Elles se définissent comme activistes. Elles sont avocates, entrepreneure dans le sociale ou chargée de la jeunesse. Toutes sont reconnues pour leur combat en faveur des droits de la femme. Dans le cadre d’une invitation du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, elles participent à diverses rencontres notamment à Marseille.
Des actrices incontournables du changement
Les femmes sont les actrices incontournables du changement en Afrique. Par petites touches elles font évoluer des sociétés trop souvent patriarcales où la femme est reléguée au second rang. Mais les choses changent même s’il y a encore beaucoup à faire constatent ces cinq activistes venues majoritairement de l’Afrique subsaharienne.
« On ne naît pas activiste, on le devient »
Pour Lizidoria Mendy, avocate et ambassadrice de la paix en Guinée Bissau, on ne naît pas activiste. On le devient. « Ce sont les circonstances qui vous poussent à agir. Dans notre pays le pouvoir économique et politique était confisqué par les hommes jusqu’au milieu des années 90. Les choses ont évolué depuis, on a des organisations qui protègent la jeunesse et les femmes. On a des projets, que je coordonne, qui visent à l’autonomie des femmes en matière économique et à une participation à la vie politique. Donc les choses changent ». Mais il reste encore de nombreux défis selon l’avocate. « On a des situations qui compliquent nos réalisations notamment l’égalité de genre. Quand on veut un changement c’est toujours très long. Il y a toujours un long process. Le problème de l’égalité homme femme demeure comme dans de nombreux pays ».
Les droits des femmes évoluent
En République Démocratique du Congo le partage du pouvoir entre homme et femme n’est pas encore d’actualité mais on y tend selon Eliane Mbalo Libubi, avocate au barreau de Kinshasa. « Dans les deux derniers gouvernements on notait 30% de femmes dans les ministères, nous en avons même une à la banque centrale ». Pour cette avocate si le pays veut connaître une réelle amélioration il faut un travail complémentaire. « Ce n’est pas seulement la femme qui doit lutter seule mais l’homme doit aussi l’accompagner pour que cette parité soit beaucoup plus effective dans les domaines social et économique. On parle toujours de parité politique et on oublie ces deux secteurs qui permettent au pays de se développer. Nous voyons des femmes dans de petites activités génératrices de revenus mais nous voulons avoir des femmes qui soient de grands entrepreneurs pour que l’économie soient plus forte. Nous avons tout un arsenal juridique mais c’est long à appliquer. Avec les actions de la société civile cela se met quand même en place progressivement ».
La France source d’inspiration
En Tanzanie aussi la présence des femmes en politique s’est accentuée. « Nous avons une femme à la tête de l’État. C’est la seule femme en Afrique », mentionne fièrement Gertrude Dyabene, avocate spécialisée dans les droits des femmes. « Le parlement compte aussi un tiers de femmes. Nous n’en avions que 4% dans les années 80 ». Mais il y a encore beaucoup de défis à relever. « Les adolescentes qui étaient enceintes ne pouvaient pas reprendre l’école après avoir accouché. Après un long combat de la société civile et des associations le gouvernement a fini par valider le droit à ces jeunes filles de reprendre les cours ». Cette visite en France est aussi l’occasion de voir ce qui se fait en matière de protection des femmes contre les violences conjugales. « Le bracelet d’alerte, les refuges pour les femmes victimes de violences que nous avons vus à Marseille sont des éléments que je vais prendre en compte et tenter de faire appliquer en Tanzanie. Trop souvent les féminicides sont dus au fait que la femme victime de violences doit continuer à vivre sous le même toit que son agresseur. Ici elle est protégée pendant le temps de l’instruction ».
Au-delà des exemples recueillis en France ces activistes, qui ne se connaissaient pas avant cette rencontre en France, ont surtout pu échanger, comparer l’évolution de leur pays. « Cela va nous permettre de faire du réseautage », déclarent-elles. Et si la femme était l’avenir du continent africain…
Reportage Joël Barcy