Jean-Luc Chauvin, président au nom de la CCIAMP de Provence Promotion et Bernard Deflesselles, vice-président au nom de la métropole AMP, les deux structures se succédant à la tête de cette agence d’attractivité du territoire tous les 3 ans, viennent de présenter les résultats 2023 qui positionnent les Bouches-du-Rhône parmi le territoire où l’attractivité progresse le plus en France.
Les résultats sont là pour Provence Promotion et cela ne pousse pas l’agence à s’endormir sur ses lauriers. Tout au contraire. Jean-Luc Chauvin a répété une nouvelle fois que les deux années qui viennent auront un impact, positif ou négatif pour les 40 prochaines années. Il appuie son propos sur l’intervention du président de la République dans la Tribune. Rappelle l’enjeu de l’industrie décarbonée et la transition énergétique sur Marseille Fos avec pas moins de 11 à 15 milliards d’euros d’investissements qui «frappent à notre porte». Il insiste « Ce sont jusqu’à 14 000 emplois à la clé sur une zone industrialo-portuaire de Fos qui en compte déjà un peu plus de 13 000». Il insiste : « Il s’agit d’une chance pour la souveraineté de l’Europe, de la France et pour le made in Provence. Mais, afin que cela devienne réalité il faut nous montrer unis pour faire des choix historiques, visionnaires et prendre des décisions rapides ».
« C’est fini l’époque où quelqu’un arrivait de Paris pour dire qu’un projet est bon »
Pour Jean-Luc Chauvin, « Il faudra avec l’État, la Région, la Métropole et les communes, débloquer des fonds pour mettre à niveau les infrastructures, notamment en matière de transport; assouplir les règles administratives; rattraper nos retards et faire respecter les promesses. Il faut accélérer la desserte et l’accessibilité de la zone de Fos ». Il tient à préciser qu’: « il faut bien faire comprendre que l’industrie n’a aucun rapport avec celle que l’on a connue, qu’industrialiser se conjugue aujourd’hui avec emploi et qualité de vie. Et, qu’aujourd’hui écologie et économie vont de pair ». Il enchaîne sur l’enjeu démocratique : « C’est fini l’époque où quelqu’un arrivait de Paris pour dire qu’un projet est bon pour l’intérêt général et que donc on va le réaliser » Il évoque la ligne à 400 000 volts nécessaire pour le développement du décarboné sur Fos : « Il faut tout étudier avec l’État, RTE, les habitants et faire ce qui sera le plus rapide et le plus accepté avec un passage le moins impactant possible. Il faut comprendre que tous les projets qui ne sont pas suffisamment pensés avec les territoires seront voués à l’échec ».
Il insiste sur le logement, les équipements et, bien sûr le foncier économique « Nous organiserons de grandes assises du foncier économique lors du deuxième semestre 2024 », annonce Jean-Luc Chauvin qui prévient: « Et il ne faut pas croire que si on rate ce virage on n’aura pas de nouvelles entreprises mais on gardera les anciennes. Non, elles partiront aussi pour des territoires plus attractifs. Et n’oublions pas qu’un emploi industriel c’est trois emplois induits». Pour Bernard Deflesselles en matière d’implantation d’entreprises : « Il faut faire plus, mieux et plus vite. C’est un problème français, nous sommes trop lents. Alors que, pour être compétitif à l’international il faudrait proposer un terrain à 18 mois il faut ici entre 24 et 60 mois».
Jean-Luc Chauvin n’oublie pas le dossier Rhin-Rhône, invitant à rêver grand. « Lorsque j’en ai parlé la première fois tout le monde m’est tombé dessus et puis je vois que le président de la République l’a évoqué aussi. Il rejoindra les grands corridors fluviaux que sont Rhin et Danube. C’est à ce prix qu’on fera circuler les marchandises de façon décarbonée ». Bernard Deflesselles insiste : « Les États-Unis mettent des centaines de milliards dans la décarbonation. Si nous n’avançons pas, si nous n’expliquons pas que, dans les trois ans, la décarbonation c’est ici que cela se jouera alors on aura perdu ».
Provence Promotion enregistre une proportion record de 55% de projets d’origine étrangère
Puis de revenir au bilan avec Bernard Deflesselles, ex député, conseiller métropolitain pour qui : « l’année 2023 était source d’inquiétude et, finalement le résultat est correct. 71 entreprises se sont installées sur le territoire, soit 1 924 emplois créés et pérennisés sur une période de trois ans. Et, pour la première fois, Provence Promotion enregistre une proportion record de 55% de projets d’origine étrangère, soit une hausse de 11% par rapport à 2022 ». Résultat d’autant plus notable que la moyenne, au niveau national, est négative (-5%). « La France reste toutefois pour la cinquième année consécutive sur le podium européen », indique-t-il avant de préciser: « Ces 39 projets étrangers représentent 940 emplois sur un total de 71 projets. Ils confirment la bonne position du territoire comme une destination de choix pour les investisseurs internationaux.» Il met en exergue que « 14 de ces 29 projets viennent d’Afrique, 10 de pays européens, 7 des États-Unis, 5 d’Asie et 3 du Moyen-Orient ».
Les 32 autres sont des projets issus d’entreprises françaises exogènes au territoire. Dans les pans d’activité économique clés du territoire, les filières les plus dynamiques pour attirer des investissements sont les secteurs de l’économie numérique (29 projets pour 740 emplois) et l’économie industrialo-portuaire (22 projets pour 740 emplois). Bernard Deflesselles considére : « Nous avons la chance de disposer de nombreux secteurs d’excellence sur ce territoire ce qui nous permet d’amortir les crises et d’avoir de l’ambition ». Mais il déplore le décrochage de l’Europe par rapport aux États-Unis : « Il y a 10 ans le PIB de l’Europe représentait 91% de celui des États-Unis, il n’est plus que de 65%. L’Europe a du soucis à se faire ».
« Nous avons un vraie richesse d’employabilité sur ce territoire »
La volonté de se battre pour le développement de ce territoire n’en est pas pour autant émoussée comme l’indique Jean-Luc Chauvin : « Nous avons des atouts, nous sommes « sécure » pour les Américains dans la zone Europe-Afrique-Moyen-Orient et nous sommes attractifs pour les pays francophones ». Puis de mettre en avant deux entreprises qui ont fait le choix de l’implantation sur le territoire D.Carbonize, start-up belge innovante du numérique est spécialisée dans la mesure de l’impact des stratégies de décarbonation. Détectée puis accompagnée par Provence Promotion, D.Carbonize choisit Zebox à Marseille pour développer son outil « Carbon Cockpit » et aider les PME et les industriels à atteindre leurs objectifs de neutralité carbone. Corinne Boucly présente Intelcia qui poursuit sa croissance sur le site de l’Estaque avec le soutien de Provence Promotion. L’entreprise marocaine développe son activité, fait aujourd’hui appel à des ingénieurs. Elle indique : « Marseille est un Hub technologique, nous nous inscrivons ici dans la durée et nous savons que la formation suivra ». Elle ajoute : « Nous avons tous les âges, toutes les qualifications chez nous. Et nous avons un vraie richesse d’employabilité sur ce territoire notamment avec les jeunes des Quartiers Nord ».
Jean-Luc Chauvin conclut : « Nous avons de bons résultats, nous pouvons encore mieux faire. Raison pour laquelle nous voulons remonter l’impact de Provence Promotion au plus près de ceux qui décident, du board des entreprises. Il se réjouit dans ce cadre de voir Marseille bientôt disposer d’une représentation diplomatique indienne».
Michel CAIRE