc Chauvin explique le choix du riality lab, espace d’expérimentation des usages liés à l’Intelligence Artificielle, situé dans la chambre pour ce lancement : « Nous sommes dans la plus vieille Chambre de commerce et d’industrie au monde et dans un espace tourné vers l’avenir, un lieu d’innovation ce qui vous correspond ». Il dévoile : « Nous avons trouvé 82 entreprises qui sont plus que centenaires et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Mais on peut déjà dire que ces entreprises, dans le Département, représentent 10 700 emplois, 1,74 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 5% du PIB départemental. Un fort impact sur le territoire et une grande diversité d’activités de l’artisanat, des marchés de niche, des commerçants, des savonniers, des producteurs de calissons, des agriculteurs, des Scop, des leaders mondiaux comme le groupe Onet ». Concernant ce réseau, il précise:  : « A vous de l’organiser comme vous l’entendez en sachant que vous pouvez donner des idées à d’autres pour se développer, pour durer. Sachez que nous sommes très fiers de votre agilité, de votre audace, fiers de vous compter parmi les ambassadeurs de ce territoire». Et de proposer la création d’un label et un logo  «Les centaures du territoire» qui seront accompagnés d’une phrase : « Le passé en référence, le futur en excellence ».

« Jamais s’endormir sur ses lauriers »

S’il en est qui ont découvert la recette du succès c’est bien le Four des navettes, rue Sainte, à proximité de l’abbaye Saint-Victor, qui a vu le jour en 1781 et à la tête duquel seulement trois familles se sont succédé. Il est aujourd’hui dirigé par Nicolas Imbert qui dévoile : « Aujourd’hui nos clients ne cessent de nous dire qu’il ne faut rien changer aux navettes et nous les écoutons ». Le secret de la durée réside pour lui notamment  : «Dans l’humilité de celui qui reprend face à l’ancien gérant et dans l’intelligence de celui qui transmet et fait confiance à son successeur. Ensuite il ne faut jamais s’endormir sur ses lauriers car rien n’est jamais gagné ».

Bernard Milhe de Milhe et Avons, explique : « Nous sommes fabriquant, fournisseur et distributeur de sacs d’emballages personnalisés depuis 1876. C’est la cinquième génération qui est aujourd’hui à la tête de l’entreprise créée par Françoise Milhe. C’était à l’origine une imprimerie (journaux en particulier). A la suite de difficultés dans ce domaine, l’Entreprise se reconvertit : il apparaît que les invendus du papier journal peuvent servir à emballer les fruits sur les marchés…, d’où une réorientation vers l’industrie du papier. À la génération suivante, Antoine, le fils des créateurs de l’Entreprise s’associe avec un de ses amis : Auguste Avons, et chacun des deux ayant épousé la sœur de l’autre, les deux familles donnent à l’Entreprise le nom de Milhe et Avons. La branche Avons étant restée sans descendant, c’est désormais la famille Milhe qui dirige et en détient les actions». Toujours Marseillais, poursuit-il:  « Nous travaillons aujourd’hui de Perpignan, à Nice.» La recette pour durer ? Il signale: « On ne cherche pas d’expansion à 200%. L’essentiel est dans la durée en s’appuyant sur la famille, le travail, la ténacité et en s’appuyant sur l’association des salariés avec la famille qui, par le biais de la participation, ont bénéficié cette année de l’équivalent de trois mois de salaire en plus ».

« Le plus ancien constructeur d’avions au monde encore en activité »

Estelle Roux évoque Daher : « Nous sommes le plus ancien constructeur d’avions au monde encore en activité. L’entreprise a été fondée par Paul Daher dont la famille était originaire d’Alep et s’est fortement développée sur les 30 dernières années. Nous sommes maintenant présents sur divers sites, en France, mais aussi aux États-Unis, en Espagne et notre ambition est toujours la-même : libérer le potentiel de celles et ceux qui font avancer le monde et nous avons un lien très fort avec nos territoires sachant que Marseille reste notre berceau.» Quant aux secrets pour durer, Estelle Roux  insiste:  « Rester une entreprise familiale et, depuis 160 ans, innover sans cesse  pour répondre aux défis des époques traversées ». Ainsi, pour relever concrètement le défi d’une aviation plus verte, Daher s’est doté de trois centres d’innovation : Shap’in, pour la conception de structures aéronautiques plus légères, plus performantes et recyclables ; Log’in, pour diminuer l’empreinte environnementale de la logistique industrielle et Fly’in, dédié à l’avion hybride et décarboné de demain.

«On joue aux boules depuis les Grecs dans la cité phocéenne »

Hervé Rofritsch vient parler avec talent et passion de La Boule Bleue qui a vu le jour en 1904 à Marseille. «On joue aux boules depuis les Grecs dans la cité phocéenne puisque ces derniers sont venus avec des boules en pierre. Le fondateur Félix, capitaine au long cours qui a refusé de rejoindre l’Alsace annexée par les Allemands s’installe à Marseille où il ouvre un commerce dans lequel il vend notamment des boules en bois cloutées qu’il fabrique lui-même», raconte-t-il avant de préciser que « la durée pour nous s’inscrit dans le savoir-faire, la passion du métier, le mix entre tradition et modernité car il faut suivre les évolutions tout autant techniques que sociales ». Et de dire tout l’intérêt qu’il porte à la création de ce réseau, à la création d’un sigle des entreprises centenaires et propose qu’une exposition soit organisée présentant le savoir-faire de chacun.

« Plus de 300 clients et autant de références que de clients »

Jean-Claude Bagnis, de Giraudon et fils, rappelle : « Depuis 1890, nous fournissons les professionnels de l’industrie agro-alimentaire, confiseurs, chocolatiers, glaciers, les aromaticiens, les laboratoires pharmaceutiques et chimiques, les artisans, les distributeurs pour Boulangeries-pâtisseries , les magasins bio et les commerces indépendants… » Il explique  : « Nous avons dû partir des Catalans, contraints et forcés en 2009. Nous sommes allés à Vitrolles avant de nous installer à Gémenos en 2016 mais nous sommes toujours une famille marseillaise et notre sucre est toujours Français. Pour durer nous avons respecté nos anciens et nos clients tout en innovant, en inventant de nouveaux produits et de nouveaux emballages. Notre zone de diffusion va de Menton à Montpellier et monte jusqu’à Lyon. Nous avons plus de 300 clients et autant de références que de clients ».

Francis Tavernier du Cellier d’Éguilles indique : « Je suis la troisième génération de coopérateurs, dans ma famille on à la coopération chevillée au cœur et au corps. C’est mon grand-père qui a fondé la cave et nos secrets pour durer réside dans la passion et dans la transmission aux nouvelles générations qui permet d’évoluer ». Il évoque : « La conversion à la norme Haute Valeur Environnementale, augmentation des surfaces « bio », plantation de cépages naturellement résistants aux maladies les plus courantes : le Cellier d’Éguilles s’engage depuis plusieurs années dans le développement de pratiques écologiquement vertueuses.»

« Avoir des objectifs à long terme »

Émilie de Lombares, présidente du Directoire de Onet signale : « Nous sommes un groupe de services dont le siège emploie plus de 450 personnes  ici ». Elle considère: « Il faut avoir des objectifs à long terme c’est le meilleur moyen d’arriver là où on voulait ». Regardant les entreprises centenaires du territoire elle note : «Beaucoup d’entre nous sommes des entreprises familiales et nous nous posons souvent la question de savoir si nous sommes les meilleurs actionnaires. La réponse est claire : si nous sommes bloquants nous devons ouvrir mais nous encourageons à rester des entreprises familiales ce qui impose de l’humilité. Chez Onet nous en sommes à la 7e génération».

Didier Abric, dirigeant de Atec Aubagne et de la menuiserie Vincent à Carpentras, membre associé de la CCIAMP indique : « Ce réseau sera ce que vous voudrez qu’il soit. Nous, nous pouvons vous servir de centre ressources, peut-être faudrait-il que le réseau implique vos cadres, peut-être serait-il pertinent de travailler avec de jeunes entreprises. Définissez le rythme de rencontre entre vous, il en faudrait 3 ou 4 par an pour que les liens ne se distendent pas ».

Patrick Boulanger, historien, a été le Conservateur du Patrimoine à la Chambre de Commerce et d’Industrie, membre de l’Académie des sciences, lettres, il raconte nombre d’histoires avant de lancer :« Il serait temps de collecter les témoignages de vos entreprises, des photographies, des pubs, des emballages… Autant d’utiles retours vers le passé pour mesurer les évolutions. Et point question de nostalgie. Il s’agit d’apprendre, de construire l’avenir ».

Michel CAIRE

 

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