Le général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre était à Marseille, première étape d’une visite en province pour présenter les évolutions de l’Armée de Terre.
Dans un contexte de crises internationales, de ruptures technologiques, de réarmement et de contestation explicite des principes du droit international, l’Armée de Terre se modernise dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030 « qui est le résultat d’un intense travail au sein du ministère des Armées puis dans les Assemblées», est-il rappelé.
Le texte 2024-2030 prévoit une enveloppe de 413,3 milliards d’euros pour les armées sur sept ans. Ce qui représente 118 milliards d’euros supplémentaires et une hausse de 40 % par rapport à la loi de programmation militaire précédente.
En matière de matériels, le général d’armée Pierre Schill évoque le programme Scorpion qui vise à renouveler et moderniser les capacités de combat « au contact » de l’armée de Terre autour de nouvelles plateformes et d’un système d’information de combat unique. Au-delà de la technique, il indique : « Cette loi est l’occasion de modifier notre organisation afin d’être plus réactif». « Elle entraîne aussi, poursuit-il, une réforme du fonctionnement interne pour plus de déconcentration, de simplification pour se rapprocher du fonctionnement en opération ». Une évolution notable, selon le général, « qui doit être partagée afin d’ être efficiente, raison pour laquelle après Marseille je me rends à Lyon, Rennes, Toulouse, Lille et Metz sachant que les responsables de l’Armée de terre sont déjà venus à Paris.»
A Marseille étaient réunies les autorités militaires de la zone Sud – de Nice à Toulouse et des unités de Lyon- « pour discuter, regarder les déclinaisons locales, avoir des remontées », explique-t-il avant de préciser que « des équipements modernes vont continuer d’arriver et des unités vont être relocalisées, de 100 à 200 personnes, et la création d’un bataillon en appui de la 3e division ».
« Prévenir les conflits et défendre les intérêts de la France et de l’Europe »
Le général Pierre Schill revient sur les objectifs de l’Armée de Terre. Le premier est de protéger le territoire national : « C’est l’opération Sentinelle, la contribution à la lutte contre l’immigration clandestine, la lutte contre les feux de forêts et les catastrophes naturelles. Ou, comme à Mayotte, la livraison d’eau ». Par ailleurs, dans une volonté de renforcer le lien entre l’Armée et la Nation, «le nombre de réservistes va être doublé dans les années à venir», annonce-t-il. Insiste sur un autre grand domaine , celui de la défense collective de l’Europe. «L’enjeu est d’être crédible auprès de nos alliés pour contribuer à l’appui de l’Ukraine ». Puis d’en venir à un troisième espace, l’Afrique, le Proche et le Moyen-Orient, le Pacifique : « Il faut prévenir les conflits et défendre les intérêts de la France et de l’Europe. »
« Deux tiers des membres de l’armée sont des contractuels »
Il est aussi question du bien-être des soldats : « Nous avons la volonté d’améliorer l’hébergement de nos soldats. Il faut savoir que 2/3 des membres de l’armée sont des contractuels. Nous leur devons le logement et nous avons une provision de 200 millions d’euros pour cela dans la zone Sud, Cette zone s’étend sur trois régions administratives : Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, soit 21 départements. Nous avons un partenariat sur 25 ans avec Eiffage pour des réhabilitations et des constructions». De même un plan familles permet aux familles de s’implanter. « Il prend en compte le logement la situation du conjoint, établissement scolaire pour les enfants… ». L’armée de terre entend ainsi améliorer un système « qui marche»: « Nous sommes une des seules armées européennes à disposer de l’ensemble des effectifs programmés. Et nous entendons maintenir ce niveau alors que le taux de chômage baisse dans le pays ».
« Il nous faut aussi monter en gamme »
Le général poursuit : « Il nous faut aussi monter en gamme sachant que les drones, la guerre électronique, le renseignement deviennent des réalités de plus en plus grandes. Pour s’adapter à ces évolutions nous avons besoin d’un encadrement renforcé tout en gardant notre esprit, notre cohésion. Nous avons une armée taillée pour répondre aux besoins de l’intérieur comme de l’extérieur mais nous avons besoin de plus de modernité, de puissance et de réactivité ». Il précise : « Nous avons une armée de terre qui dispose d’un modèle complet c’est-à-dire que la France, et c’est sa volonté depuis de longues années, dispose de la dissuasion nucléaire, de l’autonomie stratégique – nous savons par nous-même et d’une autonomie d’action ». Et, en matière de coopération, le général Schill cite le président de la République : « La France est une puissance d’équilibre et d’entraînement ».
En matière d’équipements compétitifs, il indique: « La France a fait un effort pour avoir une base industrielle de défense forte, compétitive. Maintenant l’enjeu est double : il faut d’une part être aussi rapide que les évolutions et les ruptures technologiques et, d’autre part s’inscrire dans une logique de coopération avec d’autres partenaires car si on ne fabrique que pour l’armée française cela ne serait pas soutenable ».
Le général d’armée Pierre Schill conclura son intervention en expliquant: «Notre armée doit intervenir dans les conditions les plus rustiques jusqu’à un engagement face à une armée identique à la nôtre. Nous devons tenir cet équilibre et c’est ce que nous faisons: c’est l’homme, la femme, l’esprit guerrier et, à côté, le geek travaillant sur l’influence des messages».
Michel CAIRE