Les cinq représentations de l’opéra de Verdi programmé à partir du 6 février affichent complet. Cette production, dont la mise en scène est signée Renée Auphan et réalisée par Yves Coudray, verra la maestra Clelia Cafiero retrouver le pupitre marseillais pour sa première direction de « La Traviata » en carrière après avoir plus que séduit la saison dernière avec sa direction de « Carmen ».
Clelia Cafiero a fait ses premières armes à la Scala de Milan, où elle était pianiste d’orchestre tout en menant une carrière de soliste et de chambriste. Là elle s’est découvert une passion pour la direction d’orchestre qu’elle a étudiée au conservatoire de la capitale de la Lombardie. Recrutée à Marseille pour assister Lawrence Foster, directeur musical à l’Opéra, elle y a travaillé jusqu’en 2021 avant de débuter sa carrière de cheffe.
Des débuts marqués par de nombreuses directions symphoniques, mais aussi d’ouvrages lyriques, entre autres « Madame Butterfly » à l’opéra de Québec, « Tosca » à Angers, Nantes et Rennes, ou encore « Carmen » à Marseille qui lui a valu d’être recrutée pour diriger avec succès l’opéra de Bizet aux dernières Chorégies d’Orange. Jean-Louis Grinda l’a reconduite l’été prochain au pupitre du théâtre antique pour une «Tosca» donnée en version concert; ce entre autres engagements en France et à l’étranger avec, notamment, une participation de Festival de Radio-France à Montpellier et un retour à la Scala de Milan où elle a été recrutée pour diriger les membres de l’Académie de l’institution lyrique italienne.
« Revenir aux fondamentaux »
Mais actuellement, c’est Marseille qui accueille la jeune femme. Maurice Xiberras, le directeur général de l’Opéra, lui a confié la direction de « La Traviata » qu’elle accrochera ainsi à son répertoire. « Cette œuvre est certainement l’une des plus connue et des plus données dans le monde, confie la jeune femme. Cette popularité fait qu’une approche traditionnelle de l’opéra s’est mise en place notamment au niveau de la direction. Ce qui m’a intéressée c’est de retourner à la source de l’œuvre. Aux archives historiques Ricordi de Milan je suis allée étudier la partition originale et j’ai découvert des choses différentes dans les articulations ou les phrasés. J’ai aussi constaté que dans le brindisi Verdi avait barré une mesure car il voulait donner un élan différent à un certain moment. J’ai choisi de suivre le manuscrit et d’ôter cette mesure comme l’ont fait avant moi d’autres directeurs musicaux, notamment le maestro Muti. Je pense que c’est une bonne chose de revenir aux fondamentaux pour livrer une direction originale. »
« J’ai de la compassion pour Violetta »
Carmen, Tosca, Butterfly, Traviata… Quatre héroïnes qui vivent, aiment, souffrent, quatre femmes libres que Clelia Cafiero connaît désormais bien. Sa direction s’en trouve-t-elle impactée ? « En fait, explique la cheffe, c’est sûr que je vois ces héroïnes avec des yeux de femme, que je les ressens avec la sensibilité de la femme que je suis, mais j’essaye de conserver un regard détaché sur la partition. Concernant Violetta, je ne la juge pas, j’ai simplement de la compassion pour elle. Au moment ou elle trouve l’amour elle se sacrifie et elle meurt. Pour moi le Brindisi est une valse de mort. » Nul doute que la sensibilité féminine de la maestra alliée à une qualité de direction indéniable, de même qu’une distribution jeune et homogène avec, entre autres, la Violetta de Ruth Iniesta et l’Alfredo de Julien Dran, devraient séduire à cinq reprises un opéra plein comme un œuf…
Michel EGEA
Représentations les 6, 8, 13 et 15 févriers à 20 heures, le 11 février à 14 h30. Il reste quelques places à l’amphithéâtre… Tentez votre chance ! Tél. 04 91 55 11 10 ou sur operamarseille.fr