Académie d’Aix-Marseille: protocole sanitaire, Carré régalien, décrochage scolaire… Bernard Beignier présente la rentrée scolaire 2021

Publié le 31 août 2021 à  11h59 - Dernière mise à  jour le 9 juin 2023 à  21h59

Bernard Beigner, Recteur de la région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur, Recteur de l’académie d’Aix-Marseille, Chancelier des universités, en présence de Dasen* (Inspecteurs d’académie -directeurs académiques des services de l’Éducation nationale) du territoire, vient de présenter la rentrée scolaire dans les 1er et second degré. Une rentrée 100% en présentiel mais avec un protocole sanitaire, qu’il précise, accompagné d’un plan de continuité pédagogique, en cas d’enseignement à distance. Au-delà, selon Bernard Beignier, le président Macron devrait annoncer un Plan pour les écoles lors de son prochain déplacement à Marseille. Entretien.

Bernard Beignier accompagné de Dasen du territoire présente la rentrée scolaire 2021 © Mireille Bianciotto
Bernard Beignier accompagné de Dasen du territoire présente la rentrée scolaire 2021 © Mireille Bianciotto
son_copie_petit-493.jpgDestimed: Le protocole sanitaire a 4 niveaux. Est-ce que cela va impliquer une plus grande souplesse ? Bernard Beigner: Oui, nécessairement, puisque nous avons 4 niveaux d’intervention. Pour le moment nous sommes au niveau 2, et s’agissant de l’application du protocole, il pourra varier, nationalement ou localement, et même très localement puisqu’il pourra y avoir des déclinaisons départementales. Ce protocole est très simple, il comprend 8 pages, il a 4 colonnes, il a 4 variantes, sur le site du ministère ou sur le site de l’académie d’Aix-Marseille. Nous verrons à la fin du mois de septembre quel sera le niveau du protocole mais ce qui est aussi important c’est que les parents peuvent regarder les 4 niveaux et se dire qu’il n’y aura pas de niveau supplémentaire, durant l’année.

«Je pense que nous pourrons faire face»

Après ces deux années, est-ce que vous voyez cette rentrée plus sereine ? C’est vrai que le terme de sérénité qui a été employé correspond assez bien à la vision de moi-même, Recteur et des Dasen qui sont mes adjoints. D’abord parce qu’on a eu du temps pour préparer tout cela. Nous n’avons pas été dans la précipitation, et nous maîtrisons davantage de sujets, par exemple, le Cned (Centre National d’Enseignement à Distance), a été adapté pour permettre une plus grande facilité et, c’est désormais un instrument exceptionnel. Il faut bien insister là-dessus, le Cned est quelque chose de pratiquement unique au monde grâce à ce qui s’est passé dans notre pays. Nous maîtrisons également, plus finement, les questions de mise en confinement des élèves qui ont été « cas contact » et de leur suivi à distance. Donc, globalement, je ne suis pas inquiet notamment aussi parce que les professeurs sont vaccinés à près de 90 %. Les élèves des collèges et des lycées sont parfaitement au courant de la situation, les parents également, donc, très sincèrement, je pense que nous pourrons faire face à tout cela. Après, y aura-t-il de nouveaux variants qui pourraient surgir et bouleverser la donne…? Est-ce que le décrochage scolaire a augmenté au cours de ces années de crise ? D’abord, le décrochage, malheureusement, n’est pas une nouveauté. Simplement la crise l’a davantage souligné. Depuis maintenant une décennie, nous luttons contre le décrochage scolaire. Ce à quoi il faut réfléchir c’est que l’enseignement à distance peut être un moyen pour faire revenir des élèves qui, en fait, ne sont pas vraiment hostiles à l’éducation, ils sont hostiles au système éducatif, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Nous pouvons sans doute travailler à faire revenir ces élèves en utilisant d’autres moyens. Je suis absolument convaincu qu’il y a des élèves pour lesquels il faut inventer un système éducatif qui leur soit approprié. Nous avons un exemple, à Marseille, au micro lycée du lycée Diderot. Une petite structure intérieure au lycée qui accueille des décrocheurs. Des jeunes qui ont claqué la porte, qui sont partis et qui s’aperçoivent que ne ce n’est pas une solution et qui reviennent. Nous avons 100 % de succès avec ces élèves. Il faut faire, encore une fois, de la personnalisation, comme la ministre l’a rappelé, et vraiment corriger ce petit défaut que nous avons mais qui n’est pas propre à la France et qui est de dire dans telle classe, tout le monde fait à peu près la même chose: non, les élèves ne sont pas tous les mêmes, il faut s’adapter à cela, notamment dans la lutte contre les décrochages qui est vraiment d’actualité. C’est vrai la crise nous a encore plus sensibilisé à tout cela. Croyez bien que nous en avons une très vive conscience, un élève qui décroche, aujourd’hui, il ne décroche pas simplement de l’Éducation nationale, il décroche de la société. Il n’aura plus aucune place dans la société, parce qu’il n’aura reçu aucune formation, avec tous les dangers qu’il encourt, pour lui-même d’abord et pour le reste de la société, c’est une mission vraiment impérative. Pour le département vous avez étendu un arrêté préfectoral ? C’est le préfet qui a pris un arrêté pour le département des Bouches-du-Rhône, étendant le port du masque dans certains secteurs publics, à l’extérieur et, en particulier, dans les 50 mètres qui entourent un établissement scolaire. C’est la raison pour laquelle, en concertation avec le préfet j’ai décidé que, à l’intérieur de ces établissements, les masques seraient obligatoires dans la cour de récréation alors même que le protocole n°2 ne rend pas les masques obligatoires. Il faut que nous soyons cohérents, on ne peut pas avoir une mesure dans les cours de récréation et une autre mesure pour les 50 mètres, plus personne n’y comprendrait rien. 210827-000_b_beignier_partie_1_le_protocole_sanitaire.mp3

Une campagne de vaccinations, pour les élèves, entre 12 et 17 ans

Dès le mois de septembre, l’école organise une campagne de vaccinations, pour les élèves, entre 12 et 17 ans, dont les modalités varient suivant les départements de l’académie de région. Dans les Bouches-du-Rhône, la campagne vise à rattraper le retard pour cette tranche d’âge. Les centres de vaccination nombreux accueilleront les jeunes qui s’y rendront, à pied (pour 87 établissements) ou en transport en commun (pour 110 établissements), pour les 123 établissements restant, des discussions, sont en cours, avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment, pour savoir s’il y aura une équipe mobile ou une mise à disposition de transport scolaire. Dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, les centres de vaccination seront dans les écoles, tandis que dans les Hautes Alpes, la vaccination des jeunes sera sans rendez-vous ou sur une équipe mobile.

38 250 enseignants pour 544 259 élèves

Le rectorat, en dehors de ce protocole sanitaire, présente une rentrée normale, avec des prévisions chiffrées, 38 250 enseignants pour 544 259 élèves, 292 353 du premier degré, 251 906 du second degré et 20 127 élèves en situation de handicap, dans 2439 établissements scolaires. Une nouveauté annoncée le «carré régalien» qui ambitionne de mieux traiter des violences à l’école, en particulier avec un renforcement des liens avec la procureure de la République. Le recteur attend avec confiance la visite prochaine du Président Macron à Marseille. Selon lui, il devrait annoncer deux plans, un pour les écoles et l’autre pour le logement. Enfin, le recteur appelle à de la générosité pour l’accueil de jeunes réfugiés Afghans.
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Nous avons une diminution très visible de 2 000 élèves dans le premier degré

Le recteur Bernard Beignier annonce pour cette rentrée en termes de sécurité  le
Le recteur Bernard Beignier annonce pour cette rentrée en termes de sécurité le
Destimed: Au point de vue des chiffres concernant le nombre d’enseignants et d’élèves, est-ce qu’il y a une particularité ? Bernard Beigner: La particularité, cette année, dans l’Académie, est que nous avons une diminution très visible de 2 000 élèves dans le premier degré. En revanche, nous avons 2 800 élèves de plus dans l’enseignement secondaire. Globalement l’académie connaît une croissance démographique. Pour ce qui est de la ville de Marseille, nous attendons une croissance de 373 élèves. Mais il s’agit là que de prévisions, il faudra vérifier les chiffres. C’est un petit tassement par rapport aux années antérieures puisque habituellement Marseille scolarisait entre 500, voire 1 000 élèves de plus chaque année. Pour ce qui est des effectifs d’enseignants et même d’aides aux élèves en situation de handicap, les AEH, est-ce que l’Académie gagne des effectifs ? Nous avons toujours un problème dans le département des Bouches-du-Rhône, puisque nous avons là le plus de prescriptions de la part de la maison départementale des personnes en situation de handicap, et que nous avons, régulièrement, un déficit pour faire face à cette demande. J’en ai parfaitement conscience. Il me semble que le président de la République va probablement annoncer une croissance de moyens pour résoudre ce problème récurrent depuis de nombreuses années. Est-ce que les classes dans les collèges auront plus de 26, 28 élèves ? Non, pas du tout. Ce ne sont pas les modalités des collèges. Il faudra vraiment cette année avoir des structures très strictes, s’en tenir à la réglementation. Et, pour le moment nous avons une année ou deux, où, effectivement, nous serons strictement dans les mesures réglementaires, sans plus.

Le carré régalien

Au point de vue de la sécurité, dans les établissements scolaires, cette rentrée verra une nouveauté, le « carré régalien » ? Le carré régalien, en réalité, n’est que la mise en synergie, en harmonie, de 4 vérités qui existaient et qui ont un point commun: l’autorité publique doit être respectée, d’où le terme de carré régalien, la lutte contre les violences envers les enseignants, entre les élèves, l’atteinte aux valeurs de la République, qui peut être la contestation d’un professeur dans son cours et, le harcèlement. Tout cela est désormais structuré à l’intérieur du cabinet du recteur. Et il faut simplement dire une chose, tout enseignant qui considère avoir été victime d’un acte de violence, ou avoir été témoin d’un acte de violence, peut envoyer un message, il peut téléphoner, au proviseur pour signaler tout cela et il aura une réponse dans des délais extrêmement brefs. Y aura-il des poursuites, des suites ? Les enseignants le savent bien, il suffit de demander la protection fonctionnelle. Elle est toujours accordée avec un signalement au procureur. Là-dessus, rien de particulièrement nouveau, si ce n’est que nous travaillons vraiment très, bien avec Madame la procureure de la République pour le suivi de tous ces dossiers. Au point de vue de la réforme du baccalauréat, est-elle de mieux en mieux acceptée, notamment au niveau du grand Oral ? Oui, je crois que les élèves ont parfaitement compris que ce Grand Oral est, pour eux, très précieux. Il simplifie d’abord les examens, il ne faut pas l’oublier. Puis, il les prépare à ce qui est la vie ordinaire où, vous voyez bien qu’il s’agit de savoir s’exprimer, oralement. Je fais souvent réfléchir les élèves sur le fait que dans n’importe quel métier on doit savoir s’exprimer. Le Président Macron vient à Marseille, vous avez des attentes ? La principale attente, évidemment, c’est le plan sur les écoles de Marseille. Je pense que le Président annoncera des mesures extrêmement importantes pour la réhabilitation des écoles qui sont en souffrance. Et, au-delà de celles qui sont en souffrance, toutes celles qui ont pu être négligées, j’ai toute confiance à ce sujet. Et les piscines aussi ? Les piscines, je crois également que le Président a été sensibilisée à l’état de certaines d’entre elles. Vous dites aussi qu’il ne s’agit pas simplement de mettre de l’argent mais de suivre vraiment ces travaux pour qu’il ne soit pas nécessaire de les refaire dans 10 ans ? Oui, tout à fait. Et là-dessus il y a une parfaite adéquation entre les représentants de l’État et de la mairie. Le maire de Marseille, en particulier, souhaite, effectivement que l’État soit là aussi pour faire un suivi des travaux et faire en sorte que nous travaillons, main dans la main, avec la mairie. Je suis très heureux de cette prise de décision.

Le peuple afghan, pendant très longtemps a été, et j’espère qu’il l’est toujours, très francophile

Dernière question, on voit des réfugiés Afghans, notre région en aura certainement, est-ce que l’école est capable de les accueillir ? D’abord, ici, à Marseille, Avignon, nous avons toujours eu des réfugiés et nous en aurons. Nous avons déjà des jeunes Afghans, depuis de nombreuses années, d’ailleurs, ce n’est pas nouveau. Je vais vous dire, ces jeunes parfois ont connu des épreuves extraordinaires. Ils sont parfois très jeunes et ils ont déjà eu des expériences de la vie que beaucoup, parmi nous, n’ont pas eues. Il y a une volonté, chez eux de dominer tout cela, de s’imposer et de triompher de tout. Triompher de tout le mal qu’on a pu leur faire. Regardons ce qui est leur souffrance, regardons ce qu’ils ont subi. Regardons, également, une chose que l’on a un peu tendance à oublier, le peuple afghan, pendant très longtemps, a été, et j’espère qu’il l’est toujours, très francophile. Quand on regarde ce qu’était l’Afghanistan alors -bien sûr, cela remonte aux années soixante-dix ou quatre-vingt- il y avait beaucoup d’étudiants qui avaient fait leurs études, qui parlaient le français, qui avaient été dans des institutions françaises et qui aimaient la France. C’était un pays qui avait un regard tourné vers la France, comme d’autres pays, d’ailleurs, de ces contrées. Ceux qui auront choisi de venir se réfugier, chez nous, tout simplement, aiment la France. Sachons avoir un regard généreux, vers eux, un regard lucide, le président de la République l’a dit, très clairement, il s’agit de regarder, exactement, qui nous accueillons, mais soyons généreux et ces jeunes, pour en connaître quelques-uns, s’intégreront parfaitement bien, dans le système qui est le nôtre. 210827-000_b_beignier_partie_2_nb_prof_et_eleves_carre_regalien_macron_afghans.mp3 [(*Frédéric Gilardot, IA-Dasen des Alpes-de-Haute-Provence -Catherine Albaric-Delpech, IA-Dasen des Hautes-Alpes – Vincent Stanek, IA-Dasen des Bouches-du-Rhône – Christian Patoz, IA-Dasen de Vaucluse – Charles Bourdeaud’Huy, DRRH2 – David Lazzerini, Secrétaire général adjoint.)] Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

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