Publié le 10 septembre 2013 à 16h10 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h17
A l’appel de la CGT, la FSU, FO et Solidaires, dix mille personnes environ ont défilé ce mardi 10 septembre dans les rues de Marseille dans le cadre de la journée nationale de grève contre le projet de réforme des retraites.
« Il s’agit de lancer un coup de semonce, un signal d’alarme en direction du gouvernement et du patronat qui en demande toujours plus » : c’est en ces termes qu’Alain Barlatier, secrétaire général de la FSU 13, résume de la mobilisation de ce mardi 10 septembre contre le projet de réforme des retraites. Une journée nationale de grève lancée à l’appel de la CGT, la FSU, FO et Solidaires – auquel s’étaient joints l’Unef, les organisations lycéennes, le Front de gauche, Lutte Ouvrière et le Mouvement de la Paix – dont le succès est resté modeste puisque seules environ 10 000 personnes ont défilé dans la matinée dans les rues de Marseille, du Vieux Port à Castellane, avant qu’une délégation commune ne dépose une motion en préfecture. Mais Thierry Pettavino, le nouveau secrétaire général de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône qui a succédé cet été à Mireille Chessa, ne manque de prévenir qu’« aujourd’hui, c’est une première étape ». Et de promettre d’ores et déjà de nouvelles mobilisations lorsque le débat parlementaire s’ouvrira après le conseil ministres du 18 septembre prochain. D’autant qu’à la CGT, « 150 arrêts de travail » ont déjà été déposés à l’occasion de cette première salve.
S’il n’y avait pas la quantité, on serait tenté de dire que la qualité était en revanche au rendez-vous avec un défilé particulièrement combattif. Derrière le carré de tête unitaire, les Fralib, les Kem One, les agents territoriaux de Marseille et d’Aubagne, les métallos de Fos et les personnels de l’Education figuraient en bonne place au sein du cortège qui a réclamé le « retrait du projet de loi du gouvernement » comme le proclamait la banderole de tête : « Pour une reconnaissance de la pénibilité. La retraite à 60 ans, c’est possible par la création d’emplois, l’augmentation des retraites et pensions ».
Comme le martèle le mot d’ordre de cette journée nationale d’action, « Salaires, emplois, retraites », les syndicats lient en effet les trois questions comme le souligne Thierry Pettavino. « Il faut relancer la consommation et pour ça il faut augmenter les salaires, de l’emploi et une meilleure répartition des richesses », explique-t-il. On est loin de la copie proposée jusqu’ici par le gouvernement. « Il doit entendre les préoccupations des salariés et pas rester uniquement sur les revendications du patronat. Un allègement de 35 Mds€ des cotisations sociales sur la branche famille, c’est un nouveau cadeau fait au patronat alors que la croissance est bien là comme le démontrent les dividendes distribués aux actionnaires. Il faut que d’autres voix s’élèvent et qu’il entende la mobilisation », souligne le leader cégétiste.
« Ce n’est pas le coût du travail qui coûte cher mais le coût du capital »
Thierry Pettavino tient également à battre en brèche l’argumentaire du Medef. « Le patronat réclame 100 Mds€ (NDLR : de réductions de charges et impôts) alors qu’il a déjà eu beaucoup. Le but est de diminuer le coût du travail. Or pour nous, ce n’est pas le coût du travail qui coûte cher mais le coût du capital », assène-t-il. Et le secrétaire général de la CGT ne doute pas que sur cette question les syndicats bénéficieront d’un soutien massif de la population. « Selon un récent sondage, 80% des Français n’acceptent pas cette réforme. Le gouvernement doit l’entendre », conclut-il.
Aux yeux d’Alain Barlatier, ce nouveau projet de loi de réforme des retraites est « dans la droite ligne des projets de loi précédents » concoctés par la droite au pouvoir en 1993, 2003 et 2010. « Il s’agit toujours de faire payer plus les salariés et d’exonérer toujours plus le capital », déplore-t-il, résumant cette réforme à « l’augmentation des cotisations salariales sans contrepartie patronale puisque le Premier ministre s’y est engagé ». « A terme, l’allongement de la durée de cotisation n’est pas contrebalancé par des mesures en faveur de la pénibilité ou des femmes », tranche le leader de la FSU.
Il conteste également l’adage selon lequel « les salariés doivent travailler plus longtemps car nous vivons plus longtemps ». « C’est parce que nous avons travaillés moins longtemps à partir des années 1980 que l’espérance de vie a augmenté. Et aujourd’hui, l’espérance de vie en bonne santé est de 62 ans et 9 mois : elle vient de reculer sous l’effet des réformes de 1993 et 2003. Et cela va continuer si on n’inverse pas la donne », rétorque-t-il.
Or, selon lui, « d’autres solutions existent ». « Elles consistent à taxer le capital. Le déficit est de 20 Mds€ en 2020 alors que l’évasion fiscale s’élève à 80 Mds€ par an. Il faut collecter l’impôt et que ceux qui gagnent beaucoup participent à la solidarité nationale », explique Alain Barlatier.
Et de conclure en imaginant ce que donnerait dans la pratique la réforme défendue actuellement par le gouvernement. « 43 annuités cela veut dire qu’un professeur enseignera jusqu’à 68 ou 69 ans, ce qui est inimaginable, personne ne pourra le faire. Cela signifie qu’on nous demande de faire une croix sur la retraite solidaire : « préparez-la vous-mêmes », ce qui revient à préparer la privatisation des retraites », dénonce-t-il.
Serge PAYRAU