Aix-Marseille se donne une « French Tech »

Publié le 8 août 2014 à  21h18 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h06

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Aix-Marseille devrait obtenir officiellement le label «French Tech*» en septembre. Il s’agit là à la fois de la reconnaissance d’un potentiel performant et, surtout un titre qui doit permettre d’aller encore plus loin en matière de numérique. Car disposer d’une French Tech performante c’est s’assurer de disposer d’un écosystème intégré, en capacité de se mobiliser pour les projets de développement mais aussi susceptible d’offrir une visibilité aux produits, services ainsi qu’aux entreprises qui se créent sur le territoire. Une visibilité qui devrait être renforcé par un festival « French Tech week » qui se déroulera chaque année.
Avec 1,8 million d’habitants, 750 000 emplois et plus de 700 entreprises à capitaux étrangers, Aix-Marseille offre un vrai potentiel de développement économique. Faut-il en effet rappeler que ce territoire accueille pas moins de 8 pôles de compétitivité à forte densité numérique, dont deux à dimension mondiale (Solutions Communicantes Sécurisées) et le Pôle mer Paca), ainsi qu’une opération d’intérêt national (Euroméditerranée avec ses 480 hectares de réhabilitation urbaine) ? Aix-Marseille présente ainsi à la fois les caractéristiques d’un développement de pointe mais aussi de vastes champs d’expérimentation.
Engagés aux côtés des quatre collectivités territoriales que sont Marseille Provence Métropole, la Communauté du Pays d’Aix et les villes d’Aix-en-Provence et de Marseille dans le projet French Tech, le milieu académique a représenté également un atout majeur de la candidature avec l’innovation placée au centre des enjeux communs. Aix-Marseille Université (AMU) apporte tout son poids dans ce dossier : celui de la plus grande université francophone avec 72 000 étudiants dont 10 000 sont étrangers, 12 écoles doctorales, 132 structures de recherche et 5 grands campus. L’Ecole Centrale de Marseille, avec ses 825 étudiants en cycle d’ingénieur est aussi appelé à jouer un rôle dans French Tech.
Neuf acteurs privés, entrepreneurs emblématiques du numérique, porteurs de programme d’accélération positionnés sur les principaux marchés et technologies clés du territoire ont pris part également à cette aventure. Leurs projets doivent permettre de franchir un cap en matière de numérique et d’innovation.
Sachant que la filière du numérique est tout sauf anecdotique puisqu’elle emploie déjà à elle seule plus de 40 000 salariés privés, soit 55% des emplois numériques de la Région Paca (75 600 salariés). Au total 7 000 entreprises (9 600 établissements) génèrent un chiffre d’affaires de près de 8 milliards d’euros. Et, comme un supplément d’âme, ce territoire ambitionne de devenir un carrefour d’échanges, d’expérimentations et d’accélérateurs de talents, pour l’ensemble de la zone euroméditerranéenne.
Loin d’être réductible aux faits divers, Aix-Marseille se révèle être à la pointe du faire (les usages, les usagers) et du fabriqué (la production). Le territoire bénéficie d’une antériorité d’investissement sur les filières du numérique.
D’un poids aussi important que celui de la filière touristique et celui de l’industrie portuaire, le numérique constitue ainsi un des principaux moteurs économiques du territoire provençal. Véritable carrefour de la Méditerranée, Aix-Marseille représente un des trois « hot spots » du numérique avec Barcelone et surtout Tel Aviv qui présente des similitudes et complémentarités fortes, que ce soit sur les technologies liées à la sécurité ou encore à la création de startups innovantes issues d’incubateurs. Avec la lisibilité qu’offre French Tech l’ambition est de renforcer, pérenniser cette créativité, en attirant de nouveaux investisseurs afin de développer l’emploi et la croissance économique.
Michel CAIRE

(*) La French Tech

La French Tech est le nom collectif pour désigner tous les acteurs de l’écosystème de start-up français. Les entrepreneurs bien sûr mais aussi tous ceux qui s’engagent et qui contribuent à la croissance et au rayonnement des startups : investisseurs, ingénieurs, designers, développeurs, étudiants, associations, blogueurs, medias, opérateurs publics, etc. La French Tech englobe toutes les startups, c’est-à-dire toutes les entreprises de croissance porteuses d’une ambition globale : à tous les stades de développement, de la très jeune société en amorçage à la startup en développement riche de plusieurs centaines de collaborateurs à l’assaut d’un marché mondial et les startups de tous les secteurs. Comme partout dans le monde, le numérique est un moteur majeur de son développement, et la French Tech englobe aussi bien les « pure players » numériques, que les startups medtech, biotech, cleantech, etc.
Une initiative de l’État
Pour encourager cette dynamique, passer à la vitesse supérieure et faire de la France une « Start-up République » d’envergure mondiale, Fleur Pellerin a lancé l’initiative le 27 novembre 2013: « L’initiative French Tech c’est d’abord une ambition : construire un grand mouvement de mobilisation collective pour la croissance et le rayonnement des start-up numériques françaises. L’objectif, c’est de tout faire pour que les prochains Google naissent et se développent ici, en France et en Europe».
Sa philosophie : s’appuyer sur les initiatives des membres de la French Tech eux-mêmes, mettre en valeur ce qui existe déjà et, créer un effet boule de neige. L’initiative French Tech ce n’est pas l’État qui encadre, c’est l’État qui soutient. C’est une ambition partagée, impulsée par l’Etat mais portée et construite avec tous les acteurs.
« Nous allumons la flamme, c’est aux acteurs de l’écosystème d’apporter le carburant! », ajoutait Fleur Pellerin en février 2014.
Ses objectifs et ses moyens
Le premier objectif de l’initiative French Tech est de susciter partout en France une dynamique collective la plus large possible en faveur de la croissance et du rayonnement des startups.
Pour cela, elle s’appuie sur deux moyens :- un étendard commun, la French Tech, une marque ouverte et partagée. Cette bannière permet à tous les acteurs qui s’engagent pour les start-up de se rassembler et de se coaliser pour atteindre une masse critique suffisante et être pris en considération à l’échelle du monde.
– un label « Métropoles French Tech » pour reconnaître quelques écosystèmes particulièrement denses, dynamiques et visibles à l’international. Ce label n’est associé à aucun moyen financier direct.
Le deuxième objectif est de soutenir en France le développement d’ «accélérateurs de start-up » privés. Pour cela l’initiative s’appuie sur un fonds d’investissement de 200 M€, géré par Bpifrance, afin de co-investir en fonds propres dans de tels accélérateurs.
Le troisième objectif consiste à renforcer la visibilité et l’attractivité internationale de l’écosystème français des startups. Un budget de 15M€, opéré par l’Agence française pour le investissements internationaux (AFII), est ainsi mobilisé pour une campagne de promotion internationale qui s’appuie sur la marque « La French Tech » portée par le plus grand nombre à l’international par un réseau d’acteurs emblématiques (entrepreneurs, développeurs, investisseurs, etc.) qui seront ses ambassadeurs, et sur des opérations d’attractivité et de promotion internationale, portées essentiellement par des acteurs privés.
L’initiative French Tech se donne enfin un objectif transversal : renforcer la lisibilité et la cohérence des actions publiques en faveur des start-up. Elle ne crée pas de nouvelle organisation ni de nouvel outil public, mais elle est portée par une petite équipe, la Mission French Tech, qui travaille en lien serré avec les Directions des Ministères de l’économie et des finances (Direction générale des entreprises, Direction générale du trésor), des Affaires Etrangères et avec le Commissariat Général à l’Investissement. Ses partenaires, les piliers de l’initiative, sont les opérateurs nationaux, qui, sous la bannière commune « French Tech » coordonnent leurs actions en faveur des start-up : la Caisse des dépôts, Bpifrance, Ubifrance et l’Agence Française pour les Investissements Internationaux.
Les financements de l’Initiative French Tech dédiés aux accélérateurs 200M€ et à l’attractivité internationale de 15M€ s’inscrivent dans le Programme d’investissements d’avenir. Dans ce cadre, l’opérateur est la Caisse des dépôts qui s’appuie sur Bpifrance pour l’investissement dans les accélérateurs et sur l’Agence française pour les investissements internationaux pour la promotion internationale.
Cependant la French Tech émet actuellement quelque inquiétude. Si les 200 millions d’euros promis par la BPI pour le financement des programmes d’accélération de start up sont toujours à l’ordre du jour, la Tribune rapporte que «les entreprises s’inquiètent de l’avenir du programme dédié aux « opérations d’attractivité internationales ». Ce programme, dont la dotation prévue est de 15 millions d’euros, semble peiner à rassembler suffisamment de suffrages» rapporte le quotidien, qui cite sur ce point des sources gouvernementales proches du dossier.

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