Publié le 5 janvier 2019 à 11h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h43
Ambiance festive au Grand Théâtre de Provence (GTP) pour ce début d’année, avec un concert du Nouvel an dirigé par Emmanuel Krivine placé à la tête de l’Orchestre national de France. Foule considérable, un chef détendu, n’hésitant pas à plaisanter en direction du public, un programme bien dans l’esprit, à l’image de ceux proposés en Autriche le 1er janvier (cette année c’était Christian Thielmann qui officiait), c’était Vienne en Provence. Avec bien entendu, des valses signées Joseph Strauss -une polka rapide où, tradition oblige, les spectateurs entendaient les fameux «ha ha ha ha» venant de l’orchestre-, Johann Strauss (la Valse de l’Empereur), sans oublier d’en offrir une en dernier rappel, juste après une valse tirée de «La veuve joyeuse» de Franz Lehar. Emmanuel Krivine étant très à son aise, soigne la mise en scène sonore faisant détacher distinctement les sons de chaque pupitre. Ce qui ne sera pas tout à fait le cas en début de concert avec un «Casse-Noisette» de Tchaïkovski manquant un peu de couleurs dans les premiers mouvements. S’éloignant de la musique viennoise, mais pas de sa teneur heureuse, le programme se centrait aussi sur des morceaux de Gershwin, donnés avec des résultats plus ou moins heureux. Notamment dans les airs choisis tirés de «Porgy and Bess» où la soprano Measha Brueggergosman voyait sa voix couverte quelque peu par l’orchestre, peinant au début, pour finir de manière superbe sur les deux derniers extraits. On notera cependant la générosité avec laquelle cette chanteuse canadienne interpréta chaque morceau. Et l’incroyable énergie avec laquelle elle a séduit le public. Le meilleur du concert étant le bel envol que prit l’orchestre sur «Un Américain à Paris», le chef-d’œuvre de Gershwin immortalisé par les directions successives et géniales de Léonard Bernstein, qui fut le plus Viennois des chefs américains. Bondissant sur la scène emmenant ses musiciens au sommet, Emmanuel Krivine fit alors des merveilles.
Jean-Rémi BARLAND