Publié le 26 mars 2019 à 12h00 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 23h37
La septuagénaire change depuis deux ans de dimension. Après avoir, en 2018, conclu nombre de partenariats et ouvert des destinations sur le long et le moyen-courrier, elle aborde 2019 dans une logique de renforcement et d’optimisation. Avec du nouveau sur l’aéroport Marseille-Provence, un vol direct vers Moscou à partir du 27 mars. Une initiative applaudie des deux mains par les acteurs du tourisme local, prêts à accueillir davantage de Russes sur le territoire.
Cet oiseau-là compte bel et bien déployer ses ailes car ses années de stagnation sont derrière… Pour la compagnie aérienne Aigle Azur, comptant quelque 70 ans d’existence, 2019 devrait marquer l’optimisation de ses performances. Et il ne lui a pas fallu plus de deux ans pour décoller. «En 2017, la compagnie n’allait pas très bien, elle restait flat en termes de chiffre d’affaires depuis quelques années. Donc une réinvention commence à s’opérer en 2018», explique son président, Frantz Yvelin. Aigle Azur entreprend d’abord de capitaliser sur ses marchés historiques, à savoir ceux de l’Algérie. Mais elle se lance aussi sur le long courrier… et amorce cette diversification-là dans une logique de partenariats renforcés, notamment via la stratégie du code share. Elle se positionne ainsi avec la Brésilienne Azul Brasilian Airlines, avec la Chinoise Hainan Airlines, mais aussi avec Tap Portugal, Corsair… elle crée enfin des liens avec Air Caraïbes et la Russe S7 Airlines. Ainsi, désormais, au départ de cinq villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Mulhouse et Toulouse), la compagnie dessert l’Algérie, dont elle renforce les lignes en 2019 (Alger, Béjaïa, Constantine, Oran, Sétif et Tlemcen), le Liban (Beyrouth) depuis Marseille, l’Allemagne (Berlin)… elle a ouvert en 2018 São Paulo (ligne renforcée elle aussi cette année) et Pékin, dont les horaires de vol ont été revus afin d’améliorer les connexions. «Nous sommes les seuls à desservir cette dernière d’Orly. Un marché chinois sur lequel nous avions zéro expérience il y a un an. Nous avons appris, nous avons fait notre place», analyse Frantz Yvelin. La compagnie a aussi «mis un pied à Paris vers Milan, renforcé avec succès Bamako au départ d’Orly, pérennisé Dakar, dont la desserte s’opère seulement depuis Marseille». Elle est aussi restée fidèle au Portugal avec quatre destinations, Lisbonne, Faro, Funchal et Porto. Enfin, elle s’ouvre peu à peu à la Russie et à Moscou… dont les vols directs s’opèreront désormais aussi au départ de l’aéroport provençal. Prochaine étape en termes de moyen-courrier, le 18 avril, l’Ukraine et la ville de Kiev en partant de Paris Orly. «C’est important pour le marché entre la France et l’Ukraine, que seule Air France avait investi. Nous y arrivons, nous allons casser les codes».
Marseille-Provence, un nouveau hub pour Aigle Azur
Car en 2019, c’est en effet vers l’Est qu’Aigle Azur regarde, en croyant dur comme fer au dynamisme du marché russe… Ce faisant, avec la mise en place, effective ce 27 mars, de ce vol direct au départ d’AMP en direction de Moscou-Domodedovo, elle renforce son activité et sa présence historique à Marseille Provence, «près de 15 ans», rappelle Philippe Bernand, président du directoire de l’aéroport, revenant aussi sur l’importance de la compagnie, qui «va avoir deux avions basés à Marseille, ce qui est un gage de confiance réciproque». La fréquence : deux vols par semaine les jeudi et dimanche avec un retour les lendemains, et ce tout au long de l’année… avec un aller simple à partir de 130€TTC. Ainsi en 2019, «la Russie est ce qui va nous occuper le plus», avance encore Frantz Yvelin. Dans le détail, cette nouvelle ligne sera opérée en Airbus A320 configuré en bi-classe, disposant de 12 sièges Affaires et de 168 sièges Économiques. Elle fait l’objet d’un partenariat avec S7 Airlines. Un code share qui permettra aux Provençaux de bénéficier d’un choix de connexions vers 24 destinations de S7 Airlines en Russie, toujours via l’aéroport de Moscou-Domodedovo. Cela va dans le sens du marché : quelque 20% des passagers embarquant à Paris voyagent plus loin que la capitale russe… «Nous avons ainsi augmenté notre capacité à AMP de 36%, en opérant une trentaine de vols par semaine. Le renforcement à Marseille, il est important, il est stratégique. Nos PNC (Personnel naviguant commercial, NDLR) attendaient une activité supplémentaire… Nous comptons sur notre base provençale plus de 80 collaborateurs, dont une quinzaine au sol. La Russie va permettre d’opérer un renforcement des équipes, avec l’objectif d’embauche de huit nouveaux PNC».
Revitaliser la fréquentation touristique russe
Mais cette ligne directe vers Moscou est également vue d’un bon œil par les acteurs institutionnels du tourisme local. Ainsi, tandis que Julien Boullay, directeur marketing AMP formule le vœu que ces vols « attirent aussi les Russes sur le territoire», Loïc Chovelon, directeur du Comité régional du tourisme (CRT), parle de son côté perspectives. « Le marché russe, c’est plus de 300 000 nuitées. Il était dynamique, mais il stagnait. Avec les vols mis en place par Aigle Azur, nous espérons le renforcement de cette clientèle touristique. Tout dernièrement, ce sont déjà 63 Tours operators russes qui ont découvert le territoire dans le cadre de Rendez-vous en France. Ils constituaient l’une des plus grosses délégations de ce salon professionnel… Et le CRT ira bientôt à Moscou pour rencontrer l’ensemble des OT (Offices du tourisme NDLR)». Silvie Allemand, responsable communication de l’office de tourisme métropolitain a d’ailleurs rebondi avec enthousiasme : «Tous les plans, toutes les documentations en russe sont prêtes. L’OT est en ordre de marche pour accueillir cette clientèle !» Ainsi, Aigle Azur déploie-t-elle sa stratégie : «On continue de construire sur les bases, on renforce le long-courrier, on consolide le moyen-courrier. On déploie enfin de nouveaux services, notamment sur le numérique». La compagnie accélère en effet son développement sur le web et communique différemment. Elle a lancé le paiement partagé, ainsi qu’un paiement quatre fois sans frais pour les long-courriers. Enfin, elle s’améliore aussi en termes de qualité de service. «Un gros travail a été réalisé sur la ponctualité. C’était le cancer d’Aigle Azur, nous étions l’une des compagnies les moins performantes d’Europe sur ce point. Sur Orly aujourd’hui, nous sommes la deuxième compagnie la plus ponctuelle. C’est un virage que l’on a réussi à prendre en un an».
Carole PAYRAU