Nul ne pourra dire qu’en matière d’Intelligence Économique l’Association de criminologie du bassin méditerranéen (ACBM) ne connaît pas la musique. Elle vient de le prouver avec brio en organisant une soirée, à Velaux (13), Espace Nova, sur le thème
Dominique Ciravegna, le vice-président de l’association ACBM avoue : « Il s’agit d’une soirée décalée pour nous. Pour mesurer à quel point c’est le cas il suffit de savoir que notre précédente manifestation avait pour objet l’impact du vol de matériel de chantier ». Il explique : « Nous véhiculons des éléments liés à l’Intelligence Economique et Stratégique. Une intelligence économique qui est une notion complexe et multidimensionnelle qui s’appuie sur trois piliers: la veille, la protection et l’influence. Et qui pourra nier que la musique, les chansons, nous influencent . D’ailleurs, poursuit-il : «L’art réunit ce qui est épars » avant d’ajouter: « Il n’y a que deux événements qui permettent de réunir autant de monde : le sport et les concerts. Autant de monde et des publics très divers. Ce soir, la plus jeune à 10 ans, le plus âgé 85 ans et vient de Lituanie. Quelle probabilité avaient-ils de se rencontrer en dehors de la musique ? ».
Dominique Ciravegna rappelle que « la musique a un impact économique en faisant vivre des radios, des techniciens, des musiciens, des chanteurs… Elle a une influence géopolitique certaine comme on peut le voir avec le concours de l’Eurovision ou quand, dans un tout autre genre, Le 11 novembre 1989, Mstislav Rostropovitch célèbre la chute du mur de Berlin en improvisant un récital sur place. Une chanson qui est là comme un baume sur des blessures vives quand Paul Simon interprète, à Round Zero, Sound of silence en hommage aux victimes du 11 septembre.»
L’impact de la chanson a pu se mesurer tout au long de la soirée avec les interprétations du groupe d’Angélique et Sébastien qui ont su entraîner, unir, faire vibrer le public de « Bella Ciao », hymne de la résistance italienne, à Sunday, bloody Sunday. Cette chanson de U2 dont Bono devait expliquer qu’elle exprimait son dégoût d’une guerre sans fin. Chanson écrite à la suite du dramatique bloody Sunday du 30 janvier 1972 où l’armée britannique tire sur une marche pacifique à LondonDerry pour réclamer l’égalité des droits entre catholiques et protestants. On reste en Irlande avec un autre appel à la Paix, celui du groupe The Cranberries. La dimension sociale est aussi présente avec « Antisocial » de Trust, créé en 1980 toujours présent dans les manifestations. La chanson a aussi fait évoluer les mentalités, la société. Pour s’en prouver il suffit d’écouter « Comme ils disent ». En 1972 Charles Aznavour chante, à la première personne la vie d’un homosexuel. Puis, en 1985 Indochine chante le troisième sexe. Démarche forte aussi que celle d’Aretha Franklin qui, en 1967 reprend, détourne, Respect créé en 1965 par Otis Redding. Dans cette version un homme clame son besoin de respect de la part de sa femme, respect qui lui est dû puisqu’il apporte l’argent au foyer… Aretha Franklin en fait un hymne féministe en mettant ces mots dans la bouche d’une femme forte et énergique. Avec Earth Song, Michael Jackson veut, en 1995, faire entendre la voix de la planète. Il aborde le thème de l’environnement, de la guerre, la pollution, la déforestation et la cruauté envers les animaux. Hélas Trump n’a visiblement pas l’oreille musicale… Contrairement au public de Velaux qui a vécu avec tout autant de plaisir que d’intérêt cette soirée.
Et, enfin, qui pourra dire sur ce territoire d’Aix-Marseille Métropole, qu’une chanson, La Marseillaise en l’occurrence, n’a pas influé sur l’Histoire… et généré des débats vifs lorsque Gainsbourg en fait une version reggae.
Michel CAIRE