7e Festival de pâques d’Aix-en-Provence – Du Mozart comme s’il en pleuvait

Publié le 24 avril 2019 à  23h23 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h44

Concert gratuit pour les Aixois (Photo Caroline Doutre)
Concert gratuit pour les Aixois (Photo Caroline Doutre)

Tradition oblige, le Festival de Pâques offre tous les ans dans la cathédrale d’Aix un concert gratuit aux résidents de la Ville. Pour cette édition 2019 la tâche de réaliser ce grand moment de musique et de partage incomba en ce dimanche pascal à la Camerata Salzburg dirigée par Alondra de La Parra, mais où l’on nota la présence au piano de Robert Levin. Une présence plus qu’active puisque c’est lui qui, selon des principes de jeu élaborés par Mozart en personne, donna la cadence du «Concerto pour piano et orchestre N°5 » qu’il fit jouer en l’occurrence de manière ultra rapide, voire échevelée. Piano battant, l’Allegro du 1er mouvement avait de quoi surprendre et déranger, mais on reconnaîtra dans ce choix très assumé de Robert Levin une cohérence, et une esthétique rendue plus flamboyante encore par un Andante du 2e mouvement absolument émouvant. Quant à la Camerata et La Para qui accompagnèrent aussi Levin sur le «Rondo pour piano et orchestre», ils proposèrent au final une très sonore version des «Entractes de Thomas, roi d’Égypte», œuvre fort peu souvent jouée en public. De la belle ouvrage mais sans une once de surprise pour clore donc ce concert festif, où dans une Cathédrale d’Aix pleine à craquer, Dominique Bluzet dans son allocution de bienvenue n’avait pas manqué d’évoquer Notre-Dame de Paris devenue depuis l’incendie qui en ravagea une partie le « Notre-Drame » de tous les Français.

Le violon de Mozart et des lettres de Wolfgang-Amadeus à son père

Rolando Villazón, récitant,  Emmanuel Tjeknavorian, violon, Maximilian Kromer, piano. (Photo Caroline Doutre)
Rolando Villazón, récitant, Emmanuel Tjeknavorian, violon, Maximilian Kromer, piano. (Photo Caroline Doutre)

Il ne fallait pas se laisser aller à la contemplation de cette magnifique cathédrale aixoise si on ne voulait pas rater le concert donné à 18 heures au Jeu de Paume. Un moment rendu exceptionnel non en raison du programme, pourtant très original, proposé dans l’écrin qu’est ce théâtre mais parce que Emmanuel Tjeknavorian joua sur le violon personnel de Mozart prêté par la Fondation Mozarteum, et dont la date de fabrication correspondait avec celle de la construction du Théâtre du Jeu de Paume. Pour l’accompagner le violoniste s’était entouré de son ami le pianiste Maximilian Kramer, avec qui il offrit au public des extraits de sonates piano-violon de Mozart, réalisés avec perfection, élégance et une osmose complète. Ces instants musicaux servant à illustrer chacune des lettres que Wolfgang-Amadeus écrivit à son père et que Rolando Villazón était chargé de lire et qui avaient été choisies avec un souci évident de mêler émotion et drôlerie. Visiblement heureux d’être le récitant de ce spectacle intitulé «Mon très cher papa», le ténor franco-mexicain se laissait aller à la fantaisie narrative puisqu’il dut se reprendre à deux fois pour en lire une après s’être aperçu qu’il avait sauté une ligne. Enthousiasme teinté de nonchalance, Rolando Villazón présentait des lettres fameuses où Mozart, toujours très respectueux de ce père avec qui il entretint des relations compliquées, mais au final empreintes d’amour, évoquait sa démission pour cause d’honneur bafoué, sa passion des femmes, la mort de sa mère, ou son amour pour Constance. On apprend plein de choses ici, on est reconnaissant au récitant plutôt bon comédien de témoigner une telle joie, et on ressort en ayant envie d’écouter à nouveau Mozart. Projet abouti donc !
Jean-Rémi BARLAND

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