Quatre lycées de quatre villes différentes étaient réunis ce 17 octobre à La Cité du Livre d’Aix-en-Provence pour la journée aixoise du Goncourt des Lycéens placée sous l’égide de la Fnac, de la Ville et de l’Académie Goncourt.
«Un roman ce n’est pas simplement une écriture, c’est aussi une expérience de vie». D’emblée en ouverture de cette journée du Goncourt des Lycéens à Aix, Paule Constant, représentant ici ses collègues de la prestigieuse Académie, donne le ton des débats à venir. Il s’agira de confronter chaque œuvre sélectionnée à son parcours de création, les échanges entre lycéens et auteurs se faisant chaleureux, très érudits -on voit qu’il y a eu de vraies lectures ce qui apporte un démenti à ceux qui affirment que les jeunes se désintéressent du livre-, et les questions posées se voulant des invitations à évoquer la naissance d’un ouvrage, ce qu’il a changé pour son signataire ainsi que pour celui qui l’a reçu. Touchés par le fait que l’on puisse parler avec des écrivains vivants, -«on travaille d’habitude avant tout sur des écrivains morts», signale cette élève cannoise- «c’est formidable de voir des auteurs en chair et en os et leur faire préciser un point ou deux. » Joé de Gap insistant sur le fait que «c’est très enrichissant d’avoir leur vision de ce qu’ils ont écrit».
Un Prix qui existe depuis 36 ans
Prix qui existe depuis trente-six ans, le Goncourt des Lycéens créé par une libraire de la Fnac de Rennes est soutenu aujourd’hui par le ministère de l’Éducation Nationale et bien sûr coordonné par la Fnac présente à Aix en la personne d’Alexandra Redin, chargée des relations presse pour la Fnac, de Sophie Queval, chargée de programmation culturelle, pour la Fnac sur la région Marseille, d’Estelle Flavet, action culturelle fnac. Avec l’investissement personnel de la Mairie d’Aix la présence aussi de librairies de la Fnac d’Aix, ville qui ouvrait donc ses portes à la manifestation. Impressionnés les lycéens le furent par l’aisance avec laquelle Akira (prononcez Akila) Mizubayashi s’exprima en français lui qui d’origine japonaise apprit notre langue qu’à l’âge de 17 ans. Son expression parfaite, sa syntaxe incroyable, son style finalement hors normes autant à l’oral qu’à l’écrit furent salués par des lycéens conquis. Tous les auteurs ont joué le jeu répondant aux interrogations des uns et des autres après qu’une lecture d’une minute de chaque ouvrage d’un auteur soit effectuée par un ou une lycéenne avant chaque plateau de débat.
12 auteurs invités pour 4 lycées de la région
Quatre lycées étaient représentés : Le Lycée polyvalent Les Fauvettes de Cannes. Le Lycée général et technologique Dominique Villars de Gap. Le Lycée professionnel Golf-Hôtel de Hyères, et le Lycée polyvalent Nelson Mandela de Marseille.
Trois groupes de quatre écrivains se succédèrent. D’abord Akira Mizuyabashi «Suite inoubliable», Jean-Baptiste Andréa «Veiller sur elle », Léonor de Récondo «Le grand feu », » et Vincent Delecroix « Naufrage ».
Vinrent ensuite Émilie Frèche : « Les amants du Lutétia », Mokhtar Amoudi « Les conditions idéales», Eric Reinhardt «Sarah, Suzanne et l’écrivain» et Dorothée Janin «La révolte des filles perdues».
Le dernier moment d’échange se faisant autour de Dominique Barbéris «Une façon d’aimer», Laure Murat « Proust, roman familial », Antoine Sénanque «Croix de cendre» et Gaspard Koenig « Humus ».
« Comment avez-vous eu l’idée de ce livre ?», « Qu’avez-vous mis de votre existence dans votre personnage ?», «Ce roman vous a-t-il transformé ? » furent les interrogations principales sur plateau et au moment des dédicaces. Quant à savoir quels romans les lycéens ont préférés, ce fut extrêmement divers. Pour Corentin de Hyères c’est celui de Dorothée Janiin pour la force de l’histoire. Idir du même lycée privilégie « Suite inoubliable» pour sa passion de la musique car il fait du piano, tandis que sa camarade de classe Enola de choisir « Triste Tigre »de Neige Sinno qui n’était pas présente à Aix mais qui est fort prisée des lecteurs de toutes les villes. Au lycée Dominique Villars de Gap emmené par sa professeure Madame Michel et Karen Bataille sa documentaliste le choix s’est porté pour Joé comme pour Anastasia sur « Croix de cendre » dont ils saluèrent le côté roman d’aventures, Adélaïde trouvant « « Veiller sur elle », un super livre !», Karell sur le même ouvrage notant son côté romantique. Arnaud et Tiago se démarquant citant «Que notre joie demeure» du Québécois Kevin Lambert pour le portrait de l’incroyable architecte, personnage féminin central du roman. Au lycée Nelson Mandela surgissent du vote des lycéens : « Le grand feu » dont l’histoire a passionné Elena, « Naufrage » qui a bouleversé Alicia qui a trouvé le travail sur la psychologie intéressant, Melvin ayant beaucoup aimé «L’échiquier» de Toussaint, et Mira de Cannes préférant « Les amants du Lutétia » pour d’abord sa puissante couverture et son histoire bouleversante.
Bien malin après tout cela, alors que beaucoup de lycéens citent Mokhtar Amoudi, de faire un pronostic final. Au regard de la qualité des romans en lice…le suspense quant au lauréat 2023 demeure total et Aix un lieu d’échange et de partage. Qui peut dire encore que toute la jeunesse se détourne de la littérature ?
Jean-Rémi BARLAND