A ne pas manquer à la Fondation Van Gogh Arles jusqu’au 20 octobre – Niko Pirosmani « ethnopeintre » et « trésor national » géorgien

Publié le 15 septembre 2019 à  19h32 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h30

Le visiteur ne reste pas indifférent à l’atmosphère pour le moins troublante du
Le visiteur ne reste pas indifférent à l’atmosphère pour le moins troublante du
Scène de vie rurale:
Scène de vie rurale:
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L’exposition accrochée depuis le mois de juin à la Fondation Van Gogh est exceptionnelle à plus d’un titre. En premier lieu de par la qualité des œuvres proposées aux visiteurs qui, pour nombre d’entre eux, se laissent séduire pour la première fois par l’immense talent de Niko Pirosmani. En second lieu lorsque l’on sait que l’État Géorgien n’accepte que rarement de faire voyager un aussi grand nombre d’œuvres de cet artiste qui, s’il est mort dans la misère -ayant vécu les dernières années de sa vie dans un placard à balais sous un escalier- voit sa production aujourd’hui élevée dans son pays au rang de «trésor national», ses toiles étant toutes exposées au Musée National à Tbilissi. Et lorsqu’une telle exposition est mise en place, c’est aussi un acte politique, la Géorgie en profitant pour travailler sur son intégration à l’Europe par le biais, ici, de son patrimoine culturel. Les présences au vernissage, en juin dernier, du ministre de la Culture géorgien et du directeur du Musée National, étaient loin d’être fortuites. Né en 1862, Niko Pirosmani devient orphelin huit ans plus tard. Il est élevé par une famille qui lui fait rencontrer un peintre paysagiste et lui permet de suivre une formation de typographe. Mais la vie ne l’épargnera pas, faisant de lui un touche à tout, un artiste autodidacte et vagabond qui ne trouvera jamais l’âme sœur, qui plongera dans la boisson, sera plus ou moins reconnu comme peintre avant de mourir dans la déchéance en mai 1918, quelques jours avant la déclaration d’indépendance de la Géorgie. Pirosmani est donc autodidacte. Mais il est aussi un grand observateur et chacune de ses errances, transposées sur la toile, le carton ou le bois, constitue un important fonds ethnologique où transparaissent les modes de vie d’une société qui est, à cette époque, en pleine évolution. Portrait saisissants, scènes de vie rurale où l’on se plonge avec délectation, représentations animales étonnantes : il est urgent de découvrir ce monde à travers les yeux d’un artiste qui ne fait pas de concessions dans sa peinture tout comme la vie ne lui en a pas fait pour son existence. Deux choses frappent dans la découverte de ces œuvres. La première c’est leur pouvoir de fascination. On y rentre facilement puis on y reste pour lire une histoire, faire vivre les images… Le monde de Pirosmani peut devenir addictif très rapidement. Autre élément fascinant de l’œuvre du Géorgien : la lumière. «La Montagne de l’Arsenal la nuit», «Le Pont des Baudets», «Le Train de Kakhétie» ou encore «Ours au clair de lune» témoignent d’une réelle capacité à travailler cette lumière pour renforcer la fantasmagorie des représentations. Niko Pirosmani est un peintre d’avant-garde resté trop longtemps méconnu du fait de sa personnalité et de la politique. Aujourd’hui, c’est cette même politique qui lui permet d’être découvert en Europe. Et c’est tant mieux.
Michel EGEA

Pratique. Exposition visible jusqu’au 20 octobre – Fondation Vincent Van Gogh Arles – 35, rue du Dr Fanton, 13200 Arles – Tél. 04 90 93 08 08.
Jusqu’au 30 septembre, ouvert de 11 heures à 19 heures tous les jours. Du 1er au 20 octobre, ouvert de 11 heures à 18 heures du mardi au dimanche.
fondation-vincentvangogh-arles.org

Les 20 et 21 septembre à Arles, un symposium sur les autodidactes

La Fondation Vincent van Gogh Arles organise les 20 et 21 septembre prochains son troisième symposium intitulé « Les autodidactes – De Van Gogh à Pirosmani. Il entend revenir sur deux modèles d’autodidactes du XIXe siècle, Niko Pirosmani (1862-1918) et Vincent van Gogh (1853-1890), ainsi que sur les enjeux que soulève cette notion aujourd’hui. Le modèle de l’autodidacte apparaît dès lors comme une figure qui nous éclaire sur nos systèmes de valeurs, nos modalités de reconnaissance et d’apprentissage au sein d’un monde où coexistent différentes conceptions de la culture. Lors de deux journées, historiens de l’art, critiques, écrivains, artistes et enseignants se réunissent pour débattre de l’autodidaxie à travers de multiples perspectives.
Les intervenants :
Maja Hoffmann, présidente et fondatrice de la Fondation Luma et présidente de la Fondation Vincent van Gogh Arles
Medhi Belhaj Kacem, écrivain indépendant
Mathis Collins, artiste, Paris
Bice Curiger, directrice artistique de la Fondation Vincent van Gogh Arles
Philippe Dagen, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université Paris I Panthéon Sorbonne et critique d’art au quotidien Le Monde
Diedrich Diederichsen, écrivain, commissaire d’exposition, critique et professeur à l’académie des beaux-arts, Vienne
Susanne von Falkenhausen, professeure émérite d’histoire de l’art moderne et contemporain à l’université Humbolt de Berlin
Giorgi Khoshtaria, historien d’art, professeur universitaire, ancien ministre des Affaires Étrangères de la Géorgie, Tbilissi
Nino Khundadze, curatrice en chef des nouvelles collections contemporaines au Musée national de Géorgie, Tbilissi
Ekaterine Kiknadze, historienne de l’art, directrice du Musée des beaux-arts Shalva Amiranashvili et de la Galerie Nationale Dimitri Shevardnadze, Tbilissi
Charlotte Laubard, historienne de l’art, curatrice et directrice du département d’Arts visuels de la Head, Genève
Wato Tsereteli, artiste, curateur et directeur du CCA de Tbilissi
Natsuko Uchino, artiste, Paris et Saint-Quentin-la-Poterie
Dinara Vachnadze, directrice des collections au Musée national de Géorgie, Tbilissi
Raphaela Vogel, artiste, Berlin
Gilda Williams, éditrice, critique d’art, maitre de conférence au MFA Curating, Goldsmiths, Université de Londres et auteure de « How to Write about Contemporary Art »
Programme :
Vendredi 20 septembre de 10 heures à 17h45 (Luma Arles, la Formation)
Vendredi 20 septembre à 21h30 : projection du documentaire Tim Rollins & K.O.S (dans la cour de la Fondation Vincent van Gogh Arles)
Samedi 21 septembre de 10 heures à 14 heures (Luma Arles, la Formation)
Samedi 21 septembre de 17 heures à 18 heures, à la Fondation Vincent van Gogh Arles devant les œuvres de Pirosmani
Conférences en traduction simultanée français/anglais. La participation au symposium est libre. L’inscription est requise par email symposium@fvvga.org

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