Publié le 7 mars 2019 à 10h06 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 23h36
C’est un Jean-Christophe Lagarde offensif qui est venu à Aix-en-Provence, dans le cadre de la campagne des Européennes. La sénatrice UDI des Bouches-du-Rhône, Sophie Joissains, explique, en propos introductif de son meeting: «Notre président est notre tête de liste aux Européennes car la liste LR est trop orientée pour nous qui sommes les héritiers de Borloo et de Simone Veil et la liste Macron ne nous convient pas plus car trop libérale».
Jean-Christophe Lagarde annonce qu’il conduira une liste comprenant des UDI mais aussi des représentants de la société civile et des membres de LR qui sont «conscients des enjeux européens et qui ne veulent pas se retrouver sur une liste qui tourne le dos à l’Europe et aux droits des femmes». Et de se réjouir : «La campagne va débuter, enfin.» Car, pour le président de l’UDI: «L’Europe est une absolue nécessité, pas celle d’aujourd’hui, elle doit se refonder: arrêter d’infliger des réglementations tatillonnes, imposer un nom latin à la rascasse, s’occuper de l’heure d’été…En revanche elle doit être plus fédérée, plus puissante à l’heure où il importe de peser face au Président américain, à la Chine, aux géants d’Internet… toutes ces puissances qui veulent démolir l’Europe afin de mieux imposer leurs règles ou leur non règles». Précisant que c’est ce que vivent aujourd’hui les Britanniques «après avoir écouté les complices de l’intérieur qui leur ont expliqué que la sortie de l’Europe était la baguette magique pour régler tous les problèmes intérieurs. Mais c’est un mensonge, regardez les grandes questions auxquelles nous sommes confrontées le chômage, l’absence de logements, l’insécurité. Se sont des problèmes franco-français». Alors, trois options se présentent aux Français lors de ces élections selon Christophe Lagarde: «Il y a ceux qui veulent démolir l’Europe: Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Laurent Wauquiez et Nicolas Dupont-Aignan. Il y a une Europe faiblarde et ultra-libérale d’Emmanuel Macron et notre vision, une France forte dans une Europe fédérée».
«Les eurodestructeurs ne défendent pas notre souveraineté, ils veulent creuser son tombeau»
Et de donner son analyse des forces en présence: «Les eurodestructeurs ne défendent pas notre souveraineté, ils veulent creuser son tombeau. La France ne pèse que 1% de la population mondiale. Isolée elle ne pourrait plus défendre nos intérêts et nos valeurs ainsi que notre modèle de société». Puis d’en venir à LREM: «Emmanuel Macron vient d’écrire un texte sur l’Europe dans lequel on retrouve ses grands péchés: l’arrogance et l’éloignement des préoccupations des Français. Il dit par exemple qu’il faut surveiller la démocratie en Europe. Mais comment peut-il vouloir donner des leçons aux autres lorsque le pays est confronté au phénomène des gilets jaunes? Il est éloigné des préoccupations des Français lorsqu’il parle de Smic européen. Le salaire minimum est de 222 euros en Bulgarie, en quoi cela concerne-t-il les français? En quoi cela représenterait un bouclier?». Et d’en venir au projet qu’il défend: «Il y a enfin notre position, en faveur d’une Europe fédérée, d’une Europe rempart en créant un véritable Parquet européen et un FBI européen chargés de lutter contre le terrorisme et la criminalité européenne, en confiant à l’Europe le contrôle des migrations et du droit d’asile avec des garde-côtes et des garde-frontières européens. Nous proposons un système dans lequel les États membres conserveront leur souveraineté en fixant -comme c’est le cas au Canada, un grand pays de migration- le nombre et les compétences des étrangers qu’ils veulent accueillir». Toujours concernant les migrations, il avance: «Mais il faut bien être conscients qu’aucun mur ne retiendra des gens qui veulent fuir la faim. Il faut que l’Europe investisse massivement en Afrique et alors, ce continent ne sera pas celui de 2 milliards de migrants potentiels mais de 2 milliards de personnes avec qui nous pourrons commercer. Or, aujourd’hui se sont les États-Unis et la Chine qui s’y installent, travaillent, où comme la Chine encore achète des terres agricoles. Une pratique qu’elle développe maintenant en France pour produire et envoyer ces productions en Chine en bénéficiant des aides européennes». Il en vient alors à la dimension Europe indépendante de son projet: «Nous voulons d’abord une totale réciprocité des règles avec la Chine, les États-Unis, on ne peut pas ouvrir nos marchés face à des pays qui posent des obstacles. Ce que les autres nous impose, nous devons leur imposer. Et il faut être conscients que, soit l’Europe devient une puissance incontournable et elle vivra, soit elle s’affaiblit et disparaîtra. Que restera-t-il de son indépendance si elle dépend de l’énergie chinoise, des biotechnologies indiennes, des ordinateurs américains? Il faut inventer une Europe verte, créer un ministère économique européen qui planifiera dans la zone euro les stratégies industrielles, commerciales, de recherche et d’innovation. Faire converger nos règles fiscales et sociales, relancer une politique agricole pour assurer notre autosuffisance alimentaire et donner à ceux qui nous nourrissent le moyen de vivre de leur travail».
Michel CAIRE