Aéroport Marseille Provence – Jean-Luc Chauvin : « Nous ne lâcherons rien car notre avenir se joue là »

Publié le 26 novembre 2017 à  13h11 - Dernière mise à  jour le 9 juin 2023 à  22h12

Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence (Photo Robert Poulain)
Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence (Photo Robert Poulain)
L’aéroport Marseille-Provence construit son avenir. Il vient de dévoiler son projet d’extension du terminal 1 signé par le cabinet d’architectes Foster + Partners qui sera livré en 2020. Jean-Luc Chauvin, le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Marseille-Provence a, à cette occasion, rappelé qu’en tant qu’actionnaire historique «la CCIMP est légitime pour se préoccuper du futur de l’Aéroport. Nous avons géré cet outil pendant 40 ans, avec notamment la création MP2, aujourd’hui Terminal 2. Et je salue à ce propos l’action visionnaire de mes prédécesseurs». Une Chambre qui se positionne comme leader dans le délicat dossier de privatisation de l’aéroport sachant que l’État a déjà cédé 60% des parts qu’il détenait dans les aéroports de Toulouse, Nice et Lyon. Un sujet sur lequel il est revenu à l’occasion de la signature d’un partenariat avec le Département 13, en faveur de l’emploi, Martine Vassal, présidente de l’institution intervenant également sur cette question.

«Il nous reste, à agir et à prévoir les investissements pour l’accès en transport collectif»

Jean-Luc Chauvin se félicite des investissements engagés et programmés notamment sur l’aérogare. Mais, il reste selon lui à agir et à prévoir les investissements notamment «pour l’accès en transport collectif avec concrètement la connexion moderne avec la gare de Vitrolles». Revient sur le devenir de l’aéroport : «Si l’État ne vend pas nous serons contents mais, il devra accompagner le développement du territoire. S’il vend il faudra qu’il réinvestisse 60% du fruit de la vente ici, pour le développement de la mobilité». Martine Vassal indiquera pour sa part: «Nous avons effectivement un problème avec le gouvernement. Nous ne savons pas à quelle sauce il veut nous manger. Si c’est comme Lyon et Toulouse cela ne nous intéresse pas. Nous voulons garder nos parts et un aéroport qui se développe». Jean-Luc Chauvin poursuit: «Notre aéroport constitue un levier formidable du développement économique de notre Métropole et de la Provence. Les résultats notamment de trafic avec plus 8 millions de passagers en témoignent. Pour rappel, il est le 2e aéroport français pour le fret, le 4e aéroport pour les passagers». Voyant-là un atout majeur de «compétitivité du territoire» et «de notre positionnement stratégique en Europe du Sud, en Méditerranée et vers l’Afrique.» Et d’insister sur un aéroport «qui est la première porte d’entrée et de sortie du territoire pour nos visiteurs internationaux. Provence Promotion peut en témoigner. L’une des premières questions que posent les entreprises étrangères qui souhaitent investir en Provence, c’est : Est-il facile de s’y rendre en avion ?».

«Le site de l’Aéroport regroupe près de 200 entreprises pour plus de 5 500 salariés»

Jean-Luc Chauvin considère que l’accessibilité aérienne constitue l’un des principaux critères d’attractivité de développement d’un territoire. «C’est aussi un outil d’attractivité et de rayonnement au service de l’emploi, du tourisme, de nos filières et de l’implantation de nouvelles entreprises. A titre d’illustration, diverses études réalisées ces dernières années par la chambre et l’Aéroport font apparaître que : le site de l’Aéroport regroupe près de 200 entreprises pour plus de 5 500 salariés. Les touristes et visiteurs aériens génèrent près d’un milliard d’euros de dépenses sur le territoire. L’aéroport est un relais de croissance pour nos entreprises, candidates à l’export, dans une période où chacun sait que leur croissance se joue à l’international. Chaque million de passagers supplémentaires crée 5 000 nouveaux emplois directs et indirects». Il assure: «Nous nous battrons pour que l’État débloque enfin les autorisations afin de développer notre accessibilité aérienne. Nous savons qu’un certain nombre de compagnies aériennes étrangères sont intéressées pour ouvrir de nouvelles lignes vers Marseille mais qu’elles ne le peuvent pas car cette opportunité leur est refusée; ainsi les responsables de l’aéroport de Miami que j’ai pu rencontrer souhaitent disposer d’une liaison permanente avec Marseille. Nous pourrions également mettre en place des navettes pour desservir l’aéroport de Casablanca, plateforme aéroportuaire incontournable de l’Afrique».

«Ne pas être relié aux grands hubs du Moyen-Orient et de l’Afrique nous fragilise»

Il en vient au Moyen-Orient, «les compagnies « Emirates » et « Qatar Airways » ne peuvent pas desservir Marseille n’étant pas autorisées à effectuer davantage de vols vers la France. Pour mémoire, ces « quotas de vols » sont négociés entre États, entre les Directions générales de l’Action civile. Soyons lucide, ne pas être relié aux grands hubs du Moyen-Orient et de l’Afrique nous fragilise par rapport aux autres aéroports dans la compétition internationale des grandes métropoles. Et cela nous empêchera inévitablement de nous imposer comme le hub naturel de la France et de l’Europe vers l’Afrique». Et d’affirmer en conclusion :«Nous ne lâcherons rien et demandons à l’État et à l’Europe de nous donner les moyens d’atteindre nos ambitions et de libérer la Provence. Nous voulons être maître de notre destin car il est fort probable que l’État se désengage et cède prochainement ses 60%. Notre futur se joue là».
Michel CAIRE

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