Assises du commerce à Marseille: dense débat avec les élus à la Cité des métiers

Publié le 24 avril 2015 à  17h08 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h49

Les Assises du commerce, organisées à l’initiative de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) 13, viennent de se dérouler en présence de plus de 200 personnes, à la Cité des métiers de Marseille. L’occasion de débats, qui ont fait fi de la langue de bois, avec des élus de Marseille, de Marseille Provence Métropole (MPM) et du Département, sur la situation économique des commerces en centre-ville, la propreté, la sécurité ainsi qu’une invitation à ne pas avoir peur d’Internet. De par la gravité des questions soulevées, le sérieux pris pour y répondre, la rencontre a duré plus longtemps que prévu.

Les essais du tramway rue de Rome avant son inauguration au mois de mai (Photo Robert Poulain)
Les essais du tramway rue de Rome avant son inauguration au mois de mai (Photo Robert Poulain)

Pour Alain Gargani, le Président de la CGPME 13, «lorsque l’on est chef d’entreprise on est foncièrement optimiste et on tient à voir le verre à moitié plein. Nous ne sommes pas opposés à tout, ce qui ne veut pas dire que nous sommes prêts à tout accepter et notre mission est de faire remonter les questions, les préoccupations de nos adhérents, notamment face à un gouvernement un peu autiste».
Bernard Morvan, le président de la Fédération nationale de l’habillement de prévenir:« «La situation se dégrade en centre-ville à peu près partout en France, même si les très grandes métropoles échappent un peu à ce phénomène, et il en va de même chez nos voisins européens». Préconisant: «Un Plan Marshall. Il faut accroître la flexibilité, permettre à des salariés de travailler pour des groupements de commerces, simplifier les démarches administratives, mettre en place une politique fiscale adaptée revenir sur la fiscalité punitive que nous connaissons en centre-ville».

«Marseille est un joyau qu’on n’a pas su suffisamment mettre en valeur»

Nicole Vespiren, vice-présidente commerce de la CGPME lance pour sa part : «Nous avons une remontée inquiétante de découragement de la part de nombreux commerçants marseillais. Même s’il faut saluer l’engagement du Président Teissier qui, dès son élection, est venu sur le chantier du tram rue de Rome et a tout fait pour accélérer les travaux». Regrettant: «Marseille est un joyau que l’on n’a pas su suffisamment mettre en valeur, il faut le faire, il faut un projet global».
«Il est temps d’agir, ensemble, ajoute Marie-Pierre Cartier, présidente de la Commission commerce. Nous déplorons 67 dépôts de bilan, pour la seule année 2014. A ce rythme, il n’y aura bientôt plus de commerce en centre-ville. Le commerçant n’en peut plus de ces nouvelles lois qui ne font que le taxer, rajouter de la paperasse. Et tout cela pour, trop souvent, renoncer à se payer un salaire. Nos clients eux, en ont assez des embouteillages pour entrer dans Marseille, des trous béants dans les chaussées, des parkings trop chers». En revanche, dans le même temps, s’insurge-t-elle: «Le nombre de grande surface croît exagérément. Vous avez la ville, la métropole, le département, pour faire du centre-ville un espace propre et accueillant. D’autres villes y arrivent, pourquoi pas nous ? Marseille doit enfin être à la hauteur de ses ambitions».
Un premier débat a lieu avec Guy Teissier, le président de MPM, Solange Biaggi, adjointe au Maire de Marseille, déléguée au Commerce, à l’Artisanat, aux Professions libérales et au Grand Centre-ville, Sabine Bernasconi, maire des 1/7, Yves Moraine, maire du 6/8, Jean-Claude Tricoche, président du CIQ Lieutaud-Rome-Préfecture et Guillaume Sicard, le président de la Fédération Marseille Centre.

«Un centre-ville sans commerces serait d’une tristesse et d’une insécurité absolue»

Guy Teissier assure que le tram de la rue de Rome sera en fonction pour la fête des mères avant d’affirmer que la question du rayonnement de MPM est une de ses priorités, ce qui l’a conduit «à recruter le monsieur grand Lyon afin de travailler sur l’attractivité du territoire». Puis de rappeler: «Lors de l’inauguration des Terrasses du Port, j’ai été le seul à rappeler qu’il existait aussi des petits commerçants et qu’un centre-ville sans commerces serait d’une tristesse et d’une insécurité absolue».
Il en vient à la propreté: «La ville n’est pas propre parce que des gens ne travaillent pas. Je n’ai pas peur de le dire. Mais, il importe aussi de dire qu’il existe aussi des comportements qui ne sont pas toujours conformes au civisme. Ensuite, nous allons mettre en place, comme c’est le cas à Barcelone, à Turin… un service du nettoiement le matin et l’après-midi». Avant d’ajouter: «On rouspète beaucoup ici mais, lorsqu’il y a des efforts à faire certains ne sont pas au rendez-vous».
Il n’omet pas d’évoquer la voirie: «Nous mettons 60M€ sur ce dossier, c’est un effort considérable. Mais là aussi les citoyens ont un effort à faire. Rue de Rome, trop de feux tricolore ont déjà été pliés par des voitures qui ne doivent pas être là».
Concernant les parkings, il concède : «C’est vrai qu’ils sont trop chers. Au-delà, on a mal imaginé leur organisation. Il faudrait qu’il y en ait plus en périphérie afin de permettre aux gens de venir en transport en commun dans le centre-ville où vous avez d’avantage besoin de chalands que de gens qui tournent en voiture. Ensuite le prix du parking va baisser puisque le tarif se fera en ¼ d’heure et plus en heure. Deuxièmement on discute avec la CCI pour voir si les commerçants sont prêts à prendre une part du ticket pour leurs clients».

«On ne peut améliorer le commerce sans améliorer l’urbanisme et réduire l’incivisme»

Le président du CIQ, Jean-Claude Tricoche considère: «On ne peut améliorer le commerce sans améliorer l’urbanisme et réduire l’incivisme». Selon lui: «Il faut renforcer les polices municipales et de la propreté et développer la verbalisation ainsi qu’une offre commerciale de qualité».
Tandis que Sabine Bernasconi rêve «d’un centre ville à la hauteur des attentes de tous ceux qui le fréquentent», souligne le travail accompli par Solange Biaggi, par Guy Teissier depuis son élection à la tête de MPM.
Le Maire d’Aubagne, Gérard Gazay, vice-président du Conseil départemental, représente Martine Vassal : «Je sais que c’est difficile pour les commerçants, les heures impossibles, pour, parfois, un tout petit salaire. Nous avons la volonté de travailler dans la proximité avec des commerçants qui doivent se fédérer».
Les commerçants poursuivent les critiques, sur la propreté, l’arrivée des grandes surfaces: les Terrasses du Port, au Stade Vélodrome, à la Valentine… déplorent la réduction de la circulation sur le Vieux-port… Solange Biaggi de répondre: «Nous faisons ce que nous avons promis avec Guy Teissier, il va en aller de même au Département». Elle rappelle: «Lorsque je suis arrivée à la Mairie, en 2001, le Maire m’a dit que, lors de la précédente mandature, la Ville s’était opposée à la réalisation de grandes surfaces pour protéger le commerce de proximité. Résultat, il a périclité malgré tout et les grandes surfaces se sont installées dans les communes en périphérie. Alors, je suis favorable aux terrasses du Port, au Stade Vélodrome… Dans le même temps nous travaillons pour conforter les noyaux villageois et nous nous battons pour rénover le centre-ville». «Entre 2001 et 2006, poursuit-elle, nous avons stabilisé le chiffre d’affaires du commerce sur le centre-ville, puis, sur la période 2006-2014, il a connu une croissance de 800M€».

«Si le commerce de proximité périclite cela sera mauvais pour tous »

Yves Moraine tient à son tour à répondre : «J’habite, je travaille et je suis client dans le centre-ville. Nous considérons que nous devons vous défendre parce que nous avons la conviction que si le commerce de proximité périclite cela sera mauvais pour tous. Pourquoi les Terrasses du Port, les Voûtes ? Mais parce qu’un quartier naît. Et puis, il y a 20 ans la ville perdait des habitants et des emplois il n’y avait que 760 000 habitants, on en compte 870 000 aujourd’hui et nous accueillons 8 millions de touristes au lieu de 3. Il faut poursuivre le travail mais nous avons un plan d’ensemble et nous avançons».

«La délinquance baisse fortement sur Marseille»

Le débat sur la sécurité qui, voilà quelques années aurait été tendu s’est déroulé dans un climat apaisé. Caroline Pozmentier, adjointe à la sécurité, explique : «Nous portons un projet ambitieux avec l’augmentation des effectifs de police municipale, son armement et le développement de la vidéo-protection. Six cents caméras sont actuellement en service sur les 1 000 programmées, 140 sont installées dans le centre-ville. C’est un outil de lutte contre la délinquance efficace». Elle évoque également le Centre de supervision urbain de la ville de Marseille «qui fonctionne 24 heures sur 24 et qui permet de renforcer le partenariat entre les polices municipales et nationales». Elle précise: «Nous avons eu 2 800 réquisitions d’images par la Police Nationale qui, dans de nombreux cas ont pu apporter une preuve irréfutable. Ainsi, 80 des faits commis en centre ville ont été élucidés grâce à la vidéo-protection». Et d’évoquer ensuite la politique de prévention menée par la Ville et le développement des travaux d’intérêts généraux.
Pierre-Marie Bourniquel, le directeur départemental de la Sécurité Publique, justifie sa présence par le fait que, de par sa carrière, il connaît «le coût de l’insécurité pour les commerçants. J’en ai vu contraints de fermer car il n’avait pas les moyens de se protéger et cela, c’est antidémocratique. Alors, nous avons le devoir de vous protéger». Et de conclure son intervention: «La délinquance baisse fortement sur Marseille. Il reste beaucoup à faire mais nous sommes sur la bonne voie».
Michel CAIRE

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