Billet. Élections régionales et départementales. Abstention : La faute à la décentralisation

Publié le 21 juin 2021 à  2h01 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h15

70 % d’abstentions aux régionales et aux départementales ! On pousse des cris d’orfraie, du RN à LFI sur les plateaux de télévisions. Tous les partis politiques y vont de l’explication qui les arrange. Mais s’il y avait une autre raison qui justifie pourquoi les électeurs sont allés voter avec leurs pieds ? Et si les électeurs avaient estimé que ces élections n’ont aucune importance ? A part pour les partis politiques, qui comptent chacun leurs petits élus, ici ou là ?

Point de bulletin dans l'urne, point de démocratie  ©Destimed
Point de bulletin dans l’urne, point de démocratie ©Destimed

Car pour vous, pour moi, cette abstention, elle a une autre explication : ces élections, on s’en fout pour une bonne raison ; ces institutions n’ont aucun pouvoir réel. Le conseil départemental ? La quasi intégralité de ses dépenses, 90 %, sont des dépenses -sociales- obligatoires. Il gère essentiellement, avec une majorité de l’argent que l’État lui octroie, le social.

Des règles qui sont définies par l’État.

Ce que les fonctionnaires d’État réalisaient auparavant et qui ont les compétences pour le faire demain. Les conseils départementaux ne font, que d’appliquer les lois définies par l’État . Ils n’ont aucune latitude politique. Si les départements avaient le droit, par exemple, hypothèse d’école que je ne souhaite pas, de refuser le RSA à des familles dont les enfants ne vont pas à l’école, quand d’autres Départements n’appliqueraient pas cette mesure, il pourrait y avoir une question, un débat politique. Dont le verdict serait donné par les urnes. Idem pour les conseils régionaux. Faut-il construire un lycée à Allauch (Bouches-du-Rhône) ou dans la commune voisine de Plan-de-Cuques (Bouches-du-Rhône)? Si on habite en Avignon (Vaucluse) ou à Nice (Alpes-Maritimes), on s’en fout un peu. Même complètement.

Il faut s’interroger sur les lois de décentralisation de 1982

Les Régions ont aussi dans leurs compétences actuelles, les trains. Trouvez-moi un électeur disant qu’il a voté pour untel parce qu’il a proposé la création d’une ligne TER Digne-Gap alors que son opposant privilégiait Marseille-Arles ? Ou que l’un proposait de mettre 12 % du budget disponible sur la formation professionnelle quand son adversaire proposait 14 %? Non, mesdames et messieurs les responsables politiques, si les Français ne se sont pas déplacés aux urnes, c’est simplement parce qu’ il faut s’interroger sur les lois de décentralisation de 1982, et que votre seul intérêt, marquer des point pour la prochaine élection présidentielle, n’est pas (encore) le nôtre. Après chaque scrutin, chaque parti se gausse de ses victoires -dont le Français moyen se moque éperdument.

Donc, pour remédier à ce «déficit démocratique» que fait naître cette abstention massive, il faut s’interroger sur les lois de décentralisation de 1982, qui sont restées au milieu du gué, la tendance jacobine l’ayant toujours emporté sur les girondins. Or l’abstention le montre, il faut, soit revenir en arrière à un État centralisé, soit franchir le Rubicon. Plusieurs solutions : supprimer les conseils départementaux et confier leurs missions aux préfectures, ou aux métropoles, qui ont ou peuvent acquérir les compétences. Supprimer les régions ou au contraire leur donner de vraies compétences politiques pouvant générer des débats politiques. Et à ce moment-là, il y aura la queue dans les isoloirs.
Thierry NOIR

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