Algérie : évolution de la politique énergétique

Le nouveau ministre algérien de l’énergie et des mines, Salah Khebri, n’a pas attendu très longtemps pour annoncer son programme. Nommé le 14 mai, il a présenté dès le 24 mai au Conseil des ministres, un programme placé sous le signe de la sobriété, de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables : une consommation nationale d’énergie qui devrait être réduite de 9% à l’horizon 2030 pour une économie de 63 millions de tonnes équivalent-pétrole (tep), un gain financier de $ 42 milliards.

La mise en œuvre du programme national de développement de l’efficacité énergétique conduira à l’isolation thermique de 100 000 logements par an. Il permettra également la conversion au GPL de plus de 1 million de véhicules particuliers et plus de 20 000 autobus. Ce programme devrait par ailleurs créer plus de 180 000 emplois.
Côté production, les énergies renouvelables devraient assurer 37% de la production d’électricité, à l’horizon 2030, contre 27% prévus son prédécesseur Youcef Yousfi. Cette progression, qui devrait représenter une économie de près de 300 milliards de m3 de gaz entre 2021 et 2030, alors disponibles pour l’exportation, est rendue possible par la baisse des coûts de production du solaire et de l’éolien.
Le président Abdelaziz Bouteflika, qui présidait le Conseil des ministres, a de son côté déclaré que le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique «contribuera au développement économique du pays ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie de la population».
Cette nouvelle orientation ne découle pas seulement d’une conversion à l’énergie décarbonée mais aussi du constat que la crise du secteur des hydrocarbures risque de durer. La baisse des revenus des hydrocarbures ont enregistré une chute de 42,8% durant les quatre premiers mois de 2015, en raison de la chute des prix du pétrole de près de 60% en juillet 2014 début 2015. Entre le 1er janvier et le 30 avril, les hydrocarbures ont ainsi généré 12,54 milliards de dollars, contre 21,93 milliards durant la même période en 2014, enregistrant un recul de 42,83 %, selon le Centre national de l’informatique et des statiques (Cnis) des douanes. Sur les quatre premiers mois de 2015, la balance commerciale de l’Algérie a, de son côté, enregistré un déficit de 4,32 milliards de dollars contre un excédent de 3,4 mds de dollars à la même période 2014, a ajouté le Cnis.
Or les hydrocarbures rapportent à l’Algérie plus de 95 % de ses recettes extérieures, et contribuent pour 60 % au budget de l’État. Le pays produit 1,2 million de barils par jour (mbj), correspondant à son quota fixé par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Entre le 1er trimestre 2014 et le 1er trimestre 2015, le prix du pétrole algérien est tombé de $109,8/b à $55/b (-50 %), et selon le premier ministre Abdelmalek Sellal, les réserves de change ont reculé de $14,4 milliards en 2014 à $178,69 milliards, comparé à $193,3 milliards au 31 décembre 2013 et «au rythme actuel des dépenses publiques et des importations, nous allons vers une grave crise financière en 2019. À $60/b, les réserves de change atteindront $38 milliards dans quatre ans. À $50/b, elles se situeront à $9 milliards», a averti le Premier ministre algérien.
Energymed

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