Tous les indices ne sont pas encore au vert mais les hôpitaux de Marseille vont mieux, notamment côté effectifs. « Nous avons pu opérer un recrutement massif en 2023 et combler l’essentiel des postes vacants», analyse François Crémieux, le directeur général.
L’hémorragie suturée
L’opération séduction, menée après l’hémorragie de personnel liée au Covid, a porté ses fruits. « Nous avons recruté 1620 personnes dont 1426 professionnels de santé en 2023», comptabilise François Crémieux. Cela a permis de stabiliser les services même s’il reste des points de tension : manipulation radio, infirmiers de blocs opératoires ou encore en personnels de nuit. « On a retrouvé nos capacités d’avant la crise», estime le directeur général. « On a pu reprendre normalement les activités comme les greffes et les traitements des cancers. En 2022 des dizaines de lits étaient encore fermés en médecine, chirurgie ou pédiatrie, ce n’était plus le cas en décembre dernier. L’origine de cette inversion de tendance serait due à une très forte mobilisation des cadres lors de l’accueil des stagiaires pour les inciter à rester. Résultat en 2024, on ne devrait plus avoir de blocs fermés faute de personnel », conclut François Crémieux.
Déficit persistant
La situation budgétaire fin 2023 est compliquée avec un déficit prévisionnel de 117 millions d’euros. Des raisons à la fois conjoncturelles et historiques expliquent ce trou. L’inflation et la hausse de l’énergie ont gonflé le déficit de 25 millions. Même montant pour la hausse des rémunérations des personnels. La fermeture de certains blocs par manque de personnels a aussi grevé l’activité. Enfin, historiquement, l’AP-HM est endettée suite à de lourds investissements entre 2003-2013. S’y ajoute un absentéisme supérieur à la normale qui pénalise les finances. Heureusement le plan Marseille en grand arrive en sauveur. «C’est une chance exceptionnelle pour l’AP-HM », confie François Crémieux. « Il va permettre de financer nos grands investissements : le Samu, la rénovation de Timone enfants, de Timone adultes, de l’hôpital Nord. C’est à peu près 680 millions d’euros. C’est largement grâce à Marseille en grand. Ce plan c’est une bouffée d’oxygène ».
L’IHU Méditerranée Infection sur de bons rails
Plus question de regarder dans le rétroviseur et d’évoquer l’ancien patron de l’IHU Didier Raoult. Les polémiques sont apaisées. « L’enjeu est de reconstruire les 10 prochaines années. On a renouvelé l’équipe de direction, le conseil d’administration, la convention entre l’AP-HM et l’IHU », indique François Crémieux. « Il faut maintenant relancer des projets de recherches en maladies infectieuses et développer les partenariats pour en faire le plus grand centre de recherche en maladies infectieuses de France. Ce qui était sa vocation initiale ».
Salle de shoot à trouver
Depuis de longue date l’AP-HM est impliquée dans la création d’une halte soins addictions, plus vulgairement appelée salle de shoot. Le ministère de la Santé a retoqué le projet du Boulevard de la Libération récemment. Pour le directeur général il faut trouver un autre lieu pour prendre en charge les personnes victime d’addictions. « Pour les professionnels de santé de l’AP-HM c’est important qu’il y ait une structure d’accueil. Il a été démontré que c’était efficace pour réduire les risques et accompagner les usagers de drogues. Nos équipes sont aux côtés des porteurs de projets pour que cette halte voit le jour ».
Reportage Joël BARCY