Arles. Exposition ‘Ré-génération’ : la Grande Vitrine hisse les couleurs à travers le regard de 3 photographes africains

Publié le 20 mai 2022 à  7h31 - Dernière mise à  jour le 6 novembre 2022 à  10h42

Lieu d’exposition de photographes africains, la Grande Vitrine affiche la couleur. La couleur pour sortir de la morosité ambiante et sublimer l’imagination. La couleur outil de narration, du dépassement de soi. La couleur enfin, reflet et miroir de la culture africaine.

Oeuvres de Françoise Benomar -Malick Kebe - O’kiins Howara  ©Joël Barcy
Oeuvres de Françoise Benomar -Malick Kebe – O’kiins Howara ©Joël Barcy

Énergie et fierté africaine

La Grande Vitrine poursuit sa volonté d’être un révélateur de talents. Repérés sur les réseaux sociaux ou via des expositions, les trois photographes réunis ont tous en commun cette énergie vitale générée par la couleur. Ils bousculent les codes, apportent une touche supplémentaire à leur œuvre en associant portraits et peinture. Ils partagent cette soif de rassembler tradition et modernité. Leurs modèles, tous Africains, sont magnifiés par la couleur. Cette exposition parle au cœur et à l’âme.

« La couleur c’est mon drapeau, c’est l’Afrique »

Malick Kebe est à mi-chemin entre la photo et la peinture © Joël Barcy
Malick Kebe est à mi-chemin entre la photo et la peinture © Joël Barcy
Malick Kebe vit en Côte d’Ivoire. Il a 30 ans et appartient à la génération « Instagram ». Ce sont les réseaux sociaux qui l’ont propulsé au-devant de la scène. En 2019 il est repéré par Apple puis Twitter et de grandes marques. Cette consécration a poussé From Abidjan sur le devant de la scène en lui permettant d’exposer ses créations à Paris, Atlanta (États-Unis), Zanzibar (Tanzanie) et à Abidjan (Côte d’Ivoire). A mi-chemin entre la photo et la peinture il bouscule les codes, travaille ses photos en postproduction. Malick mise sur un élément clé : la couleur. «Pour moi tout objet est avant tout une couleur avant d’être une forme. La couleur a une emprise sur moi. Je passe des heures sur mes photos en postproduction. Mes modèles sublimés incarnent une histoire à travers des couleurs sursaturées.»

Nudité des corps et la richesse chromatique du pagne

Femmes ailées de Françoise Benomar ©Joël Barcy
Femmes ailées de Françoise Benomar ©Joël Barcy
Françoise Benomar est Franco-Marocaine. Elle est née à Paris puis a rejoint la couleur ocre argent du Maroc en 2002. Elle est photographe, écrivaine, historienne de l’art, critique d’art et cinéma. Sa passion pour la photo est le fruit d’un long cheminement. Françoise s’inspire de la peinture pour ses œuvres photographiques. Sa démarche artistique nous invite à des voyages visuels dans lesquels peinture et photographie se fondent. «La couleur est une narration, un dépassement. Je mêle la nudité des corps et la richesse chromatique du pagne. A travers mes créations, les corps s’habillent d’un épiderme flamboyant, entre rêve et réalité. Je fais du pagne, objet incontournable de l’Afrique, une sorte de « matière-peau ». J’ai voulu dépasser la finitude du tissu, lui donner une destinée anthropologique.» Françoise Benomar a exposé dans de nombreuses galeries à Casablanca, à Marrakech et à Rabat (Maroc) et aussi à Dakar (Sénégal), à Abidjan (Côte d’Ivoire) et à Paris.

Sublimer la beauté africaine

Spiritualité, tradition et modernité se mêlent dans les photographies de O’kiins Howara © Joël Barcy
Spiritualité, tradition et modernité se mêlent dans les photographies de O’kiins Howara © Joël Barcy
Idriss Ouattara (O’kiins Howara) est Ivoirien. Lui aussi est issu de la génération «Instagram». Il utilise les ressorts du smartphone et de l’ordinateur pour composer ses œuvres. Des œuvres où tradition et actualité se mêlent. Les cauris (petit coquillage couleur porcelaine) sont très présents et «habillent» ses modèles. Ils ont eu plusieurs usages. Ils furent la monnaie de l’Afrique de l’Ouest mais ils ont surtout une valeur religieuse dans les manifestations cérémonielles. Spiritualité, tradition et modernité se mêlent dans les photographies d’O’kiins. Elles interrogent, laissent la place à l’imaginaire avec une palette picturale percutante. «Je veux sublimer la beauté africaine à travers les corps et la couleur mais je fais aussi référence à la tradition. Plus tu connais d’où tu viens, plus tu connais le passé, mieux tu pourras avancer. Mes photographies utilisent les cauris, symbole de richesse et de spiritualité, pour habiller mes modèles, d’autres sont plus énigmatiques». Reportage Joël BARCY L’exposition Ré-génération se tient jusqu’au 30 juin 2022. La galerie est ouverte du jeudi au samedi de 11 heures à 19 heures et sur rendez-vous. Plus d’info: lagrandevitrine.art

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