CCIR Paca : un Lab pour favoriser une économie connectée et interactive

Publié le 13 juillet 2016 à  21h46 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

La CCIR Paca vient de réussir coup sur coup deux manifestations originales, deux Premières. En effet, après le succès du Commerce Lab, qui a rassemblé le 6 juin dernier près de 600 participants à Gréoux-les-Bains et 250 connectés à la web TV dédiée, le numérique Lab vient de se dérouler à Arles, le 30 juin réunissant près de 250 participants sur place et 175 connectés en live streaming : autant de personnes intéressées par les enjeux de l’uberisation et l’évolution des modèles économiques ; autant de décideurs «captés» par le worskshop interactif #numeriquelab des CCI de Paca.

Maurice Brun, président de la CCIR:
Maurice Brun, président de la CCIR:

Ces deux Lab figuraient, rappelle Maurice Brun, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de région (CCIR) Paca, «parmi les 14 chantiers d’une CCI de Région stratège au service de son réseau de CCI territoriales».
Ce jeudi 30 juin, tous les acteurs économiques étaient invités à s’interroger et imaginer toutes les réponses possibles à une question transversale à enjeu capital : Quelle transformation numérique pour les entreprises et territoires à l’heure de l’uberisation? «En incitant tous les décideurs de Paca -secteurs privé et public- à s’interroger et à confronter les réponses, Numérique Lab répond à l’ambition de la CCI de demain : devenir un réseau consulaire plus collaboratif et réactif, en prise directe avec les entreprises et gagnant en influence auprès des acteurs de l’économie régionale», indique Maurice Brun. Et, pour cela, le Président et ses élus ont considéré qu’une condition impérative était «de faire parler le terrain, de rassembler entrepreneurs et décideurs face à des experts reconnus, afin d’anticiper et agir collectivement pour l’avenir de Provence-Alpes-Côte d’Azur».

«Seulement 31% des sociétés de 10 personnes ou plus utilisent les médias sociaux»

Un public tout autant actif qu'interactif (Photo François Moura)
Un public tout autant actif qu’interactif (Photo François Moura)

«Numérique Lab, signale-t-il, n’est pas un rendez-vous avec notre avenir, c’est une connexion avec le présent. Au cœur de nos vies privée, professionnelle et sociale l’omniprésence du numérique est tantôt une source d’enthousiasme tantôt une source d’inquiétude. Avec cette première édition, les CCI de Paca démystifient une révolution dont nous sommes en réalité des acteurs». Il poursuit en plantant le décor du numérique en France : «95% des grandes entreprises sont présentes en ligne. Mais seulement 31% des sociétés de 10 personnes ou plus utilisent les médias sociaux. Tandis que plus de 24% des entreprises de plus de 250 salariés ont connu un incident de sécurité informatique». Il en vient aux nouveaux usages : «On sait aujourd’hui que 12% seulement des 17-25 ans utilisent leur smartphone pour téléphoner… Le numérique c’est une nouvelle échelle de grandeur, le monde est à portée de main, les échanges paraissent illimitées». Le président Brun met en garde son auditoire: «4 ennemis rôdent, ils sont fichés pour fait de grand défaitisme. Le premier s’appelle préjugé et consiste à considérer que le numérique serait réservé à une élite et ne conviendrait pas à toutes les entreprises. Le deuxième s’appelle manque de confiance, le troisième méconnaissance et débouche sur la méfiance. Pourtant un outil est simplement ce que vous en faites. Le quatrième ennemi a pour nom identification ou encore projection, un entrepreneur traditionnel qui prendrait pour modèle une start-up irait probablement vers des déconvenues».
Numérique Lab ouvre la discussion, d’une part entre les intervenants, d’autre part avec le public, qu’il soit dans la salle ou connecté à distance grâce à la technologie «Stream Up». Questions, commentaires et propositions sont possibles lors de sessions interactives via la plateforme digitale ici et un mode d’emploi pour smartphones et tablettes distribué aux participants présents. Les angles sont nombreux, les discussions riches. L’objet n’est rien d’autre que de donner au tissu économique, dans sa diversité, la connaissance des outils qui voient le jour.
Il faut que les TPE/PME puissent bénéficier des opportunités du numérique (Photo François Moura)
Il faut que les TPE/PME puissent bénéficier des opportunités du numérique (Photo François Moura)

Caroline Pozmentier-Sportich, vice-présidente de la Région, est convaincue de l’importance de cette manifestation : «Notre monde est devenu numérique avec de nouvelles pratiques, de nouveaux comportements clients. On voit les grands groupes recruter des équipes pour répondre aux enjeux de la numérisation. Il faut que les TPE/PME puissent bénéficier des opportunités du numérique». Elle indique à ce propos que «le numérique est un axe fort de la politique régionale» en matière de développement économique et de lutte pour l’emploi. «Le président Estrosi a l’ambition de faire de Paca la première Smart Région, il souhaite pour cela, accompagner les entreprises, les citoyens. Sachant que nous sommes actuellement la troisième région la plus dynamique en numérique, après l’Ile de France et Auvergne -Rhône Alpes». Elle insiste, enfin, sur l’importance de la cyber-sécurité, car «ce secteur économique a besoin de sécurité pour pleinement s’épanouir». Tandis que Francis Guillot, le président de la CCI d’Arles invite les entreprises «à surfer sur la vague du Net, sinon elles se feront engloutir». Il insiste enfin sur l’importante que va avoir, pour Arles, la Tour Gehry.

«En 2010, j’étais seul, au chômage, j’avais 7 000 euros que j’ai investis dans mon entreprise»

Le lieutenant-colonel Clarinard prévient que
Le lieutenant-colonel Clarinard prévient que
Jean-Philippe Bonnet, délégué régional RTE :
Jean-Philippe Bonnet, délégué régional RTE :

C’est au tour du monde de l’entreprise de s’exprimer. Damien Rubio, de Saint-Rémy-de Provence raconte son aventure : «En 2010, j’étais seul, au chômage, j’avais 7 000 euros que j’ai investis dans mon entreprise de fabrique de consoles de jeu au design personnalisé». Aujourd’hui il a 20 collaborateurs «tous passionnés» et un chiffre d’affaires de 4M€. Thierry Gillou, à la tête d’une société d’assainissement, explique que, sans le numérique, il ne pourrait pas accomplir toutes ses missions. Mais, comme l’avait indiqué Caroline Pozmentier-Sportich, la sécurité est un vrai enjeu. La gendarmerie nationale l’a bien compris. Le lieutenant-colonel Clarinard prévient que «La faille est toujours humaine» et que dans sa mission de prévention, «la gendarmerie est là pour aider les entreprises à appréhender la sûreté et la sécurité». Évelyne Soriaso, directrice générale de Hi Fron, propose pour sa part des parcours touristiques personnalisés : «Nous accompagnons,les touristes, du choix des activités à leur réalisation». Les start-up, les PME-TPE sont là, mais aussi les grandes entreprises au rang desquelles le Réseau de transport d’électricité (RTE) et son délégué régional Jean-Philippe Bonnet. Il met, à son tour, en exergue, la révolution en cours: «Nous sommes nés en 2005 et nous sommes les héritiers d’une entreprise du XXe siècle, fondée sur la centralisation. Nous nous occupons de 100 000 km de lignes qui permettent de diffuser l’électricité sur l’ensemble du territoire. Et nous nous adaptons à un monde où tout le monde peut devenir producteur d’énergie avec des panneaux solaires. Nous passons d’une diffusion de grosses centrales vers des consommateurs finaux à des flux qui s’inversent. Le numérique est un passage obligé pour permettre cette reprise en main par les territoires, les citoyens». Et d’indiquer tout l’intérêt qu’il porte à Flexgrid. Du réseau on passe à la fabrication de luminaire intelligent avec Maxence Menini, société Coolight qui permet, à la fois, de faire des économies et, d’autre part, fournit des informations aux usagers : «Vous êtes dans un musée, un tableau vous intéresse, vous pointez vers la lumière votre téléphone et vous recevez toutes les informations sur l’œuvre».

«Uberiser c’est transformer et déstabiliser avec un modèle économique innovant tirant partie des nouvelles technologies»

Vient l’heure du débat des experts, il sera, lui aussi, passionnant, de par la qualité des interventions et la diversité des points de vue sur l’uberisation. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Grégoire Leclercq, fondateur de l’observatoire de l’uberisation cite la définition du Petit Robert : «Uberiser c’est transformer et déstabiliser avec un modèle économique innovant tirant partie des nouvelles technologies». Puis de développer sa thèse selon laquelle l’uberisation est une vraie évolution qui s’appuie sur trois révolutions : «Il y a, premièrement, la révolution digitale ; deuxièmement celle de l’indépendance avec de nouvelles formes de travail, autre que le salariat. Nous sommes dans un pays qui compte 1 200 000 auto-entrepreneurs ; la troisième révolution est celle de la consommation, nous voulons tout comparer, que les choses aillent vite, prêts à critiquer sur les réseaux… tout cela amène à l’uberisation où une plateforme met en contact un prestataire et un consommateur».

«Il impose de s’adapter au phénomène de destruction/construction génial et terrible à la fois»

Pasale Hébel, directrice consommation et entreprise du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) avance pour sa part : «Le consommateur s’adapte» mais l’impact du numérique «ne touche vraiment que ceux qui sont nés après les années 80. Un phénomène d’autant plus fort qu’ils sont plus diplômés que la génération précédente, hypermarché, naît dans les années 60, cette dernière ne compte que 20% de bachelier lorsque la nouvelle génération est à 80%. Ces nouveaux consommateurs sont des experts et ils obligent les entreprises notamment à intégrer encore plus leur démarche Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)».
Les questions qui se posent à propos de la uberisation sont les mêmes dans le monde entier, indique Nicolas Bouzou : «Partout, on assiste à un débat entre ceux pour qui, il impose de s’adapter au phénomène de destruction/construction génial et terrible à la fois que représente l’uberisation et ceux pour qui c’était mieux avant. Mais, d’une part, ce n’est jamais mieux avant et, d’autre part, on ne mesure pas à quel point nous vivons des choses extraordinaires dans les domaines de la santé, des transports, de l’environnement. Mais, personne ne le voit car nous ne regardons que le chômage. Pour sortir de cela il faut donner du sens à la mutation, un discours philosophique du progrès et que les entreprises expliquent ce qu’elles font à leurs salariés, mettent en lumière leur projet. On n’innove pas pour survivre mais parce que l’on a un projet».

«Il nous faut donc inventer un modèle européen»

Bruno Teboul est à Paris, il est représenté par … un robot (Photo François Moura)
Bruno Teboul est à Paris, il est représenté par … un robot (Photo François Moura)

Bruno Teboul est à Paris, il est représenté par … un robot. Ce scientifique, enseignant, chef d’entreprise tient un tout autre propos : «L’uberisation est pour moi à l’origine de bouleversements sociaux et pas seulement d’innovations dans les usages». Pour lui : «Nous sommes dans une période de crise économique aggravés par une crise écologique. On parle d’explosion du nombre d’innovations et c’est vrai mais, cela ne doit pas masquer le fait que les innovations majeures sont rares. Ce qui est, sans doute, dû au fait qu’il manque la force d’une nouvelle énergie». Et, pour Bruno Teboul, la notion de destruction/construction n’est pas pertinente : «Nous n’assistons pas à un déversement d’emplois vers un nouveau secteur proposant une plus grande qualification. En fait les Gafa, (acronyme de Google, Apple, Facebook et Amazon) ont des points communs, se sont des entreprises surévaluées, bénéficiant de levées de fonds importantes et nécessitant une faible masse salariale. Uber, par exemple, c’est au niveau mondial 2 500 emplois salariés, 600 millions de dollars d’entrée mais autant de perte et 4 milliards de levée de fonds. Ce modèle est donc dangereux car il est destructeur de valeurs et pas pérenne. Il nous faut donc inventer un modèle européen».
C’est à Jacques Bianchi, le président de la CCI du Var, qu’il revient de conclure ce débat, il évoque «une CCIR stratège, au service des 7 CCI et des entreprises, une CCIR qui offre une vision prospective au moment où l’instance régionale veut faire de Paca la première smart région». A ses yeux : «Avec le Lab commerce et aujourd’hui ce Lab numérique nous jouons notre rôle de sensibilisation aux questions, aux enjeux qui concernent notre territoire, nos entreprises».
Michel CAIRE

La CCIR signe 5 conventions

Dans la matinée précédant le workshop Numérique Lab, la CCI de région a tenu son Assemblée Générale au Palais des Congrès d’Arles (chaque AG de la CCIR étant décentralisée dans l’une des CCIT du réseau). Et comme la volonté affichée par le président Maurice Brun depuis avril 2015 est de construire collectivement, avec les acteurs économiques régionaux, c’est en fin de séance que 5 nouvelles conventions ont validé des partenariats concrets et structurants au bénéfice des entreprises et des territoires.
Maurice Brun rappelle la philosophie de l’action conduite par la CCIR : «Elle est au service de ses 7 CCIT, qui elles sont au service de leurs entreprises et territoires. Dans ce cadre elle a, entre autre, pour mission de proposer des conventions cadres avec de grands partenaires régionaux pour qu’ensuite chacun des territoires puisse s’en saisir et les décliner localement». «Dans la complémentarité des compétences de chacun, poursuit-il, nous renforçons chaque fois un peu plus la cohésion et la cohérence d’action du monde économique. Mieux encore, en agissant ainsi nous favorisons l’essaimage des bonnes pratiques. Avec à long terme l’objectif commun de proposer une offre de service harmonisée respectant les spécificités des territoires».

Avec RTE (Réseau de Transport d’Electricité) : une collaboration qui répond à la volonté de la CCIR Paca de promouvoir les modèles économiques innovants dans une démarche de RSE, de faciliter la transition énergétique des entreprises, de favoriser les retombées locales des investissements de RTE Méditerranée. Un partenariat qui intègre par exemple la sensibilisation des entreprises au dispositif EcoWatt Paca (maîtrise des pointes de consommation électrique) que la CCIR soutient.

Avec EDF Une rivière Un territoire : trois axes de collaboration opérationnelle portant notamment sur l’accompagnement des PME/PMI de Paca dans le cadre des projets de production hydro-électrique et thermique, et plus globalement dans les secteurs de l’Eau, de l’Energie et de l’Environnement ; ou encore sur la promotion des solutions digitales de gestion de l’énergie dans les entreprises

Avec la CDC (Caisse des Dépôts) en Paca : un partenariat selon quatre axes prioritaires dont le tourisme (équipements, compétences, modernisation…), l’offre de formation adaptée au territoire et aux entreprises, la transition économique des entreprises (numérique, énergétique et écologique), l’international (encouragement export / développement attractivité)
Avec la FRIAA (Fédération Régionale des Industries Agro-Alimentaires) : une mise en commun des compétences et une synergie autour de cinq pivots de développement que sont les relais de représentation de la filière, l’internationalisation des entreprises du secteur, l’animation portée par le réseau des CCI de Paca, l’émergence de grands projets régionaux et enfin, la formation en adéquation avec les besoins des entreprises de l’AA.
Ouverture au fluvial du partenariat « Croisière France Méditerranée »: une annexe à la convention signée le 28 avril dernier avec les CCI maritimes de Paca (Marseille Provence, Nice-Côte d’Azur et Var) s’étendant aux CCI du Pays d’Arles, de Vaucluse et de Nîmes visant à créer une «task force» collective au bénéfice de l’activité croisière et de la visibilité des destinations dans le grand sud.

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