Publié le 27 mai 2024 à 12h13 - Dernière mise à jour le 2 juin 2024 à 20h00
L’exposition «Marseille cœur maritime» labellisée olympiade de la culture, voit la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille-Provence et le Musée Regards de Provence mettre en lumière le lien singulier que Marseille entretient avec la mer à travers des œuvres remarquables : peintures, affiches, maquettes. A découvrir jusqu’au 7 octobre.
Le fil conducteur de l’exposition s’articule autour du port de Marseille, de ses bassins portuaires, des infrastructures appuyant leur développement, des hommes qui y travaillent et des navires qui y évoluent. Différents visages d’une Marseille maritime sont mis en lumière par des artistes tels que Jean-Frédéric Canepa, Alfred Casile, Victor Coste, Émile Loubon, Alphonse Moutte, Raphaël Ponson, Joseph Suchet, Louis-Mathieu Verdilhan, Edmond Astruc et bien d’autres encore. Ces quelques 90 œuvres proposent un véritable condensé de 26 siècles d’activité maritime. Le commissariat de l’exposition est assuré par Patrick Boulanger, de l’Académie de Marseille et ancien conservateur des Collections de la CCIAMP, Adeline Dumon, Directrice du Musée Regards de Provence ainsi que l’équipe en charge du patrimoine culturel de la CCIAMP.
Première Chambre de commerce du monde, créée en 1599
Première Chambre de commerce du monde, créée en 1599 du fait des nécessités économiques de l’époque, elle a de tout temps contribué à favoriser les échanges maritimes. Le rôle du port a été essentiel pour son développement. Actrice de son territoire et ouverte sur le monde, la Chambre s’est dotée au fil des siècles d’une collection patrimoniale, riche de témoignages des activités humaines. Les archives, qu’elle conserve, témoignent largement des relations internationales qu’elle a tissées et entretenues, tant avec la diplomatie qu’avec les négociants du pourtour méditerranéen.
Une première exposition en 1883
Patrick Boulanger, membre de l’Académie de Marseille et ancien conservateur de la CCIAMP, évoque une première exposition en 1883, dans la salle des dépêches du Petit Marseillais qui a poussé à l’ouverture, au début du XXe siècle, au sein du Palais de la Bourse, siège de l’institution, d’un musée réunissant œuvres d’art et objets se rapportant à la marine, répondant ainsi au souhait de nombreux Marseillais. Modeste au départ, ce musée a pris de l’importance après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa fermeture en 2018. Au fil des années, étoffé par de nouvelles acquisitions, il a accueilli notamment plusieurs donations de mécènes permettant de compléter ce patrimoine remarquable. Il fait découvrir l’exposition qui, à travers les œuvres choisies, montre l’histoire du port et de la ville. Patrick Boulanger précise : « Conservées en quasi-totalité au sein du Palais de la Bourse, la collection rassemble aujourd’hui quelques 11 500 gravures, tableaux et aquarelles, plus de 5 000 affiches publicitaires, environ 200 modèles réduits, 4 800 objets divers, accompagnés de 100 000 photographies ».
« Toutes les époques sont représentées »
Adeline Dumon explique : « Le fil conducteur de cet événement en est tout naturellement les bassins portuaires, les infrastructures appuyant leur développement, les hommes qui y travaillent et les navires qui y évoluent, interprétés par le talent d’artistes aux techniques plurielles et aux regards singuliers ». Ce sont ainsi différents visages d’une Marseille maritime qui sont mis en lumière à travers des artistes tels Casile, Ponson, Moutte, Astruc, Verdihan… «Les regards de ces artistes, poursuit-elle, se tournent vers les travailleurs, les navires et les grues ; les quais de déchargement encombrées de marchandises locales ou exotiques et les tenues bigarrées de ceux qui les arpentent, venus des quatre coins du bassin méditerranéen voire de plus loin encore ; les portefaix peinant sous le poids de leurs colis et les cheminées fumantes des bateaux à vapeur ». Adeline Dumon souligne encore : « Toutes les époques sont représentées, de Victor Coste, qui nous propulse dans une Massalia tout juste fondée, à Jean-Frédéric Canepa qui dépeint la Marseille meurtrie d’après la Libération». Puis insiste sur une exposition qui se termine «sur un bel ensemble d’affiches, la plupart éditées par de grandes compagnies de transport maritime pour souligner la modernité de leur flotte et le nombre de liaisons assurées, avec souvent Marseille pour toile de fond».
« 2 de nos 4 kilomètres d’archives vont prochainement déménagées au sein des archives départementales »
Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIMP rappelle : « Principale garante de la régulation et de la croissance des échanges commerciaux, notre Chambre de Commerce et d’Industrie, première CCI au monde créée en 1599, a historiquement joué un rôle moteur dans le développement de Marseille et ses relations fructueuses avec Mare Nostrum ». « Avec cette exposition, poursuit-il, nous souhaitons remettre en lumière nos trésors culturels et artistiques qui, pour nombre d’entre eux, « croupissaient » dans nos murs et sous-sols depuis des années. Cette exposition permettra à nos visiteurs d’admirer une sélection de pièces d’une valeur historique incomparable, issues d’une collection exceptionnelle constituée au fil du temps par des acquisitions et des dons ». Il insiste en parlant d’«un patrimoine remarquable que nous avons la responsabilité collective de conserver, de valoriser, de faire découvrir et de faire partager au plus grand nombre. Soyez assurés qu’avec les services de l’État, la Région, le Conseil Départemental, la Métropole, la mairie de Marseille, avec notre comité de pilotage du Patrimoine, nous nous y attelons ». Il annonce qu’à cet effet: « 2 de nos 4 kilomètres d’archives vont prochainement déménagées au sein des archives départementales ».
Dévoile que « cette exposition est aussi et surtout l’histoire d’un pari fou qui a germé dans nos esprits il y a près de deux ans … en pleine tempête médiatique. Alors que Marseille et sa rade majestueuse accueilleront les épreuves olympiques de voile, il était de notre devoir d’offrir au plus grand nombre la possibilité de découvrir ou de redécouvrir une infime partie de notre riche patrimoine ». A son tour il considère qu’il s’imposait de montrer Marseille, son port et de ses bassins portuaires. « Nous avions à cœur de montrer aux Marseillaises et aux Marseillais ces paysages qu’ils connaissent bien pour les vivre et les côtoyer au quotidien. Nous avions à cœur de les exposer et de les faire connaître largement à tous les visiteurs nationaux et internationaux qui nous feront l’honneur de leur visite ».
« Pour la création d’une école des métiers de la mer et d’un cluster de la mer»
Le président de la CCIAMP espère que «cette exposition, au-delà du devoir de mémoire qui nous incombe, nous réinvite collectivement et durablement à nous réconcilier avec la mer et à revisiter notre histoire et notre identité portuaire. Que cette exposition nous inspire pour repenser et projeter notre développement économique autour de l’économie bleue. J’en suis convaincu notre port constitue le poumon incontournable de notre rayonnement mondial. Il ne sera, n’en déplaise à certains, en aucun cas un frein ». Pour Jean-Luc Chauvin, c’est ainsi que : «fort de notre lustre portuaire d’antan et confiant dans une relation prometteuse avec la mer, que notre territoire saura grandir. Permettez-moi d’appeler de mes vœux la création enfin d’une école des métiers de la mer et d’un cluster de la mer ! Gageons pour conclure que nos artistes contemporains, locaux et internationaux, trouveront ici, et à l’occasion des Jeux olympiques, une source inépuisable d’inspiration et d’expression ».
L’ancienne station sanitaire était la porte d’entrée de Marseille
« Nous savons que la richesse nous vient de la mer et qu’il est impossible de tourner le dos au port, mieux, nous avons besoin d’un développement industriel sur Fos qui va faire rayonner le territoire. Alors pourquoi pas un Fos en grand ?», préconise Martine Vassal, présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence et du Département des Bouches-du-Rhône. Renaud Muselier indique à son tour : « Je crois dans le port, dans l’activité maritime. Il y en a qui ne veulent pas de bateaux, moi si, en prenant en compte la qualité de l’air, de l’eau, avec des escales zéro fumée. L’enjeu du territoire est là ». Le Préfet de Région Christophe Mirmand, rappelle: « Le port brasse une multitude de visages : commerçant, industriel, plaisancier et c’est ce que montre ces tableaux ». Puis il signale : «Comment ne pas constater que cette exposition a lieu dans le Musée Regards de Provence implanté sur le site de l’ancienne station sanitaire qui était la porte d’entrée de Marseille ».
Michel CAIRE
Plus d’info: museeregardsdeprovence.com