Publié le 30 janvier 2019 à 20h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h47
Clap de fin sur «Dynastie Liszt», mardi soir, au Grand Théâtre de Provence avec le troisième et dernier concert d’une «mini» tournée débutée à Paris, à la Seine Musicale, qui s’est poursuivie à Bâle avant d’accoster sur les rives du cours Mirabeau. L’occasion pour Laurence Equilbey de proposer un programme en forme de découverte(s) à une majorité de ses aficionados venus en nombre à Aix-en-Provence où plus une place n’était disponible aux fauteuils d’orchestre. Il faut dire qu’avec son excellent Insula Orchestra, la directrice musicale avait demandé à Nicholas Angelich d’être de la fête pour magnifier Liszt après une expérience Beethoven des plus réussies l’an dernier; même en matière de musique, on ne change pas une équipe qui gagne et c’est tant mieux. La première découverte proposée était le poème symphonique pour piano et orchestre «Fantaisie sur les ruines d’Athènes» composé par Franz Liszt d’après un thème des «Ruines d’Athènes» de Beethoven. Un monument de romantisme et de finesse, lumineux dialogue passionné et passionnant, sans emphase, entre le piano et l’orchestre parfaitement servi par la technique sans faille de Nicholas Angelich et le son si particulier du Pleyel de 1892 joué pour l’occasion. Un son en adéquation avec celui de Insula Orchestra, cordes souples et soyeuses, vents précis et précieux, qualités dont profite amplement Laurence Equilbey, avec ou sans baguette, qui livre une lecture délectable de ces pages riches en sentiments et en émotions. Pour le «Concerto pour piano N° 1», le duo Angelich-Equilbey trouve un idéal terrain d’entente, le premier ayant toute latitude pour laisser s’exprimer sa sensualité, sa vivacité et sa vélocité, la directrice musicale, insufflant, quant à elle, la vie et les couleurs à un orchestre attentionné et précis. Après l’entracte, c’est à une autre découverte, et non des moindres, que nous étions conviés, celle de «A la Chapelle Sixtine», un arrangement du «Miserere» d’Allegri et de l’«Ave verum corpus» de Mozart. Ici aussi, Laurence Equilbey fait preuve de sensibilité, de rondeur pour livrer une direction dont la plénitude n’est pas la moindre des qualités. Un beau moment de musique servi par des instrumentistes très en forme à tous les pupitres. En appréciant le son des cuivres, précis et directs, on a eu hâte de retrouver les mêmes dans quelques semaines pour l’interprétation du «Freischütz», l’opéra de Carl Maria von Weber, immense partition romantique, elle aussi. Pour terminer cette soirée, avant un bis en forme de «Marche Turque» de Beethoven, c’est «Préludes», l’un des poèmes symphoniques de Liszt qui était au programme et dont l’interprétation fut de la même veine que les pièces jouées précédemment. Une soirée qui restera dans les mémoires.
Michel EGEA