Depuis mon enfance, je suis passionné de football. Je suis arrivé en Côte d’Ivoire pour 2 semaines. La 1ère est dédiée à mes rendez-vous professionnels avec des acteurs locaux dans le cadre de mes activités les MIA’s (les Marseillais de l’Immobilier en Afrique) et la 2e semaine au Championnat d’Afrique des Nations (CAN). Celle-ci est la plus importante compétition sportive d’Afrique avec 24 pays qualifiés. Je prévois d’assister à un match à Yamoussoukro, l’explosif Cameroun-Sénégal. Je vais aussi vivre l’ambiance dans les «maquis», le nom donné aux bars locaux. Un road trip de 700 km qui m’a emmené d’Abidjan à Yamoussoukro en passant par Assinie.
Arrivé en ville, une 1ère impression décevante
Je suis arrivé 5 jours avant le début de la CAN. L’aéroport d’Abidjan s’est paré des couleurs de la CAN, ce sentiment est renforcé par les illuminations nocturnes. Pendant les premiers jours, je n’ai pas l’impression que le pays s’apprête à vivre un tel rendez- vous. Peu d’ambiance, peu de drapeaux, je n’ai pas le ressenti que le pays soit mobilisé. Cela me rappelle l’ambiance de France 98, les Français n’avaient basculé dans l’ambiance qu’après le 1er match France-Afrique du Sud à Marseille. Finalement, ce sont les supporters étrangers qui se sont déplacés en masse qui colorent la ville.
Quand le consul honoraire du PSG à Marseille rencontre une légende de l’OM
Élevé à Londres, j’ai été biberonné au football, et à mon retour à Paris en 1973, je suis devenu naturellement supporter du PSG.
A mon arrivée dans le sud de la France en 1994, je me suis auto-proclamé Consul Honoraire du PSG à Marseille. Vous imaginez que mon quotidien de supporter a pu être mouvementé dans la cité phocéenne !
Alors quand je croise à Abidjan Basile Boli le franco-ivoirien, la légende de l’OM, héros de la finale OM/AC Milan, la rencontre devient savoureuse. Nous nous taquinons dans le respect mutuel et nous refaisons le match ! J’ai constaté qu’auprès des Ivoiriens le PSG est devenu leur équipe favorite française et avait supplanté l’OM. La preuve en image avec des panneaux de signalisation.
Vivre la CAN dans les maquis
La vie sociale est rythmée par les maquis. Je décide de vivre aussi la CAN dans les maquis au plus près des amateurs de football. J’ai regardé de nombreux matchs dans des maquis et noué des relations avec les supporters africains.
Je trouve normal de porter le maillot des Éléphants, le surnom de l’équipe nationale pour témoigner de ma reconnaissance à ce pays lors des matchs de cette sélection.
Quand je deviens le sorcier blanc
Le mercredi 17 janvier, je suis dans le petit village Assouindé, proche d’Assinie. J’assiste au match Burkina Faso contre la Mauritanie dans un maquis. Une trentaine de personnes regardent la télévision. Je sympathise avec Ibrahim. Il est d’origine burkinabaise comme un certain nombre d’Ivoiriens. Nous arrivons à la fin du temps additionnel, 96e minute, un penalty est accordé au Burkina Faso.
Bertrand Traoré s’apprête à le tirer. Ibrahim est dans tous ses états…je lui dis « ça va le faire, je suis un sorcier blanc. Accompagne-moi dans mes grigris, et tu verras qu’il va marquer »…Une vidéo de 48 secondes relate la scène et souligne comment la magie de la CAN opère. Il n’est plus question de couleur de peau, de statut social… seulement un moment de fraternité où le temps s’arrête. Je remercie la vie de me permettre de vivre cette parenthèse enchantée.
A Yamoussoukro, j’assiste au match Cameroun-Sénégal
J’avais coché sur mon agenda, le match phare de ce 1er tour de la CAN entre le Cameroun et le Sénégal. Tôt, nous partons d’Abidjan avec 2 amies camerounaises par l’autoroute pour aller à Yamoussoukro, la capitale du pays.
Je profite de visiter la ville que je trouve organisée en termes urbanistiques. Une ville voulue et pensée par Félix Houphouët-Boigny, le premier Président de la Côte d’Ivoire. Elle a été créée de toute pièce dans sa région natale. Un tour à basilique Notre-Dame De La Paix en passant au Palais Présidentiel (ses fameux crocodiles faisaient la sieste) et à l’hôtel le Président. Je me sens apaisé dans cette ville de plus de 220 000 habitants, loin de l’effervescence et de la pollution d’Abidjan la capitale économique avec 4, 5 millions d’habitants.
Déjeuner tardif dans les maquis qui sont envahis par les supporters camerounais et ivoiriens… orchestre «sound system ».
Nous mettons trop longtemps pour accéder au stade. Ce problème est récurrent pour tous les matchs de la CAN et l’un des seuls points noirs de l’organisation avec la vente des billets, ainsi nous ratons le début du match. Une fois à l’intérieur du stade : quel moment ! quelle atmosphère colorée ! Les supporters n’ont pas arrêté de s’apostropher verbalement entre eux dans une ambiance bon enfant. Les Camerounais se surnomment « le Continent » pour se différencier. Avec leurs 5 étoiles de vainqueur de la CAN, ils prennent de haut des autres pays. Ce soir, ils perdent le match 3-1 et ils se font brocarder à la sortie du stade par toutes les générations, des enfants aux personnes âgées. Ces joutes verbales sont un grand moment et me resteront marquées pour toujours.
Le naufrage et le miracle ivoirien
L’équipe nationale de Côte d’Ivoire a lancé la compétition avec le match inaugural contre la Guinée Bissau et le pays s’est pavoisé aux couleurs ivoiriennes. Toute la population porte un maillot ou des accessoires «maison» aux couleurs du pays. Des drapeaux apparaissent sur les habitations et dans les voitures. Avec ce match, la CAN démarre vraiment, tout le pays retient sa respiration durant les matchs de l’équipe nationale. Premier match… première victoire dans une ambiance indescriptible… 2e match … défaite contre le Nigeria et c’est la douche froide. Tout devrait se jouer sur le 3e et dernier match contre la Guinée Équatoriale. Il se déroule à 17 heures, la ville se vide pour voir le match à la télévision. C’est aussi le dernier jour de mon séjour. Je regarde la 1ère mi-temps à la télévision. Je profite de la mi-temps pour prendre un taxi afin de me rendre à l’aéroport. Le score est de 1-0 en faveur des adversaires. Arrivé dans l’aérogare, l’ensemble des personnes présentes explose de joie, la Côte d’Ivoire égalise, mais finalement le but est refusé. Et là je vois les visages se décomposer à la vue du score 2-0, 3-0, 4-0… une humiliation pour le pays organisateur qui termine 3e de son groupe.
De retour à Marseille, la Côte d’Ivoire est finalement repêchée grâce au Maroc qui lui permet d’être le 16e qualifié pour le prochain tour. L’équipe nationale est sauvée par le gong… the show must go on !
Épilogue
En Europe, nous ne mesurons pas l’impact de la CAN. Le fait d’avoir un diffuseur TV payant en France limite l’audience. Cependant, les communautés africaines se mobilisent et se « clashent » sur les réseaux sociaux. J’ai rencontré de très nombreux membres de la diaspora et des binationaux qui ont fait le voyage depuis la France pour y assister. J’ai reçu un magnifique accueil des Ivoiriens et des supporters de football. Je suis revenu avec mille couleurs, mille images, mille sonorités et des dizaines de rencontres amicales.
Quelques chiffres sur la CAN
Afin de s’assurer de la réussite de la CAN et de faire de l’événement continental une vitrine du développement de la Côte d’Ivoire, les autorités du pays se sont engagées dans des travaux de grande envergure. Au total, l’État aurait investi plus de 500 milliards de francs CFA (environ 760 millions d’euros). Quatre stades « ultramodernes » ont été construits à Ebimpé (en banlieue d’Abidjan), San Pedro (sud-ouest), Yamoussoukro (centre) et Korhogo (nord). Deux autres ont été rénovés à Abidjan et Bouaké (centre) et 24 terrains d’entraînement ont été aménagés. Environ 1,5 million de visiteurs sont attendus pendant toute la durée de la compétition.
Une question en suspens : le devenir des stades
Selon des observateurs locaux, cette question du devenir des stades s’est déjà posée pour les précédents organisateurs de la CAN. De nombreux stades de la Guinée Équatoriale ou du Gabon sont aujourd’hui laissés à l’abandon. ASSEC et Africa Club sont les deux clubs phare du pays mais ils sont très peu présents sur la scène continentale, ils ne pourront pas remplir les stades d’Abidjan.
Ce sujet a été débattu par les autorités ivoiriennes et les professionnels de l’événementiel lors d’un séminaire organisé en juillet dernier à Grand Bassam sur le thème « l’héritage matériel et immatériel de la CAN ». L’ouverture à des sports autres que le football, l’accueil d’événements culturels ou religieux, la location des parkings, des salles à l’intérieur du stade ont été abordés. Il faudra être aussi très vigilant sur la maintenance de ces stades, seul moyen de préserver ces actifs immobiliers avec des budgets de fonctionnement incluant des plans pluriannuels de travaux. De nouvelles filières métiers vont émerger… Facility Manager, Asset Manager, Property Manager, des opérateurs événementiels. Tout un nouvel écosystème économique va naître grâce à la CAN.
A lire les carnets du même auteur
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- La Biennale de Dakar
- Les Chefferies de l’Ouest du Cameroun
- Ganvié, la Venise de l’Afrique de l’Ouest
- Voyage au royaume de Dassa
- Kribi, huit ans après
- La Casamance, l’autre Sénégal
Les MIA’s
Les Marseillais de l’Immobilier en Afrique (les MIA’s) est une société de conseil et de services de l’immobilier (architecte, bureau d’étude, administrateurs de biens et syndic, Asset managers, commercialisateurs et promoteurs) qui accompagne des projets immobiliers en Afrique francophone. Ils nouent des relations avec des entrepreneurs locaux sur la base de partenariats et de réciprocité.
Plusieurs projets sont en cours :
- Au Cameroun pour la mise en place d’un règlement de copropriété de 500 logements.
- En Côte d’Ivoire pour la conception d’un ensemble de résidence hôtelière, bureaux et commerce de 20 000 m² à Abidjan.
- Au Sénégal sur la Petite Côte dans le cadre d’une mission de valorisation d’un actif immobilier de 40 hectares en bord de mer.
- Depuis plus d’un an, ils se déplacent régulièrement au Bénin pour nouer des partenariats avec des entrepreneurs locaux.
- Depuis 7 ans, ce pays mène une politique innovante et volontariste de développement : mise en place d’infrastructures, digitalisation des services de l’État, stratégie industrielle systémique pour remonter la chaîne de valeur, révolution dans le domaine du tourisme.