Au Conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence, Musicatreize fait rayonner Poulenc et Mâche

Publié le 11 octobre 2017 à  17h57 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h41

24 voix, deux pianistes et un directeur musical aux saluts dans la salle du Conservatoire Darius Milhaud. (Photo Michel Egea)
24 voix, deux pianistes et un directeur musical aux saluts dans la salle du Conservatoire Darius Milhaud. (Photo Michel Egea)
Vingt-quatre voix, un directeur musical et, parmi les plus émouvants et beaux textes de Paul Eluard pour tirer les frissons. Lorsqu’il compose Figure Humaine, en 1943, la France est occupée et Francis Poulenc le résistant écrit «liberté» en lettres d’or et de sang dans les âmes et les cœurs de ses proches, et dans la clandestinité. 74 ans plus tard, Roland Hayrabedian et son ensemble Musicatreize donnent une fois de plus sa dimension poignante et intemporelle à cette cantate a cappella jouée dans cet auditorium à l’excellente acoustique du conservatoire Darius Milhaud. Chaque voix est une pierre précieuse et l’ensemble un joyau. Précision, diction, musicalité : rien ne manque pour donner toute sa puissance à l’œuvre sous la direction empreinte de sensibilité et de relief de Roland Hayrabedian. Des qualités artistiques qui seront mises ensuite à contribution pour Heol Dall, «soleil aveugle» en breton, pièce pour douze voix et deux pianos de François-Bernard Mâche. Une œuvre sombre sur la mort et la nuit, partition syncopée où les voix virtuoses deviennent des instruments cosmiques s’unissant aux accents des claviers pour livrer un tout puissant, profond et quasi céleste. Pour servir cette œuvre, les pianistes Selim Mazari et Nathanaël Gouin s’étaient joints aux voix avec beaucoup de talent. Ce talent dont ils allaient faire preuve à nouveau en deuxième partie pour En blanc et noir, une partition de Debussy, œuvre poignante empreinte d’émotion. Une belle interprétation virtuose et solide des deux jeunes musiciens. Pour terminer, Roland Hayrabedian avait choisi Sécheresses, œuvre composée en 1937 par Francis Poulenc. Une découverte pour nombre d’auditeurs, cette cantate sur des poèmes d’Edward James ne faisant pas partie des plus chantées en concert. Ici aussi, précision et puissance des voix, virtuosité des pianistes, direction sensible et fouillée ont donné toute sa dimension émotionnelle à cette pièce sombre, dramatique, violente. Beaucoup d’expressivité dans cette interprétation qui, elle aussi, a bénéficié des qualités de diction d’un chœur de haute qualité. De la belle ouvrage.
Michel EGEA

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