Publié le 21 février 2019 à 20h04 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h48
La première est la plus grande université d’Europe, l’autre est la cheville ouvrière du Festival international du film d’Aubagne, plus connu sous l’acronyme Fifa. Deux dames qui œuvrent ensemble depuis près de 20 ans et qui ont décidé de renforcer tout récemment ce partenariat. Parmi les projets de cette convention, la création d’une sonothèque appelée «Sons de France»…
Ils renforcent leurs liens… L’AMU et l’association Alcimé, cheville ouvrière du Festival international du Film d’Aubagne viennent d’acter leur volonté de passer la cadence supérieure en termes d’actions conjointes. Yvon Berland et Jacques Sapiega, respectivement présidents de ces deux structures, ont donc gravé dans le marbre les termes de ce nouveau partenariat. Cadence supérieure, oui. Car il serait totalement faux de dire que les deux parties prenantes de cet accord sont l’une pour l’autre de parfaites inconnues. Si le Fifa, qui soufflera en mars prochain ses vingt bougies tout rond, a revendiqué dès l’origine la spécialité du son à l’image, c’est notamment parce qu’il y a au pays de Pagnol, un département d’Aix-Marseille Université qui s’appelle le Satis. Lequel propose des cursus professionnalisant dans les métiers de l’image et du son. Dans le texte, «cette convention stipule notamment que les travaux de recherche liés au laboratoire Prism (auquel est rattaché Satis) dans les domaines du son, de la musique et de la musique à l’image, pourront être présentés au festival et soutenus par les communautés professionnelles qui s’y rattachent. Il s’agit en l’occurrence des ingénieurs du son, monteurs sons, mixeurs, compositeurs, designers sonores que nous recevons chaque année au festival», précise Jacques Sapiega. Par ailleurs, «le Festival est devenu pour les étudiants un lieu incontournable de formation et de rencontres avec le monde professionnel avec des actions concrètes comme la réalisation et la diffusion de la Web TV du Festival, les captations des ciné-concerts, l’organisation du programme d’échanges inter-universités « Regards croisés » ou encore les candidatures aux concours de scénarios et aux masters européens nés dans le cadre du festival», détaille de son côté Yvon Berland, président d’AMU. Sans oublier l’inscription au programme de master classes de composition musicale dédiée au 7e Art, organisées bien souvent dans les locaux du Satis. Elles permettent ainsi à de jeunes compositeurs de travailler pendant 10 jours avec un compositeur professionnel… Bref, tout est mis en œuvre pour favoriser les échanges entre jeunes pousses et confirmés. C’est justement dans ce sens que ce nouvel accord de partenariat doit pousser, explique encore Yvon Berland. Celui du «renforcement des rencontres des étudiants avec le monde professionnel auquel ils se destinent pour favoriser les opportunités, des rencontres et des actions entre chercheurs en audiovisuel et multimédia et professionnels du secteur pendant le festival, des échanges avec des universités européennes dans le domaine concerné.»
Sons du Sud devient Sons de France
Et puis, il y a l’autre projet, déjà initié il y a quelques années, mais destiné à trouver à la faveur de ce partenariat une nouvelle dynamique. En effet, lors de la prochaine édition du Fifa, du 18 au 23 mars prochains, la sonothèque «Sons de France» sera inaugurée dans le cadre de la convention liant AMU et Alcimé. Lancés dès 2008 sous le nom de «Sons du Sud-Sons de la Méditerranée», le projet est né au sein du Satis, et du laboratoire universitaire Prism. Consultable en ligne, elle proposait ainsi des sons payants de haute qualité, près de 400 au total, ces derniers captés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et sur le pourtour méditerranéen par les étudiants. Ils pouvaient avoir trait au maritime et à ses activités, aux éléments naturels, aux lieux et à leur identité sonore quartiers, places, sites touristiques, aux activités humaines, sociales, urbaines, sportives… ou encore, aux pas et aux natures de sols (calcaire, terre, éboulis)… Ainsi Sons du Sud est le préalable à la création de cette nouvelle sonothèque, destinée aux professionnels de l’audiovisuel. «L’objectif est bien-sûr de faire croître ce nombre jusqu’à 2 000 à 3 000, progressivement et en élargissant à des sons nationaux. La ligne éditoriale reste la même. Il s’agit de sons d’ambiance à vocation cinématographique c’est-à-dire des sons du type sons du quotidien», détaille Rémi Adjiman, directeur du département Satis. Et les applications sont larges : non seulement cinéma et télévision, mais aussi radio, jeux vidéos, media internet, communication audiovisuelle institutionnelle… Un projet qui bénéficie du soutien financier de la Satt Sud-Est. Fonds pour «développer une solution technique adaptée qui puisse permettre d’obtenir l’engagement financier d’une entreprise pour le rachat de l’invention», poursuit le directeur du Satis. Ce n’est donc pas pour rien si la fameuse société spécialisée dans l’accélération et le transfert de technologie s’est intéressée au projet de sonothèque, qui fait par ailleurs l’objet d’un PIT ou Pôle d’innovation territoriale, celui-ci inauguré à Aubagne le 28 janvier dernier. Plus de 88 000 € sont ainsi engagés par la Satt pour conduire le dispositif en 2018 et 2019, pour recruter un ingénieur chargé de l’avancement du projet et pour coordonner le développement d’un nouveau site Internet. Rémi Adjiman assume quant à lui la mission de responsable scientifique du projet.
Présenter la sonothèque au Fifa
Et effectivement, la dimension innovante de cette nouvelle sonothèque est incontestable. Notamment dans l’aspect interface de recherche, voulu ergonomique et intuitif, puisqu’il est possible d’accéder aux sons en cliquant directement dans la forme d’onde. Par ailleurs, à chaque son est associé un visuel explicatif et enfin, une fonction recherche permet de retrouver rapidement tous les autres sons enregistrés le même jour, au même endroit que celui sélectionné. Tout cela alors que la recherche de sons d’ambiance est généralement connue pour être une tâche complexe et chronophage… les moteurs de recherche existant se contentant d’une approche bien trop généraliste. La nouvelle sonothèque estampillée AMU devrait donc se révéler attractive pour les acteurs de l’audiovisuel. Encore faut-il la faire connaître et pour ce faire, une présentation en bonne et due forme s’imposait. Plus précisément, l’interface du site sera mise sur grand écran lors du Festival afin d’en expliquer les fonctionnalités aux spectateurs présents… «Le festival est à la fois une vitrine pour les projets de recherche, et un lieu d’échange entre la recherche fondamentale, appliquée, et le monde professionnel de l’image, du son et de la musique à l’image. Cette plateforme est unique en France. Il est possible que la sonothèque soit invitée à d’autres occasions sur des stands professionnels du Festival, par exemple à Cannes, mais nous n’avons pas de mission officielle de diffusion de la sonothèque, qui doit aussi vivre sa vie par elle-même. Nous sommes partenaires, facilitateurs, accompagnateurs, car nous offrons à ce genre de projet des relais d’information et des contacts précieux pour son développement», explique Jacques Sapiega. Voilà en quoi le rôle d’Alcimé est clé… «Un festival qui accueille chaque année des milliers de spectateurs et professionnels dont les plus grands noms de cinéma», notait de son côté Yvon Berland, engageant lui aussi l’Université à faire rayonner plus encore l’événement aubagnais. Pour mémoire, la précédente édition avait notamment accueilli le compositeur Gabriel Yared, le réalisateur Laurent Cantet, palme d’or 2008 à Cannes pour son film Entre les murs et Eric Neveux, père de la musique du film Zombillenium. A savoir que depuis 20 ans, quelque 5 255 professionnels ont été reçus dans le cadre du Fifa.
Carole PAYRAU