Marseille. Une séduisante Grande duchesse de Gérolstein à l’Odéon

C’est avec « La Grande Duchesse de Gérolstein », l’opéra bouffe d’Offenbach, que l’année s’est ouverte à l’Odéon. Un grand moment de plaisir.

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La grande duchesse entourée par Fritz (debout à g.) le général Boum, le prince Paul (debout à dr.) et le baron Puck. (Photo Christian Dresse)

Offenbach a toujours la cote… Pour preuve la fréquentation de l’Odéon de Marseille, en ce deuxième week-end de janvier, où Maurice Xiberras avait programmé une nouvelle production de « La Grande duchesse de Gérolstein » signée Yves Coudray. Une grande duchesse qui, pour la circonstance, avait les traits et la voix de Laurence Janot. Choix de programmation gagnant car cette dernière campe idéalement le personnage, tant au niveau du charme que le la souplesse vocale, donnant chacun de ses airs avec élégance, nuances et précision. Le public ne s’y est pas trompé et lui a réservé des saluts plus que généreux. Laurence Janot que l’on retrouvera dans quelques jours à l’Opéra de Marseille où elle sera Flora aux côtés de la Violetta de Ruth Iniesta pour une production très féminine de « La Traviata ».

Mais une duchesse, fut-elle grande, ne fait pas à elle seule un opéra bouffe ; encore faut-il l’entourer de personnalités à la hauteur. Et en la matière, une fois de plus, les choix de Maurice Xiberras se sont avérés être les bons. Ainsi Pierre-Antoine Chaumien excelle-t-il en Fritz, simple soldat et homme simple droit dans ses bottes et dans son amour pour la cantinière Wanda, jeune femme elle aussi un peu naïve incarnée par Julie Knecht. Visiblement les deux ne sont pas faits pour adhérer aux compromis et aux travers de la haute société gérolsteinnoise dont ils subiront les manigances avant de retrouver le bonheur simple dans les bras l’un de l’autre !

Fort en gueule mais dépassé par les événements, le général Boum est incarné aisément par Franck Leguérinel, tout comme Dominique Desmons donne vie avec bonheur au baron Puck, manipulateur de pacotille… L’art de la comédie allié à l’aisance vocale : un couplé gagnant. A l’image de ces derniers, Alfred Bironien livre un prince Paul délicieusement stupide et Jean-Christophe Born donne vie à un baron Grog qui traverse la pièce sans trop savoir ce qu’il fait là ! Quant à Antoine Bonelli il campe un Népomuc sobre et efficace qui colle totalement à l’action. Tous donnent à la pièce son ton léger et humoristique avec élégance et sans débordements saugrenus.

Il faut dire que la mise en scène d’Yves Coudray impose cette interprétation en finesse car elle recèle de détails qui font son charme. Des petits riens comme les militaires qui se penchent délicatement au premier acte pour laisser passer la duchesse ou encore les déplacements des conspirateurs, avant bras devant les yeux, et bien d’autres choses encore.

Il faut associer à ce succès les membres du chœur de l’Opéra de Marseille réquisitionnés pour la circonstance, parfaits dans le jeu sur ce plateau minimaliste de l’Odéon et superbes au moment de donner leurs airs. Précision et couleurs, aussi, dans la fosse ou l’orchestre maison, dirigé par Jean-Christophe Keck, a servi Offenbach. Que du plaisir !

Michel EGEA

 

 

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