Billet. Régionales: Renaud Muselier, vainqueur et rageur

Publié le 29 juin 2021 à  17h45 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h18

Retour sur une victoire au bout d’un chemin semé d’embûches, de chausse-trappes et autres trébuchets. On a dénoncé sa fébrilité, ses trahisons et ses petits arrangements entre amis. «Rien ne m’a été épargné », concluait dimanche soir un Renaud Muselier vainqueur et rageur. Le président sortant a certainement vécu sa campagne électorale «la plus difficile» mais il savourait sa revanche « certains chez LR ne vont pas passer une bonne nuit».

Renaud Muselier élu président de Provence-Alpes-Côte d'Azur  © Destimed
Renaud Muselier élu président de Provence-Alpes-Côte d’Azur © Destimed

Le grand chelem

Submergé par une victoire confortable, Renaud Muselier n’a pas évoqué son score inédit lors de cette soirée : remporter les six départements que compte Provence-Alpes-Côte-d’Azur, c’est une prouesse. Il a notamment gagné dans le Vaucluse, le fief de son adversaire. C’est dire s’il a défié tous les pronostics. «Tout le monde a eu tout faux. Les sondages, la presse et certains élus. Notre stratégie était la bonne», concluait-il un brin provoquant.

Renaud Muselier ne chôme pas

L’annonce dans le JDD par le Premier ministre «d’une alliance entre LREM et LR en Provence-Alpes-Côte d’Azur, à l’initiative de Renaud Muselier », créé un tsunami en ce 1er mai, jour de la fête du travail. Le président sortant ne va pas chômer pour tenter d’éteindre l’incendie qui gagne son parti. Il faut dire que Jean Castex a allumé une belle mèche : «Cette union va bien au-delà d’accords d’appareils, c’est un exemple de la recomposition politique. Le dépassement continue». Bref tout concourt à confirmer que la majorité présidentielle prend la main. Il faut en urgence déminer la bombe du chef du gouvernement et le président sortant va s’y employer dans les jours qui suivent en plaidant son choix devant le tribunal LR. Le président Jacob le sermonne mais ne le condamne pas. Il devra juste effectuer un travail d’intérêt général. Repeindre les couleurs de LR.

Le poids des sondages

Dans cette stratégie «d’addition des compétences » voulue par Renaud Muselier il y a surtout les sondages. A deux mois du scrutin, Ils donnent grand gagnant le chef de file du RN en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Toutes les enquêtes d’opinion l’établissent au-delà de 40% des intentions de vote. Thierry Mariani, transfuge de LR et ancien ami du président sortant peut remporter la région, surtout si LREM maintient sa liste. Renaud Muselier décide alors de franchir le rubicond et d’ouvrir sa liste à la majorité présidentielle. Le chemin de croix commence. On parle de fébrilité, d’alliances inutiles, contre nature. Les Ciotti et Aubert ont des mots très durs pour celui qui incarne à leurs yeux la trahison et la fin du parti. L’issue du scrutin démontre aujourd’hui que « la stratégie de dépassement était la bonne. Sans additionner, nous n’aurions pas gagné», affirme le vainqueur dimanche soir.

Raison trop tôt

Entouré des siens, poings serrés en signe de victoire, Renaud Muselier goûtait pleinement cette soirée en rejoignant sa permanence de campagne pour un discours où il a multiplié les remerciements. Ce succès démontre en tout cas le flair politique que le futur président de région a eu. Décrié par l’ancien maire de Marseille, cet accord lui a permis de l’emporter facilement dimanche face à un RN menaçant. Celui qui avait perdu, contre toute attente, la présidence de la métropole en 2008 savoure sa revanche. Il n’est pas juste un saltimbanque de la politique. Il a eu raison trop tôt. Il est allé chercher cette victoire avec sérieux et «avec les dents» comme aurait dit son mentor Nicolas Sarkozy. Démonstration que quand on mouille le maillot on ne rentre pas à la maison bredouille. Joël BARCY

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