Pénurie de médicaments, pénurie de personnel, plus faible rentabilité des officines, les pharmaciens en ont ras-le-bol et entendent le faire savoir. Ils appellent à baisser le rideau le jeudi 30 mai s’ils ne sont pas entendus par le gouvernement.
Initié à Marseille
Le mouvement de colère est né à Marseille. Depuis il fait tache d’huile de département en département. Les deux principaux syndicats FSPF et USPO mobilisent les troupes et appellent à fermer les pharmacies fin mai si le gouvernement reste sourd à leurs revendications. En cause une situation économique des pharmacies qui se dégrade.
« On nous demande plus avec moins »
Valérie Ollier la présidente de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) 13 ne décolère pas. A la tête de la pharmacie du Grand pavois à Marseille (8e), elle est l’initiatrice du mouvement. « Nous ne voulons plus travailler en ayant toujours moins de moyens. On n’y arrive pas. On ne peut plus embaucher et payer du personnel pour faire tout ce que l’on nous demande ». Seconde irritation, la volonté de certains députés de financiariser et de faire entrer des fonds de pension dans les pharmacies. « C’est une très mauvaise idée car on laissera sur le côté les pharmacies les moins rentables souvent dans des déserts médicaux ».
Un cocktail de pénuries
S’ajoute à cela les pénuries en tout genre. En personnel, toutes fonctions confondues, il manque des milliers de salariés. Et surtout de médicaments. « Chaque jour, on passe une à deux heures pour essayer de trouver de l’amoxicilline sous forme pédiatrique, de l’insuline et bien d’autres. Quand des gens arrivent et qu’on leur dit on n’en a pas c’est un gros stress pour eux et il faut gérer ce stress ». La colère monte d’un cran quand ils découvrent que ces problèmes sont nettement moindres chez nos voisins. « Ils achètent ces médicaments 20 à 30% plus chers alors les laboratoires font rapidement les calculs et vendent leurs produits en Allemagne ou en Italie. Biogaran, une entreprise française est à vendre car les médicaments génériques n’étaient plus rentables pour eux ».
Les revendications
Les pharmaciens réclament essentiellement une revalorisation de leurs honoraires. Ils n’ont pas évolué depuis 2020 alors que le pourcentage sur les médicaments a tendance à régresser. Face à toutes les contraintes, à l’inflation et aux revalorisations salariales pour garder le personnel c’est pour eux la seule solution pour maintenir un nombre décent de pharmacies. « Celles qui sont dans des lieux favorables vont s’en sortir mais celles des déserts médicaux vont fermer. Sur les 2 000 fermetures en cinq ans, la très grande majorité est liée à l’absence de repreneurs faute de rentabilité ». En janvier dernier 36 officines ont fermé.
Bras de fer
Actuellement le bras de fer se poursuit avec le gouvernement qui fait la sourde oreille aux revendications des pharmaciens. Plusieurs réunions se tiendront à nouveau à la fin du mois et mi-mai. Les pharmaciens n’entendent en tout cas pas céder. Le dernier grand mouvement remonte à 2014. A l’époque le ministre de l’Économie était un certain Emmanuel Macron. Leurs requêtes avaient été exaucées.
Reportage Joël BARCY