Renaud Muselier, président de la Région Sud parle de « féminicide politique » en évoquant la démission de Michèle Rubirola de son poste de maire et son remplacement par Benoît Payan. Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir le Printemps Marseillais.
C’est peu dire que le climat n’est pas au beau fixe entre la ville de Marseille et la région Sud. Évoquant le bilan à mi-mandat de Benoît Payan sur BFM, ce jeudi 14 décembre, Renaud Muselier a accusé le maire de « féminicide politique» à l’égard de Michèle Rubirola à la suite de la démission de cette dernière de son poste de maire pour laisser sa place à Benoît Payan. Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir le Printemps Marseillais qui, dans un communiqué de son président, Joël Canicave, a vivement réagi, appelant à «des excuses immédiates». Renaud Muselier insiste : « Une femme écologiste, médecin, élue par les Marseillais, est éliminée par un mâle blanc ». Il ajoute : « C’est une réalité politique qui a été organisée et structurée ».
Plus tôt dans la journée, il explique : « J’ai proposé à Michèle Rubirola de la rencontrer lorsqu’elle était maire, comme j’ai rencontré les autres maires elle m’a dit qu’elle était d’accord si elle venait avec Benoît Payan. Ce que j’ai refusé. Lorsque ce dernier est devenu maire je lui ai proposé de le rencontrer et je note que lui ne m’a pas demandé de venir avec Michèle Rubirola ». Le président de Région poursuit : « Comme Aix, Benoît Payan est en conflit avec la métropole Aix-Marseille Provence. Avec l’accord de Martine Vassal, sa présidente, je propose à ces deux villes un contrat de centralité. Je l’ai fait avec Aix, cela n’a pas été possible avec Marseille ».
Alors, si Renaud Muselier dit toujours ne pas être candidat à Marseille, il avance : « Je ne crois pas que les Marseillais soient heureux de ce qui se passe même s’ils mélangent un peu métropole et ville. Ils ont un maire qui, lorsqu’il y a un problème ne considère jamais que c’est de sa faute. C’est toujours pour lui celle des autres ». Il en vient au fonds européens. « Lorsque Jean-Claude Gaudin était maire de Marseille lorsque il y avait un euro pour Marseille il y en avait 4 pour Toulon et 6 pour Nice. Le maire me disait que je ne soutenais pas son projet. J’ai dû lui expliquer que tel n’était pas le cas mais que ses dossiers ne répondaient pas aux règles de l’Europe. Cette nouvelle majorité est arrivée. J’ai proposé de l’aider sachant que nous avons un savoir-faire qui nous a permis de devenir la première région française en matière de fonds européens et une des 20 meilleures d’Europe. Cela n’a pas pu se faire et, maintenant, lorsque Marseille reçoit un euro Toulon en reçoit 6 et Nice 9».
Michel CAIRE
Réaction du Printemps Marseillais
Joël Canicave, le président du groupe Printemps marseillais a réagi aux propos de Renaud Muselier sur BFM . « En détournant le terme de « féminicide » pour une utilisation à des fins politiciennes, Renaud Muselier s’est rendu coupable d’une faute inacceptable. L’instrumentalisation des meurtres de centaines de femmes chaque année parce que femmes, par le Président de Région, Renaud Muselier, est indigne d’un élu de la République. Ces propos abjects et irresponsables appellent des excuses immédiates.»
Joël Canicave juge : «Ces derniers mois, sa dérive extrême est de plus en plus visible : vote avec l’extrême droite dans l’hémicycle régional, infox, menace de violence physique contre ses opposants, offense contre les médias. Renaud Muselier rajoute à ce palmarès le détournement choquant d’une cause qui ne doit souffrir d’aucune utilisation politique. En attaquant Michèle Rubirola, il s’en prend au Printemps Marseillais. Nous sommes pleinement à ses côtés.»
Désormais, poursuit-il: «Au-delà des excuses publiques et nécessaires, nous attendons qu’il se ressaisisse et rehausse le niveau du débat. Nous rappelons à Monsieur Muselier qu’il ne doit son élection qu’au désistement de la gauche. Son comportement ne doit pas se rabaisser au populisme le plus bas. « Un homme ça s’empêche, écrivait Camus. Aujourd’hui les mots de Renaud Muselier marquent une faute grave et une dérive de l’éthique politique. Nous lui demandons de présenter des excuses publiques au plus vite pour toutes les femmes victimes de violences. En attendant nous sommes toutes et tous solidaires de Michèle Rubirola, notre première Adjointe.»