Aix/Marseille : Amnésie internationale entend raviver la mémoire les 23 et 24 janvier

Publié le 21 janvier 2015 à  13h35 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h36

Alain Chouraqui, Julien Harounian, Pascal Chamassian, Jean-François Chougnet ont présenté la 7e édition d'Amnésie internationale (Photo Philippe Maillé)
Alain Chouraqui, Julien Harounian, Pascal Chamassian, Jean-François Chougnet ont présenté la 7e édition d’Amnésie internationale (Photo Philippe Maillé)

La 7e édition d’Amnésie Internationale prend une ampleur toute particulière puisqu’elle se déroule l’année du centième anniversaire du génocide arménien. Sa thématique résonne d’autant plus fort : «Raviver la mémoire». L’événement se déroule sur pas moins de trois sites : Le Camp des Milles le 23 janvier, le Mucem puis les Dock des Suds le lendemain.
Julien Harounian, le président de la Jeunesse Arménienne de France (JAF) Marseille, explique : «En 2001 la JAF a créé Amnésie Internationale, une manifestation qui se tient tous les deux ans. Si les arméniens sont les tristes victimes du premier génocide d’autres, depuis, ont eu à subir cette tragédie. Il s’agit de donner les moyens de participer à leur prévention, à leur répression et à la préservation de la mémoire des victimes. Cette année est axée sur le centenaire du génocide arménien qui n’est toujours pas reconnu par son bourreau. Nous sommes sur trois lieux, Dock des Suds, partenaire historique de notre manifestation, le Mucem, situé à quelques mètres de l’endroit où ont débarqué les rescapés du génocide, les immigrés, et le Camp des Milles, lieu d’internement et de déportation vers les camps de la mort».
Avec gravité, il note : « L’actualité nous rattrape. Au lendemain des grands rassemblements citoyens suite aux attentats que la France a connu, Marseille a connu une tragédie, l’assassinat de Mikaël, un jeune lycéen de 16 ans d’origine arménienne. Nous sommes bouleversés, à côté de chez nous la situation continue de se dégrader et la haine entre individus. Il faut arrêter de fabriquer des fanatiques, apprendre à bien vivre ensemble et si nous pouvons y contribuer nous le ferons». «Nous avons assisté, poursuit-il, voilà peu à l’avant-première de The Cut (La Blessure), un film de Fatih Akin. Un acte héroïque, pour la première fois un turc réalise un film sur le génocide arménien. Il est le symbole de l’espoir qui est là. Nous entendons faire de 2015 l’année de tous les espoirs».

«C’est à Marseille que commencerons les commémorations du centenaire du génocide et ce n’est pas neutre»

Pascal Chamassian, le fondateur d’Amnésie Internationale revient sur cette édition qui est préparé depuis de longs mois. «C’est à Marseille que commencerons les commémorations du centenaire du génocide et ce n’est pas neutre», précise-t-il. A son tour, il insiste sur l’importance du J4, lieu d’implantation du Mucem. «C’est ici que sont arrivés de nombreux peuples, ici que commencent des histoires d’immigrations forcées». Puis il y a la Fondation du Camp des Milles et Alain Chouraqui, son président, «qui partagent nos visions». Il rappelle: «Les génocides sont des mécanismes qui se reproduisent et qui comptent trois temps : la préméditation, l’exécution et la négation. Et la Turquie est toujours dans la négation. Attention, en disant cela je n’ignore pas qu’il y a dans ce pays une société civile qui est debout, courageuse. Les gouvernements ont cru que le temps ferait son œuvre, que l’oubli viendrait mais, 100 ans après, des gens découvrent qu’ils ont des ancêtres arméniens. Nous allons accueillir l’historien turc Taner Akçam qui interviendra pour la première fois en France. Réfugié en Allemagne, il est l’auteur d’une dizaine de livres sur le génocide arménien et le nationalisme turc. Il dialoguera avec l’historien Yves Ternon qui, la veille interviendra aux Milles avec Claire Mouradian, Gaïdz Minassian et Alain Chouraqui pour un premier échange sur « guerres et génocides », une question que nous continuerons à approfondir au Mucem».
Alain Chouraqui rappelle le choix du Camp des Milles pour une approche inter-génocidaire qui va permettre « de nous appuyer sur l’expérience du pire mais aussi du meilleur pour expliciter les mécanismes à l’œuvre. Et nous nous inscrivons dans une approche scientifique qui a été reconnue par l’Unesco avec la création d’une chaire». «Bien sûr chaque génocide a sa spécificité mais il y a aussi des mécanismes communs qui sont toujours à l’œuvre dans notre société», tient-il à préciser. Indiquant: «Entre les extrêmes qui s’alimentent, une voie démocratique a pu s’ouvrir ces derniers jours avec une partie de la population qui s’est levée, ce qui rappelle qu’on peut dire « non » efficacement et que l’effet de groupe peut aussi jouer positivement».
Il raconte ensuite -de retour d’Istanbul où il se trouvait pendant les grandes manifestations que la France a connu- «ce que j’ai vécu là est un signe d’espoir. Les journaux faisaient tous leur une sur les attentats de Paris alors que la Turquie venait de connaître un attentat suicide et que des journaux avaient été fermés. De même les taxis ne cessaient de me parler de Paris. Je leur ai demandé pourquoi ils y étaient autant sensibles alors que leur pays venait aussi de connaître un attentat. Tous m’ont répondu que Paris ce n’était pas pareil, c’était la ville de la démocratie et que donc, l’impact de l’attentat était d’autant plus grand».
Jean-François Chougnet, le président du Mucem, annonce, pour sa part, que 2015 est aussi l’année du centenaire de la campagne des Dardanelles : « La date officielle de sa commémoration est le 25 avril, la date du génocide le 24, le gouvernement a avancé de 24 heures la journée commémorative des Dardanelles». Avant que Thierry Fabre n’indique qu’en Avril le Mucem proposera une série de manifestations sur le génocide.
Michel CAIRE

Plus d’info: Amnésie internationale

Au programme

Vendredi 23 janvier 2015 – Camp des Milles
Colloque sur la thématique « Guerres et génocides »
-14h00-15h30 – Scolaires : Thème « Raviver la mémoire »
-17h00-19h00 – Tous publics «Guerres et génocides»
Intervenants :Yves Ternon, Claire Mouradian, Gaïdz Minassian et Alain Chouraqui
Réservation conseillée : culture@campdesmilles.org
Amnésie Internationale, en partenariat avec le Camp des Milles, accueille trois membres du CSI, Conseil Scientifique International. Association loi 1901, ce conseil a pour vocation d’assurer durablement des recherches pluridisciplinaires sur le thème des génocides, ainsi que leur diffusion.

Samedi 24 janvier au Mucem (inscription obligatoire)
-14h30-16h00 – Conférence-Débat sur « Guerres et Génocides »
 Introduction avec une intervention de Yves Ternon. 
Table ronde avec Claire Mouradian, Gaydz Minassian et Yves Ternon.
-16h-16h30: Pause
-16h30-18h00: 
Dialogue/Échange entre Taner Akçam et Guillaume Perrier sur la question arménienne en Turquie en 2015
-18h00-18h30: Signature dédicace livres. 
Le MuCEM organise avec sa librairie du musée, une cité du livre en marge des conférences.
Les conférences proposées préfigurent notamment le colloque qui se tiendra en mars 2015 à la Sorbonne, sous la présidence d’Yves Ternon : « Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman dans la Grande Guerre. 1915-2015 : cent ans de recherches ».

Soirée Dock des Suds
-20h-21h: Charles Pasi
-21h15-22h-30: Nevché & Friends
-23h00-00h30: Flavia Coelho
Prix des places : 20 euros, infos et réservations 04.91.802.820 jaf.marseille@la-jaf.com

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