Baromètre économique des experts-comptables: Paca souffre dans un contexte national de croissance molle

Publié le 30 décembre 2016 à  18h41 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Mohammed Laqhila a présenté pour la dernière fois le Baromètre économique des experts comptables en tant que Président de l'Ordre régional des experts-comptables Marseille-Paca avant de céder sa place à Lionel Canesi (Photo Robert Poulain)
Mohammed Laqhila a présenté pour la dernière fois le Baromètre économique des experts comptables en tant que Président de l’Ordre régional des experts-comptables Marseille-Paca avant de céder sa place à Lionel Canesi (Photo Robert Poulain)

C’est dans les locaux du quotidien régional La Marseillaise, en signe de solidarité avec ce journal qui traverse des difficultés, que les experts-comptables de Paca ont présenté leur baromètre économique pour le 3e trimestre 2016. Un document qui met en exergue que «dans un contexte de croissance nationale molle la région Paca a davantage souffert que les autres régions». Le document pointe également que l’attentat de Nice a induit «un resserrement des flux touristiques mettant en difficulté nombre de petites et moyennes entreprises régionales». Des chiffres que Mohammed Laqhila a présenté pour la dernière fois en tant que Président de l’Ordre régional des experts-comptables Marseille-Paca avant de céder sa place à Lionel Canesi. «Nous bénéficions pour réaliser ce baromètre de données uniques puisque nous traitons l’intégralité des entreprises, explique-t-il, quel que soit leur régime fiscal, de 20 000 euros à 50 millions d’euros recoupant ainsi tout le périmètre des TPE-PME». Il n’omet pas de signaler que les données sont «anonymes» avant de préciser: «Les données que nous analysons trimestriellement sont issues des déclarations de TVA et de la déclaration unifiée de cotisations sociales (DUCS). L’échantillon TVA se compose de 38 000 entreprises en Paca. L’échantillon DUCS comprend 24 000 entreprises». «Nous entendons, ajoute-t-il, rendre notre baromètre encore plus performant et, peut-être, mensuel, pour donner tous les outils aux Politiques pour être les plus efficaces possibles». Mohammed Laqhila avance: «L’économie française semble s’être enlisée dans une relative atonie. En 2016, la croissance du PIB devrait péniblement atteindre 1,4% et les perspectives ne sont guère réjouissantes: 1,5% en 2017 et 1,6% en 2018 selon la Banque de France».
Puis d’en venir au chiffre d’affaires, à l’exportation, à l’investissement et à l’emploi «les 4 données clés». Indique que le chiffre d’affaires n’a quasiment pas évolué en un an au niveau national, «nous sommes à zéro en Paca quand le meilleur de la classe, la région Limousin-Poitou-Charente est à +3%.», dit-il. Soulignant: «Le chiffre d’affaires a été portée essentiellement par les PME. Mais, contrairement au reste de la France, les entreprises, dont le chiffre d’affaires est inférieur à un million d’euros, ont vu leur activité se réduire»
Puis d’en venir à l’exportation: «Avec +2% nous faisons mieux que la moyenne nationale. Elle a constitué pour nos PME régionales, les plus importantes, un relais de croissance. Et, géographiquement, les exportations ont majoritairement été portées par la vigueur des entreprises des Bouches-du-Rhône, vigueur cependant atténuée au niveau régional par un repli marqué dans le Var et, dans une moindre mesure, dans le Vaucluse.». L’investissement quant à lui, connaît une chute, -11%, lorsque la moyenne nationale est à – 6%. Seules les régions Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Bretagne et Corse sont en positif, respectivement +6, +3 et +3%. «Comme au trimestre précédent nous assistons au contrecoup de la fenêtre fiscale ouverte par le « dispositif Macron » qui avait entraîné des investissements massifs au cours de l’année 2015. La baisse de l’investissement résulte donc d’avantage d’un effet mécanique que d’une absence de confiance dans l’avenir». L’emploi connaît pour sa part une croissance de 2%.«L’aide à l’emploi a eu sans doute un effet, elle a offert l’opportunité aux entreprises qui en avaient besoin d’embaucher. Près des trois quarts emplois créés l’ont été dans deux départements: les Bouches-du-Rhône et le Var».
Puis d’en venir au secteur de la construction: «Après une fin 2015 et un début 2016 dynamiques, le chiffre d’affaires s’est tassé au troisième trimestre. Le nombre de mises en chantier de logements a continué à progresser mais, cette activité n’a pas été suffisante pour enrayer la baisse du côté des locaux commerciaux et surtout du côté des travaux publics, où l’activité a reculé par rapport au troisième trimestre 2015, après avoir été dynamique pendant trois trimestres» Puis de mettre en lumière le fait qu’à contre-courant de la tendance générale, l’investissement a progressé sur un an. «Cette progression s’explique par le faible niveau de l’investissement dans un secteur fortement affaibli et qui pense toujours à retrouver son niveau d’attractivité d’avant-crise». De plus, grâce principalement aux TPE des Bouches-du-Rhône, les effectifs ont légèrement progressé.
Mohamed Laqhila aborde ensuite la question du tourisme: «Les activités de loisirs et d’hébergement-restauration ont d’avantage souffert en Paca que dans les autres régions du sud de la France. Cela tient à la fois à un élément structurel et à un élément conjoncturel. Structurellement, ces secteurs sont plus fragiles qu’ailleurs en raison d’une plus grande dépendance envers la demande touristique, notamment étrangère. Côté conjoncture, le tourisme estival dans la région a souffert de la désaffection des visiteurs étrangers à la suite du drame du 14 juillet». En dépit de la stabilisation du chiffre d’affaires au troisième trimestre, l’emploi net a augmenté dans l’hébergement-restauration et les investissements ont progressé dans les deux secteurs étudiés. Le département des Alpes-Maritimes est celui qui a le plus souffert.
Enfin, il est un secteur qui ne connaît pas la crise: le chiffre d’affaires des activités médico-sociales a accéléré au troisième trimestre et a été nettement plus rapide que la moyenne nationale. «Une dynamique, indique Mohamed Laqhila, qui tient notamment à la structure démographique régionale: les personnes âgées sont surreprésentées par rapport à la moyenne nationale. La bonne santé du secteur s’est traduite par des créations d’emplois mais à un rythme légèrement plus faible qu’ailleurs en France. Les créations ont essentiellement eu lieu dans les PME».
Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal