A l’Odéon de Marseille, « Quatre jours à Paris » ouvre la saison d’Opérette en plaçant la barre haut, très haut !

Publié le 28 octobre 2017 à  20h59 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h42

Ouverture de rideau après l’entracte. Le seul moment ou tous les protagonistes de la production sont sur scène. La photographie idéale pour ne fâcher personne. (Photo Christian Dresse)
Ouverture de rideau après l’entracte. Le seul moment ou tous les protagonistes de la production sont sur scène. La photographie idéale pour ne fâcher personne. (Photo Christian Dresse)
Du bonheur on vous dit… Que du bonheur. Pour grands et petits, pour hommes et femmes, pour tout le monde, en fait. Ces «Quatre jours à Paris », l’opérette de Francis Lopez programmée à l’Odéon de Marseille pour l’ouverture de la saison, est un bijou, un remonte moral, une thérapie pour zygomatiques bloqués, un spectacle vivant comme il faudrait en voir un par semaine pour se réconcilier avec la vie heureuse. A l’heure d’écrire un compte-rendu du spectacle, difficile de savoir par où commencer et, surtout, comment ne pas réciter un chapelet de banalités laudatives. Alors, j’ai choisi de débuter ce modeste opus en parlant de celle qui m’a fait exploser de rire, mais aussi séduit et ému : Julie Morgane dans le rôle de Zénaïde, la «boniche un peu simplette» de Montaron. Elle incarne ce personnage avec un réalisme parfois émouvant, une omniprésence désopilante, toujours sur le fil sans basculer une seconde dans la vulgarité ou dans la lourdeur. La jeune femme est exceptionnelle d’humour, de jeu… Sans oublier sa voix car oui, elle chante, et plutôt bien. Sa performance est plus que remarquable et rien que pour sa prestation j’ai bien envie de retourner vivre ces «Quatre jours à Paris» dans quelques heures. Pour rester sur le côté désopilant de la production, il convient de poursuivre avec un Antoine Bonelli, Hyacinthe, en forme, théâtrale, olympique. Être là, sur scène, c’est sa vie et ça se devine sans être grand devin ! Son jeu est ébouriffant, comme ses perruques, son humour immense et il se cache pour pouffer de rire lorsqu’il a du mal à se retenir. Du Bonelli pur sucre à déguster sans modération et merde pour le diabète… A leurs côtés, la délicieuse Amélie Robins est une Gabrielle d’exception, comédienne mais aussi très solide vocalement. Il faut dire que sa carrière de soprano est entrain de prendre une belle dimension sur les scènes européennes et qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Un vrai plaisir de la voir et de l’entendre ici. Tout pareil pour Caroline Géa qui pour camper Amparita, la brésilienne, double le challenge avec l’obligation de jouer et chanter avec un accent qui n’est pas le sien. Une vraie performance artistique. Carole Clin et Priscilla Beyrand, Simone et Clémentine, sont d’idéales ingénues délaissées.
Du côté des garçons, Grégory Benchenafi campe ce séduisant Ferdinand, adulé par les femmes, sans trop de problèmes. Pour la beauté il n’a pas à forcer son talent, talent qu’il possède comme comédien et comme artiste lyrique. Que demander de plus ? Le Nicolas de Grégory Juppin est immense, scéniquement. Quel comédien ! Et pour le chant, il ne lui manque rien. Guy Bonfiglio, scéniquement et vocalement, campe un imposant et très présent Bolivar, Jacques Duparc est un excellent Montaron et Jean Goltier est au niveau de qualité de la troupe pour incarner Dieudonné et Ambroise. Mais revenons à Jacques Duparc qui, s’il est sur scène, signe aussi une relecture intelligente des ces «Quatre Jours à Paris» en donnant à l’œuvre de la modernité et un dynamisme qui la servent. Bravo aussi aux danseuses et danseurs, totalement intégrés à la mise en scène. Pour conclure comment ne pas tresser une couronne de laurier à Bruno Membrey, directeur musical d’un orchestre de l’Odéon qui, décidément, a atteint un excellent niveau.
Michel EGEA
Pratique. Autre représentation ce dimanche 29 octobre à 14h30 à l’Odéon sur la Canebière à Marseille. Il reste des places à la vente.

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