Principales mesures du Plan anti-radicalisation dévoilé par Édouard Philippe

Publié le 25 février 2018 à  13h40 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h30

Après la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, adoptée dès octobre 2017, le Premier ministre, Édouard Philippe, a réuni, vendredi 23 février, à la préfecture de Lille, un Comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) avec une dizaine de ministres dont Gérard Collomb (Intérieur), Nicole Belloubet (justice), Jean-Michel Blanquer (Éducation nationale) et présenté un plan national de prévention de la radicalisation qui formule 60 mesures -«fruit d’une large concertation menée par le secrétariat général du CIPDR, qui a mobilisé 20 départements ministériels à partir du retour sur les dispositifs mis en place et les expérimentations conduites»- baptisé «Prévenir pour protéger».

Parmi les principaux points du Plan de prévention de la radicalisation

Mieux détecter et prendre en charge les détenus radicalisés
On compte dans les prisons françaises 512 Terroristes islamistes en détention (TIS) et 1 139 prisonniers de droit commun identifiés comme «radicalisés». Pour faire face à ce phénomène, le nombre des quartiers d’évaluation de la radicalisation (qui permettent une évaluation pluridisciplinaire d’un détenu en quatre mois) sera porté de trois à sept (dont un «QER» dédié exclusivement à l’évaluation des détenus de droit commun radicalisés). Selon Édouard Philippe, 250 détenus pourront être évalués chaque année. Selon leur niveau de dangerosité, les détenus radicalisés feront l’objet d’un placement à l’isolement, dans un quartier pour détenus violents ou dans des «quartiers de prévention de la radicalisation». La garde des Sceaux a indiqué que ces quartiers, présentés comme «étanches», seront installés dans 78 établissements pénitentiaires. Au total, 1 500 places seront créées, dont 450 d’ici à la fin 2018.

Des «centres de jour» après l’échec de Pontourny
Le Premier ministre a annoncé la création de trois «centres de jour» à Marseille, Lyon et Lille en insistant sur le fait qu’ils constituaient des «expérimentations» d’une prise en charge «individualisée» de personnes radicalisées «sous-main de justice».

Une meilleure prise en charge des «revenants» mineurs
Édouard Philippe a rappelé que 68 mineurs étaient revenus de la zone syro-irakienne ces derniers mois. Ils sont en quasi-totalité âgés de moins de 13 ans (les trois quarts ayant moins de huit ans). Il a insisté sur leur prise en charge «au long cours» et sur l’importance d’un «suivi psychologique».

Écarter des fonctionnaires radicalisés
Deux décrets permettront d’écarter de ses fonctions un militaire ou un policier radicalisé, y compris si la radicalisation a eu lieu après son entrée en fonction. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avait notamment insisté sur la nécessité d’une telle mesure. Par ailleurs, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, est chargé d’étudier les modalités permettant d’écarter des agents publics radicalisés en contact avec des populations sensibles.

Un meilleur contrôle des écoles hors contrat
Le gouvernement exprime son soutien à une proposition de loi votée par le Sénat et visant à durcir les conditions d’ouverture d’établissements scolaires hors contrat, afin de combattre l’émergence de structures islamistes. Édouard Philippe a évoqué 150 ouvertures d’écoles hors contrat en 2017 contre une trentaine quelques années auparavant. L’Éducation nationale mettra également en place des équipes d’inspecteurs spécialisés en la matière.

Les réseaux sociaux sous pression
Les réseaux sociaux sont invités à mettre en œuvre la possibilité d’un retrait en une heure de contenus illicites. Le Premier ministre a souligné que si la chose n’était pas faite dans les trois mois, la France soutiendrait des mesures plus radicales au niveau de l’Union Européenne. Dans un autre registre, l’Éducation nationale développera des outils pédagogiques pour lutter auprès des élèves contre les thèses complotistes très répandues sur le net.


La psychologie et la psychiatrie mobilisées
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, organisera à l’automne 2018 des États généraux sur la psychologie, la psychiatrie et la radicalisation. Une occasion de mettre à plat les questions et réticences parfois observées. Les établissements psychiatriques participent en effet déjà au quotidien à la détection et à la prise en charge de personnes radicalisées. Mais une partie de la profession dénonce un risque de dérive sécuritaire.

Stopper les dérives dans les milieux sportifs
La ministre des Sports, Laura Flessel, est chargée de veiller à un meilleur contrôle des activités sportives pour prévenir l’entrisme des milieux islamistes.

Un comité scientifique au printemps
«Nous voulons mieux connaître, mieux comprendre pour être plus efficaces, a précisé Édouard Philippe. Un comité scientifique sera donc créé au printemps sous la tutelle de l’Institut national des hautes études de la Sécurité et de la Justice. Ses membres auront accès, sous un strict contrôle, à une partie des données du Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).

Anna CHAIRMANN

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