Au Grand Théâtre de Provence: Brahms et Bruckner dos à dos

Publié le 29 novembre 2021 à  8h20 - Dernière mise à  jour le 3 novembre 2022 à  8h56

Mettre en parallèle les symphonies n°1 de Brahms et n°2 de Bruckner est un exercice des plus intéressants. Les deux compositions présentent de nombreux points communs, si ce n’est dans l’écriture mais plutôt dans l’histoire de leur naissance.

Jérémie Rhorer et les instrumentistes du Cercle de l’Harmonie au moment des saluts au Grand Théâtre de Provence. (Photo Michel Egea)
Jérémie Rhorer et les instrumentistes du Cercle de l’Harmonie au moment des saluts au Grand Théâtre de Provence. (Photo Michel Egea)

Les deux œuvres sont issues d’une longue gestation des compositeurs pour présenter leurs œuvres. Une dizaine d’année pour Brahms, la moitié pour Bruckner qui, entre 1872 et 1877 apportera des modifications à sa partition. Intéressante, aussi, la rivalité entre les deux musiciens en cette période de post romantisme.

Bruckner apprécie Wagner, Brahms pas; leur esthétique est différente, leur idéologie aussi. A la tête de son Cercle de l’Harmonie, Jérémie Rhorer a mis en place ce face à face musical au Grand Théâtre de Provence et la « confrontation » fut instructive. Il convient de souligner en préambule tout l’intérêt de donner ces symphonies sur instruments d’époque. La matière sonore de l’orchestre est riche et les couleurs bien posées. Les cordes sont chaudes et sensuelles avec un point d’orgue : l’adagio de la symphonie de Bruckner, pur bonheur d’audition, que Mahler a dû se mettre un jour dans l’oreille… Les bois sont très présents, élégants et précis ; quant aux cuivres, on sait combien il est délicat d’aborder ces interprétations sur des instruments d’époque et on comprend aisément le départ délicat « à froid » des cors fort sollicités en la circonstance.

Chacune de ces symphonies possède son caractère propre avec une composition léchée et sans aspérités de Brahms et une inventivité parfois débridée chez Bruckner. Et si chez ce dernier l’inspiration est wagnérienne, il faut se tourner vers Beethoven pour y puiser celle de Brahms. D’ailleurs, comme nous le confirme le programme, cette symphonie n°1 était surnommée la « Dixième de Beethoven » Tout ceci a été mis en valeur par le Cercle de l’Harmonie sous la direction dynamique et fouillée de son directeur musical Jérémie Rhorer. Ce dernier prenant du plaisir à souligner les atouts de chacune des partitions pour terminer ce face à face sans vainqueur… Ou presque, car c’est la musique qui a gagné !
Michel EGEA

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