Publié le 15 octobre 2017 à 10h27 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h41
Certains fidèles des saisons de l’Opéra sont arrivés un tantinet frustrés, vendredi soir, de n’avoir à se mettre sous les yeux et dans l’oreille qu’une version concertante de «La Favorite» de Gaetano Donizetti. Près de trois heures plus tard, les mêmes ont descendu les marches du parvis de l’institution lyrique marseillaise avec un large sourire. Il faut dire qu’entre temps, s’ils n’ont eu qu’une image presque fixe à se mettre sous les yeux (encore que parfois la direction du maestro Arrivabeni soit assez spectaculaire), les oreilles en ont eu pour leur argent ! Au fond, devant le cyclo bleu, le chœur : masse impressionnante, précision époustouflante, toute âme dehors pour faire vibrer les notes et insuffler au drame les couleurs de la passion. Une fois de plus le travail d’Emmanuel Trenque a porté ses fruits : le svelte chef de chœur avait le droit d’arborer un radieux sourire aux saluts. Devant le chœur, cet orchestre philharmonique de Marseille qui, s’il est désormais reconnu pour sa qualité, sait s’offrir quelques moments extatiques lorsqu’il a la chance d’être dirigé par un maestro attentif avec lequel les musiciens aiment communier. Il ne fait aucun doute que Paolo Arrivabeni est de ces derniers, profitant sans retenu de l’excellence de la «matière musicale» délivrée à tous les pupitres pour faire briller la partition de Donizetti tour à tour flamboyante et dense ou posée et émouvante. De-ci de-là, quelques phrases musicales nous remémorent Offenbach ou Verdi et le tout est une composition qui ne laisse pas la place à l’ennui.
Puis, tout au devant de scène, les solistes. Dans le rôle titre, c’est Clémentine Margaine qui avait été conviée par Maurice Xiberras, le directeur de l’Opéra, décidément bien inspiré dans la composition de ses distributions. La mezzo fut remarquable dans son interprétation jouant sur sa puissance et sa belle ligne de chant pour conférer toute sa dimension dramatique au personnage de Léonor. A ses côtés, Jennifer Michel est une émouvante Ines ; la voix est bien placée et bien projetée, avec juste ce qu’il faut de délicatesse et de fragilité pour camper le rôle avec justesse. Une belle prestation de la jeune femme en attente visible d’un heureux événement. Du côté des hommes, Paolo Fanale campait un Fernand; ténor «de poche» il se sort, sans trop de mal d’une partition redoutable, avec aisance pendant les deux premiers actes, une légère faiblesse au début du troisième avant de se remettre en place pour livrer un final émouvant. A ses côtés, Jean-François Lapointe, Alphonse XI, est somptueux. Le baryton nous a habitués à des prestations de grande qualité, elle le fut encore vendredi soir. Aisance, puissance, nuances : rien ne manque. Du grand chant ! Même chose pour Nicolas Courjal qui incarne un imposant Blathazar ; la voix est sans faille, remarquable sur la totalité de la tessiture. Grande basse. Loïc Félix fut un excellent Gaspard. Au total une première de grande qualité dont le niveau musical et vocal a vite fait oublier que nous assistions à une version concertante.
Michel EGEA
Autres représentations dimanche 15 octobre à 14h30 puis, mercredi 18 et samedi 21 octobre à 20 heures. Réservations : 04 91 55 11 10/ 04 91 55
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