Aix unit le Japon et la Provence le temps d’un festival photographique. Visite de l’exposition « Wabi-Sabi, l’usure du temps »

Publié le 23 octobre 2015 à  20h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h42

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Franck Marcelin, à gauche, en compagnie de Robert Ramser. (Photo M.E).
Franck Marcelin, à gauche, en compagnie de Robert Ramser. (Photo M.E).

Phot’Aix 2015, le festival photographique d’Aix-en-Provence organisé par La Fontaine Obscure, a pour thème «Regards Croisés Japon / Provence ». Si l’exposition phare est consacrée à la Cité du Livre à l’invité d’honneur Risaku Suzuki jusqu’au 31 décembre, près de trente lieux accueillent jusqu’au 8 novembre les œuvres d’une cinquantaine d’artistes un peu partout en ville. Au hasard d’une balade automnale des plus agréables, nous nous sommes arrêtés dans la galerie de Franck Marcelin, 9, rue Jaubert, où Robert Ramser a accroché «L’usure du temps», ses petits formats consacrés au Wabi-Sabi. Fondement de l’art japonais incarné par la «voie du thé» de Sen No Rikyu, «l’éloge de l’ombre» de Junishiro Tanizaki ou simplement par les Haiku des poètes, wabi-sabi est défini comme suit par l’architecte japonais Tadao Ando: «Wabi-sabi est l’art japonais de trouver la beauté dans l’imperfection et la profondeur dans la nature, l’acceptation du cycle naturel de la croissance, du déclin et de la mort. Un art qui vénère la simplicité, la lenteur, l’ordre et, par dessus tout, l’authenticité. Wabi-sabi ce sont les marchés aux puces, pas les grandes surfaces ; le bois naturel plutôt que le stratifié; le papier de riz plutôt que le verre. Il célèbre les fentes et les lézardes, ainsi que les marques du temps, du climat et de l’usage. Il nous rappelle que nous sommes des êtres éphémères sur cette planète, que nos corps ainsi que le monde qui nous entoure sont poussière et retourneront poussière.»
Et Rob Ramser de poursuivre : «J’ai voulu appliquer le concept de wabi-sabi au medium photographique. Il m’a inspiré des images qui expriment tout ce que les technologies modernes ne sont pas : l’imperfection, l’authenticité, l’impermanence, l’usure du temps. Face aux millions d’images du quotidien, j’ai éprouvé le besoin de retrouver le grain aléatoire du film argentique, la lenteur et le rendu de l’appareil moyen format. Figeant un instant dans le flot du temps qui passe, les images-objets évoquent le style poétique des haiku et semblent scintiller dans le souffle de la modernité.» Il en résulte une exposition d’œuvres sensibles, presque fragiles, des images nées d’un regard décalé sur la réalité environnante et qui cherche le beau là où d’aucun passerait son chemin l’œil fixé sur le vide. Des petits formats noir et blanc qui trouvent toute leur place et leur puissance au milieu des objets si particuliers proposés par Franck Marcelin, grand spécialiste, entre autres, des arts premiers d’Océanie. Une exposition à visiter.
M.E.
Pratique. Jusqu’au 8 novembre au 9, rue Jaubert. La galerie de Franck Marcelin est ouverte du mardi au samedi de 10 à 12 heures et de 15 à 19 heures. Programme complet de Phot’Aix 2015 sur fontaine-obscure.com

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