Aix-en-Provence. On a vu au Grand théâtre de Provence le Versailles musical d’Alexandre Tharaud avec en prime « La Marseillaise » de…Liszt

Publié le 14 novembre 2019 à  14h26 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h25

Alexandre Tharaud dans la musique française comme en son jardin. (Photo Christophe Grémiot)
Alexandre Tharaud dans la musique française comme en son jardin. (Photo Christophe Grémiot)
«En choisissant ce programme original, je vous invite à écouter une musique assez peu jouée, comme on écoute un grand-père vous parlant, au coin du feu, d’un monde qui n’existe plus.» Visiblement heureux de présenter au public du GTP d’Aix son nouveau récital prolongé par un disque, intitulé «Versailles », sortant conjointement chez Erato, Alexandre Tharaud nous a emmenés découvrir ou redécouvrir des œuvres signées Lully, Couperin, Rameau, mais aussi Jacques Duphly (1715-1789), ou Jean Françaix (1912-1997). Présentant assez longuement ce compositeur qu’il affectionne particulièrement, le pianiste a rappelé que Françaix signa la musique du film de Sacha Guitry «Si Versailles m’était conté…» et d’en proposer des extraits, avec, en, prime, une duo en compagnie de son tourneur de pages de la soirée, à savoir le jeune pianiste Melvil Chapoutot, spécialiste de Chopin qui donna récemment un «Concerto pour piano N°3 » de Beethoven qui fit date. Ce ne fut pas la seule surprise du concert, Alexandre Tharaud interprétant «La Marseillaise» mais dans sa version piano conçue par un certain…..Franz Liszt. Une transcription incroyable où le compositeur hongrois qu’Eric-Emmanuel Schmitt définit comme «un étonnant » en l’opposant à Chopin qu’il présente comme «un étonné», fait surgir tout un orchestre de sa partition. La plongée dans quelques-unes des pièces pour piano de Reynaldo Hahn, (1874-1947), intitulées «Versailles», formant selon l’aveu même du musicien français «un recueil presque entièrement écrit avec des larmes » fut un instant de poésie magique. Splendide rappel que «Les Sauvages» de Rameau, où Alexandre Tharaud fit montre de panache en sachant susciter l’émotion de l’auditeur. L’extrait de l’hommage de Rameau par Debussy, ainsi que le célèbre «Tic Toc Choc ou Les Maillotins» de Couperin rappelèrent, (impression générale de la soirée), combien Alexandre Tharaud est un pianiste possédant une palette de nuances sonores infinies. Toucher aérien, programme ambitieux et plus qu’original, esprit de convivialité, l’artiste -qui fit l’acteur dans «Amour» de Hanneke, et qui n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’il se plonge dans la musique française- fit de son «Versailles» une fête des sens et de l’esprit. Un moment musical intense, puissant, généreux et intime.
Jean-Rémi BARLAND
«Versailles» par Alexandre Tharaud. CD Erato.

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