Publié le 3 avril 2019 à 12h51 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 23h38
Le Réseau Entreprendre a toujours placé l’humain au centre de son action, il actionne désormais un levier de plus en proposant, dès cette année, un accompagnement en trois dimensions. Outre le bilan financier de ses lauréats, il sera dorénavant attentif aux projections en termes de sociétal et d’environnemental. Cela porte un nom : la démarche Impact+.
C’est la nouveauté made in 2019 au sein du Réseau entreprendre : une démarche du nom d’Impact plus, qui place les enjeux sociétaux et environnementaux au cœur de ces actions. Lancée à l’échelle nationale, elle ne tombe pas du ciel. La fibre éco-responsable faisait partie de l’ADN du réseau depuis toujours, explique le Président de la région Sud, Claude Schoonheere. «Elle vit déjà dans la place accordée à l’humain, le mode d’accompagnement, le bénévolat de ces chefs d’entreprise qui donnent de leur temps. Puis, en 2014, nous avons déjà mis en place un parcours fléché pour l’ESS(Économie sociale et solidaire NDLR) ». En a notamment bénéficié une EA (Entreprise adaptée) niçoise créée deux ans plus tôt, AktisEA, comptant aujourd’hui 35 collaborateurs en situation de handicap. Mais bien sûr, pour que cela se formalise aujourd’hui de façon plus lisible, il a fallu un déclic. « Aujourd’hui, la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises NDLR), c’est une vision claire pour tout le monde. Il en est de même pour tous les questionnements qui gravitent autour de ça : comment va être l’économie dans 10 ans, quelles relations au sein de l’entreprise, quels mouvements solidaires mettre en œuvre… La RSE est en marche, et elle va mûrir de plus en plus. Au sein du réseau, il fallait donc que l’on y aille tous, il fallait enclencher, nous aussi, le mouvement. Il concerne non seulement les membres, mais aussi les lauréats ». Pour l’heure, la démarche Impact +, présentée en novembre dernier aux cinq associations composant le réseau Provence Alpes-Côte d’Azur, a recueilli tous les suffrages et suscité l’enthousiasme des équipes encadrantes. Elle se met peu à peu en place en ce début 2019. Mais qu’impliquera-t-elle pour les membres bénévoles, en termes d’accompagnement ?
Quels outils ?
Concrètement, il s’agira «d’apporter un regard supplémentaire. On était jusqu’ici attentif au bilan financier uniquement, on le sera maintenant sur les bilans sociétal et environnemental. Pour ce faire, nous sommes en train de mettre en place des outils. Certains sont déjà prêts. On a travaillé par exemple sur la question de la gouvernance». Mais déployer tout un arsenal en matière de reporting extra-financier -une spécialité encore considérée comme émergente- n’est pas chose simple, a fortiori lorsque l’on accompagne des entreprises se réclamant de secteurs d’activités diversifiés. A titre d’illustration, le réseau Entreprendre Paca «a accompagné 200 entreprises en 2018». Cela en fait, des cas de figures… Et il faudra incontestablement des réponses différentes, selon le profil. «Beaucoup d’acteurs sont encore dans l’exploratoire là-dessus. Nous avons échangé avec des grands groupes, ils nous ont dit qu’ils voulaient mieux faire en matière de RSE… mais ne savaient pas comment». Une des pistes viendra de la connexion à d’autres acteurs locaux. «Nous allons par exemple travailler avec AMU et la SATT Sud-Est sur l’innovation. Des échanges qui nous permettrons de rechercher la bonne technologie, selon l’entrepreneur. Nous allons rapprocher les PME avec le monde de la recherche. Il y a beaucoup de brevets et de licences inutilisés sur les étagères de la SATT ». Un partenariat qui aidera les lauréats à s’engager dans la voie de la RSE en s’aidant de solutions innovantes, quand cela est possible.
Un accompagnement effectif au printemps
Puis il conviendra de voir quoi mettre en place dans les domaines où il n’y a pas d’outils. «On s’interroge par exemple sur les labels… Toutefois les labels, c’est un stock. Nous sommes plutôt partisans d’une logique de flux, en aidant les lauréats à s’engager dans une démarche que l’on fait progresser». Exemple avec la compagnie de transports Grollier. «A priori il s’agit d’une activité avec une forte empreinte carbone, complexe à engager dans la transition. Le dirigeant possède 80 poids lourds, autant de chauffeurs. Il s’est demandé ce qu’il pouvait faire… Il a commencé par anticiper le remplacement de ces camions. Moins gourmands en carburant, avec des systèmes de freinage plus efficaces… Il a ensuite équipé ses chauffeurs avec des vêtements chauds, il fait encore plus attention aux heures de travail…» Inutile de dire que les réponses apportées par le réseau se feront au cas par cas, «ce qui est notre philosophie, de toute façon». Bref, un nouveau parcours «augmenté» qui toutefois, «ne constitue pas un ticket pour entrer dans le réseau». Ainsi, la performance ou les projections en termes de RSE ne seront pas non plus un critère de rejet d’une candidature. Toutefois une fois passés du stade d’appelés à celui d’élus, les lauréats se verront dispenser cette nouvelle approche. Le temps donc de finaliser les outils pour cela. « D’ici mai ou juin, cela devrait être effectif», conclut Claude Schoonheere.
Carole PAYRAU