Aix-en-Provence: Barbara Hannigan, la soprano qui voulait être chef(fe) fait craquer le Grand Théâtre de Provence

Publié le 14 décembre 2017 à  21h27 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h50

Superbe et talentueuse Barbara Hannigan à la tête de l’orchestre Ludwig.  (Photo Agnès Melon/Grand Théâtre de Provence)
Superbe et talentueuse Barbara Hannigan à la tête de l’orchestre Ludwig. (Photo Agnès Melon/Grand Théâtre de Provence)
Fascinante Barbara Hannigan. Nous la connaissions soprano, et quelle soprano, pour la création du génial «Written on skin» de George Benjamin au Festival d’Aix en juillet 2012 où elle créait le rôle d’Agnes, puis l’an dernier, émouvante Mélisande d’un Pelléas mis en scène par Katie Mitchell et voici que nous la retrouvons, mercredi soir, dans les lieux qui l’ont vue triompher comme soprano, à la tête d’un important Ludwig orchestre, toujours séduisante, toujours blonde comme les blés, souriante et sylphide. Étonnant parcours d’une femme qui aurait pu en rester à sa voix et vivre de ses cordes vocales le reste de ses jours. C’était sans compter l’envie irrésistible de diriger, de changer les rôles et de conduire elle même la locomotive. A Amsterdam, sa ville de résidence, un collectif de musiciens ont créé en 2013 «Ludwig», collectif musical solide tourné vers l’interprétation des musiques de notre temps. La rencontre a fait tilt et c’est avec cet orchestre que Barbara Hannigan a enregistré son premier CD doublé d’un CVD réalisé par Mathieu Amalric, son compagnon depuis 2015. Mercredi soir, à la tête de cet excellentissime orchestre la soprano devenue chef(fe) a fait une nouvelle fois craquer un Grand Théâtre de Provence qui n’avait d’yeux que pour elle, et d’oreilles pour elle et ses musiciens. Tout débutait dans l’obscurité avec «Syrinx» composition pour flûte seule de Debussy, qui s’envolait depuis le balcon servie par Ingrid Geerlings. Ambiance installée, entre mystère, rêve, magie et ailleurs… Enchaînement sans temps mort avec la version pour orchestre à cordes de «La Nuit Transfigurée» de Schönberg. A notre avis «le» temps fort de cette soirée avec une direction aérienne et très personnelle de Barbara Hannigan -qui nous a fait voyager loin, très loin, dans la tête- c’était un moment hors du temps, délicieux mais très solide, avec des sonorités somptueuses issues de cordes diaboliquement précises. Rien que pour cette interprétation il fallait être là mercredi soir ! C’est en deuxième partie que Barbara Hannigan allait faire entendre sa superbe voix, à deux reprises, dans la «Lulu Suite» d’Alban Berg et, au final, pour cette «Girl Crazy Suite» un arrangement de Bill Elliott sur des compositions de Gershwin. Pour nous, c’était une découverte. Il fallait vraiment y être pour apprécier cette double vie d’artiste de la vedette du soir qui obtenait, pour elle mais aussi pour Ludwig, une longue ovation debout.
Michel EGEA
A venir. Concert de Noël, samedi 16 décembre à 20 h 30 avec Café Zimmermann et l’ensemble Aedes de Mathieu Romano qui donneront des œuvres de Marc-Antoine Charpentier sous la direction de Dominique Visse. A ne pas manquer.
Réservation 08 2013 2013 – lestheatres.net

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