Habitat indigne – Effondrement d’immeubles à Marseille : la Fondation Abbé Pierre se porte partie civile

Publié le 9 janvier 2019 à  23h46 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h44

Deux mois après le drame de Marseille, où huit personnes ont perdu la vie dans l’effondrement d’immeubles vétustes rue d’Aubagne, la fondation Abbé Pierre a décidé de se porter partie civile dans l’information judiciaire lancée contre X, a annoncé, ce mercredi 9 janvier 2019, son délégué général Christophe Robert.

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

«Cela fait 25 ans que la Fondation soutient des ménages confrontés à de l’habitat indigne et insalubre», rappelle Christophe Robert, évoquant «l’enjeu majeur autour de la lutte contre l’habitat indigne en France». Considérant que «ce qui s’est passé à Marseille est une catastrophe innommable. C’est pour nous un acte politique mais aussi un acte de soutien aux familles des victimes, à ceux qui sont aujourd’hui déplacés de leur logement à Marseille et qui ne savent pas où ils vont retrouver une solution de logement.» Et pour avancer, la Fondation annonce qu’elle va se mobiliser, dans les années à venir, avec un avocat pénaliste, Me Daoud. «On est dans une situation de crise majeure, il faut des réponses en urgence», lance Christophe Robert directeur général de la Fondation Abbé Pierre. Sur son site, la fondation réclame auprès du gouvernement «un ambitieux plan national de lutte contre l’habitat indigne», avec notamment des objectifs quantitatifs et qualitatifs demandés aux territoires, assortis d’obligations de résultats. Selon l’association, ce sont 60 000 logements qui doivent être rénovés chaque année pendant dix ans. «Les estimations du parc qu’on qualifie de « potentiellement indigne », c’est à peu près 600 000 logements. Aujourd’hui on arrive à intervenir sur une quinzaine de milliers de logements, les bonnes années. Il faut accélérer. On a des outils coercitifs, incitatifs», explique Christophe Robert qui souhaite «un sursaut collectif national». Précisant: «Il y a beaucoup de collectivités locales qui ne font pas grand chose ou ne font rien, parce qu’elles ne savent pas, ou ne veulent pas se coller au problème». Raison pour laquelle pour laquelle la fondation réclame «un plan national porté par le gouvernement», pour «inciter, encourager», mais surtout, si les collectivités n’agissent pas, «se substituer ou leur tordre le bras».

La lutte contre l’habitat indigne érigée en Grande Cause Nationale

Arlette Fructus, adjointe au maire de Marseille, en charge du Logement, de la Politique de la Ville et de la Rénovation Urbaine déclare dans un communiqué : «En se portant partie civile aux côtés des sinistrés à la suite du drame de la rue d’Aubagne, la fondation Abbé Pierre, avec qui j’ai l’habitude de travailler très régulièrement sur le thème de l’habitat, est tout à fait dans son rôle. Il est naturel que cette fondation, particulièrement vigilante sur la problématique de l’habitat indigne s’implique davantage face à ce drame. Je souscris pleinement aux propos de son dirigeant, Christophe Robert, ainsi qu’à ceux de Florent Houdmon, son directeur régional, qui, comme je l’ai proposé lors du dernier Conseil municipal, ambitionnent de mobiliser toutes les collectivités territoriales et toutes les politiques publiques afin de répondre le plus rapidement et le plus efficacement possible aux besoins nécessaires dans la lutte contre le mal-logement. Mais, face à la multiplication de ces interlocuteurs, le sujet reste complexe. En effet, la politique de lutte contre l’habitat indigne implique un ensemble d’acteurs et d’intervenants : la Ville, l’État, la Région, le Département, la Métropole… mais aussi le Parquet, les magistrats, l’Agence Régionale de la Santé, les agences nationales de rénovation urbaine et d’amélioration de l’habitat, l’établissement public foncier régional, les directions centrales des ministères concernés, les syndics de copropriété… Et, en premier lieu, les propriétaires. C’est pourquoi j’ai appelé à une révolution administrative et juridique et à la création d’une juridiction spécialisée, afin de simplifier et d’optimiser les initiatives de l’action publique. Il est primordial que la lutte contre l’habitat indigne soit érigée en Grande Cause Nationale.»
P.M.-C.

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