Publié le 6 février 2019 à 21h35 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h47
La ville de Nice invite à découvrir du 9 mars au 8 septembre 2019, l’exposition consacrée à l’artiste Adrien Vescovi à la galerie des Ponchettes -Mamac Hors les murs. Mettre le temps et la nature à l’œuvre… Envisager la peinture comme une odyssée à travers différents états de la matière et l’art comme une aventure alchimique, tels sont les enjeux qui animent la démarche d’Adrien Vescovi.
L’artiste réalise ses propres couleurs à partir de décoctions de plantes ou de minéraux, créant de véritables « jus de paysages », témoignant des différentes géographies dans lesquelles il travaille -Haute-Savoie, Roussillon, région de Marseille- ou qu’il explore -Maroc, Mexique, Brésil-. Processus, hasard dirigé ou «apprivoisé», comme Vescovi aime à le dire, métamorphose mais aussi manipulations sont au cœur de sa pratique. Sa quête permanente d’interaction avec les éléments et les intempéries, le végétal, le géologique ou l’organique montre une fascination pour les «énergies à l’œuvre» et la vie matérielle de la peinture ainsi qu’un désir de saisir le caractère transitoire de toute forme et de toute matière. De l’exposition de ses toiles aux vents, aux rayons de la lune et du soleil, aux phénomènes d’oxydations, surgissent des teintes ou des formes primitives habitées par la mémoire de leurs différents états d’existence.
Ce devenir atmosphérique de l’œuvre et sa porosité aux facteurs environnementaux, climatiques, résonnent, au-delà des préoccupations esthétiques, avec les enjeux d’aujourd’hui. Invité par le Mamac à investir la galerie des Ponchettes, Vescovi compose une véritable promenade sensuelle et sensorielle au cœur de ses expérimentations picturales. Répondant à l’orthogonalité de la galerie, des toiles suspendues à différentes hauteurs rythment les espaces selon des jeux de parallèles et de perpendiculaires que le visiteur arpente. L’ordonnancement géométrique est contredit par la souplesse des toiles libres et l’expérience sans cesse renouvelée des couleurs. Ces couleurs, extraites par l’artiste des ocres chauds du Roussillon et des terres du Maroc, ont infusé des toiles qu’il a ensuite exposées pendant quelques mois dans un parc, à la lumière froide et aux intempéries du ciel néerlandais, jouant de ces mouvements Nord-Sud qui ont marqué l’histoire de la peinture.
Dans la galerie, des cordes tressées et teintes par l’artiste dessinent entre les toiles des courbes sauvages qui telles des lianes sinuent sur le sol, s’entrelacent et s’élèvent entre les arches. Elles ensauvagent et subvertissent les lignes et plans des toiles. Plongées dans des pots aux décoctions étranges, elles sont progressivement infusées par la matière / couleur créée par Vescovi. Entre convocation de gestes vernaculaires ancestraux et évocation des travaux de nœuds et épissures de Viallat ou des tressages et nouages de Valensi, Vescovi approfondit avec cette série un esprit arts & crafts qui habite son travail depuis quelques années. A cette déambulation intérieure répondent les toiles des grandes arches extérieures. Face à la mer, soumises aux vents, au soleil et aux intempéries, les toiles se chargeront, le temps de l’exposition, de la mémoire des météores.
Les Ponchettes- Mamac Hors les murs
Dans le cadre de sa programmation qui donne à relire les enjeux historiques des pratiques déployées sur le territoire à travers des regards contemporains, le Mamac confie à Adrien Vescovi une intervention in situ qui métamorphose l’espace de la galerie des Ponchettes. L’artiste propose un projet spécifique conçu en regard de l’histoire du site (un héritage d’une histoire de la peinture avec des interventions de Matisse à Noël Dolla en passant par Yves Klein ; et une histoire sociologique et matérielle : l’ancienne fonction de halle pour les pêcheurs) et de sa configuration spatiale.
Adrien Vescovi
Né en 1981 et diplômé de l’École supérieure d’art de l’agglomération d’Annecy, vit et travaille à Marseille depuis quelques années après une longue pratique en Haute-Savoie. L’artiste réinvestit avec des enjeux contemporains la question de la toile libre et d’une peinture pensée à une échelle architecturale ou naturelle, telle qu’ont pu l’expérimenter les artistes du mouvement Supports/Surfaces à la fin des années 1960. L’artiste déploie également une pratique in situ avec une véritable réflexion sur l’histoire des lieux qu’il investit, les spécificités de l’architecture et compose une organisation spatiale de son œuvre à écho aux contextes dans lesquels il est invité. Son travail a été présenté en Belgique, au Danemark, au Mexique. En 2017 il a bénéficié d’une résidence et exposition au Cyclop à Milly-en-Forêt. A l’été 2019 son travail sera présenté à la Villa Noailles puis au Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart. Ses œuvres sont notamment dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Nantes, du Frac Paca.