CRIF Marseille-Provence : une convention pour analyser la montée de la haine antisémite

C’est à l’Hôtel de Région que le Crif Marseille Provence vient de tenir sa convention régionale. Une manifestation marquée par la tragédie de l’attaque terroriste du 7 octobre et la montée de l’antisémitisme dans de nombreux pays.

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De nombreuses personnalités ont participé à la Convention du Crif Marseille-Provence qui a organisé 2 tables rondes autour de tragédie de l’attaque terroriste du 7 octobre et la montée de l’antisémitisme dans de nombreux pays. ©DR

 

Une question traverse la convention régionale du Crif Marseille-Provence : « Pourquoi tant de haine ? ». Question évoquée lors de deux tables rondes. La première porte sur la France face aux extrêmes et réunit la députée Renaissance Evelyne Yadan, l’ancien Premier ministre Manuel Valls et David Revault d’Allonnes, rédacteur en chef L’Hémicycle, éditorialiste à France Info et France 24.  La deuxième a pour objet: « Quel monde après le 7 octobre ? » avec Eric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël, Mohamed Sifaoui, journaliste, écrivain et Franck Tapiro, publicitaire, fondateur de Diaspora Défense Forces. Débats animés par Benjamin Petrover.

Le Crif Marseille-Provence précise, concernant la première table ronde : « En France comme ailleurs en Europe, nous constatons un phénomène de fragmentation électorale accentué par la personnalisation de la vie politique. Les courants proches du souverainisme de droite entrent dans une phase de normalisation. L’extrême gauche assume un virage radical sans précédent. Cette montée grandissante des extrêmes est arrivée par l’influence grandissante du wokisme qui suscite de nombreuses inquiétudes quant à sa propension à étouffer la diversité d’opinion et à créer des clivages dans la société ».

« Décrypter les situations et armer intellectuellement»

Fabienne Bendayan, la présidente du Crif Marseille Provence plaide en faveur « d’un enseignement sans concession du respect des valeurs fondamentales. Au Crif nous sommes déterminés à lutter contre les ennemis de la démocratie, contre les ennemis du peuple juif et plus généralement contre tous les faiseurs de haine ». La députée Renaissance Evelyne Yadan explique : « Il faut décrypter et armer, décrypter les situations et armer intellectuellement pour être une force de réponse.» Elle dénonce LFI, et indique à propos du RN : « Il ne faut pas oublier les liens de ce parti, de Marine Le Pen, avec Bachar Al Assad, avec Poutine. D’ailleurs lors du débat sur les Européennes qui vient de se dérouler sur Public Sénat Jordan Bardella était représenté par Thierry Mariani, ami déclaré de Bachar Al Assad et de la Russie. Alors il faut bien réfléchir avant de voter et bien se rappeler que les personnes que l’on fréquente disent qui nous sommes ».

Manuel Valls évoque la nécessité d’agir « face à la haine d’Israël et des Juifs qui s’exprime à l’extrême droite comme à l’extrême gauche et de l’islamisme radical». Il faut selon lui: «soutenir, pas de façon aveugle, Israël qui est en première ligne contre l’islamisme radical ». Il  souligne à ce propos: « l’Islamisme radical mène une guerre de longue durée contre nos valeurs. En Israël, à Gaza,, chez nous, on assiste, dans des formes différentes, à une attaque contre nos valeurs universelles ». Il  constate qu’«après le 7 octobre, on a très vite essayé d’effacer cette attaque terroriste au profit de l’action d’Israël, de la guerre, avec un Hamas qui utilise les populations civiles comme bouclier. Très vite on a essayé de délégitimer l’action d’Israël en tentant d’imposer des mots comme apartheid, génocide…». Manuel Valls  met également en exergue : « Depuis le 7 octobre on assiste à un tsunami anti-juifs aux États-Unis, en Europe, dans le monde. Jamais on a assisté à un tel mouvement qui se propage sur tous les continents ». Face à ce mouvement David Revault d’Allonnes rappelle l’importance de « décrypter, analyser, expliquer face aux populismes qui montent ».

« On passe d’un affrontement purement politique à un affrontement qui mêle politique et religion »

Eric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël explique: «L’image que l’on a à l’étranger de ce pays n’a rien à voir avec ce qu’il est. C’est un pays complexe, aujourd’hui traumatisé, qui se remet en marche dans un esprit de résilience avec une volonté de repartir de l’avant.» Il évoque la position de la France : « C’est le seul pays hors Israël à avoir organisé une grande cérémonie d’hommage aux victimes. Catherine Colonna, ancienne ministre des affaires étrangères, qui préside un groupe chargé de déterminer si l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, fait le nécessaire pour « assurer sa neutralité ». La France mène également un travail en direction du Liban pour empêcher une extension du conflit ». Ceci précisé, il considère : « Nous sommes dans la première guerre d’Israël où vous avez un mouvement qui affirme clairement sa position religieuse qui attaque Israël gouverné par une nouvelle coalition dans laquelle on voit de la radicalité religieuse au pouvoir. On passe donc d’un affrontement purement politique à un affrontement qui mêle politique et religion . Une situation que l’on va voir se reproduire dans nombre de coins du monde ».

Le représentant de l’ambassade d’Israël insiste sur le fait qu’ « Israël est une démocratie. On peut critiquer le gouvernement, on peut le changer. Mais il faut bien mesurer que pour le Hamas peu importe que le gouvernement soit de droite ou de gauche ». Concernant l’opinion publique il avance : «On peut être en même temps pro-Israélien et pro-Palestinien mais on ne peut pas être pro-Hamas et pro-Israélien ». L’avenir ? Il n’exclut pas deux États : « Mais il faut commencer par le droit d’Israël de se défendre, de vivre en paix ». Franck Tapiro rappelle pour sa part : « La pensée développée pour la création d’Israël est une belle pensée de gauche».

« Un conflit israélo-islamiste »

Mohamed Sirfaoui lance : « Ce que nous vivons n’est pas un affrontement israélo-palestinien ou israélo-arabe, c’est un conflit israélo-islamiste avec le soutien de l’extrême gauche » et de noter que nombre de régimes arabes ne souhaitent pas la victoire du Hamas mais «ils ont instrumentalisé la cause palestinienne et doivent maintenant faire avec des populations favorables à la cause palestinienne ». Il en vient à la position des musulmans de France et notamment des Imams. « Beaucoup ne soutiennent pas les islamistes mais il faut bien comprendre qu’ils n’ont plus confiance dans la République. Lorsque celle-ci n’est pas capable de défendre ses enfants qui se battent pour elle ils n’ont plus envie de se battre ».

Michel CAIRE

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