Aix-en-Provence. On a vu au Jeu de Paume le tour de chant intimiste de Françoise Fabian

Publié le 7 octobre 2019 à  8h45 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h32

Françoise Fabian était au Jeu de Paume à Aix-en-Provence pour un tour de chant intimiste (Photo Christophe Roué)
Françoise Fabian était au Jeu de Paume à Aix-en-Provence pour un tour de chant intimiste (Photo Christophe Roué)

D’abord trois musiciens. Qui d’emblée vous saisissent. Sur des lumières tirant vers l’orange et passablement réduites pour créer un climat d’intimité, Valentine Duteil fait entendre un violoncelle aérien Victor Paimblanc, un piano qui se fait par moments jazzy, et Victor Paimblanc laisse ses guitares et claviers habiller l’ensemble d’une douceur infinie. On a compris que ce serait comme une soirée entre amis sans éclats de voix ni expressivité exacerbée, et qu’on privilégiera les silences et les sourires à toute autre forme d’excès. Puis Françoise Fabian traverse le fond de scène, disparaît et réapparaît devant nous pour démarrer son récital. L’actrice muée en chanteuse ? Elle a toujours aimé cette forme d’expression. Déjà enfant, et en toutes saisons elle qui affirme avec la candeur d’une petite fille : «J’aime me donner, m’inventer, me compromettre… » elle poussait la mélodie. Et aujourd’hui la voilà en mode pro avec un album construit par Alex Beaupain, (le complice de Christophe Honoré sur le film «Les chansons d’amour»), qui l’a devinée, et grâce à qui elle se sent dit-elle «terriblement vivante». Douze chansons évoquant le destin d’une femme entre vingt et quarante ans avec ses joies, ses doutes, ses peines, ses espoirs. Douze chansons signées Beaupain/Julien Clerc, Charles Aznavour, Vincent Delerm, La Grande Sophie, Jean-Claude Carrière/Beaupain, Dominique A., Beaupain tout seul, Dreyfus/Martin, Ker/Bardainne, Axel Reynaud/Valentine Duteil en personne, c’est-à-dire des paroliers et mélodistes qui savent trousser avec habileté des refrains. Et qui ont su mettre en valeur le talent d’interprète de Françoise Fabian, qui dès qu’elle investit la scène crée l’événement. Rappelant qu’elle n’a pas pris de cours de chant, suivant ainsi le conseil d’Alex Beaupain lui-même, la comédienne incarne avec modestie et panache les différentes narratrices qu’on lui a demandé de mettre en valeur. On retiendra «Cligner des yeux », ou «Ce diable d’homme», ou encore «Monsieur, vous vous trompez d’épaule», très proche de l’univers du «Vous qui passez sans me voir » de Charles Trenet. Une heure de concert de haute tenue, où, bien sûr la voix n’est pas toujours fixée, avec outre les chansons de l’album les reprises personnelles de «J’attendrai», et «Un jour tu verras». Si cela manque de folie, l’inventivité est là, Françoise Fabian s’imposant à 84 ans comme artiste d’une éternelle jeunesse d’esprit.
Jean-Rémi BARLAND

Françoise Fabian, album éponyme. Turenne Music/LaBréa Music. Distribué par Wagram Music.

Articles similaires

Aller au contenu principal