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< >COP 27 : Emmanuel Macron lance un appel à la justice climatique
jeudi 10 novembre 2022
Le président de la République a pris la parole au sommet pour le climat Charm el-Cheikh (Égypte). Il invite lors de son discours à ne pas baisser les bras dans alors la lutte contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité que la Covid et maintenant, la guerre en Ukraine, pourraient pousser certains en ce sens.
- Intervention d’Emmanuel Macron en Egypte lors de la COP27 (Photo capture d’écran)
« Nous voyons nombre de nos États qui sont frappés par les conséquences mêmes du dérèglement climatique et qui, si besoin en était, nous démontrent une fois encore que l’urgence climatique est bien là. Elle n’est pas pour demain. Et donc, nous n’avons qu’une obligation, celle de continuer d’agir, d’agir sur l’atténuation, sur l’adaptation, sur la préparation aux crises et la réparation face aux crises et aux dérèglements, tout en vivant cette période de choc, de retour de la guerre et de ses conséquences sur notre sol », déclare le président de la République.
Dans ce cadre, il insiste : « Nous ne sacrifierons pas nos engagements climatiques sous la menace énergétique de la Russie ». La stratégie à suivre « va beaucoup reposer sur la sobriété énergétique, sur le développement accéléré des renouvelables et des solutions qui permettent de nous passer de manière durable des fossiles comme l’accélération du nucléaire » et le « changement de nos moyens de nous déplacer, de produire... ».
Continuer le combat de l’atténuation
Pour Le chef de l’État français : « Nous devons continuer le combat de l’atténuation et que nous devons à la fois sortir nos économies du charbon, -c’est ce qui est au cœur de la stratégie européenne qui doit être pour tous les pays les plus riches-, mais on doit aider les émergents à le faire au plus vite. C’est un point clé si nous voulons réussir la stratégie d’ensemble et les accords de Paris ». Il annonce à ce propos : « Nous avons fait un premier pas important avec l’Afrique du Sud : la France investira un milliard d’euros pour accompagner cette action sur ce chemin et aider l’Afrique du Sud avec une stratégie qui repose sur le renouvelable, le nucléaire, les économies d’énergie, pour sortir du charbon. » Indique vouloir intensifier ces actions : « C’est ce que nous mènerons avec l’Indonésie, avec l’Inde, avec le Sénégal. Il est clair que nous devons aller plus loin et plus fort ».
Emmanuel Macron considère que la révolution énergétique est possible et elle passe par cette stratégie avec les émergents. Elle passe aussi, poursuit-il : « Par une action que nous voulons mener avec plusieurs autres pays. L’Inde a donné le "La" avec une stratégie très ambitieuse, le Kenya, comme le Rwanda, ont aussi ouvert des stratégies très ambitieuses sur ces matières en ayant véritablement des stratégies renouvelables accélérées que nous continuerons d’accompagner très fortement parce que là aussi les énergies renouvelables sont de moins en moins chères, de plus en plus sûres et évidemment moins carbonées que les autres. Dans ce contexte que nous vivons, elles démontrent toute leur pertinence ».
« Une bataille pour la biodiversité »
dans son discours, le président de la République met également en exergue l’importance de la biodiversité : « Nous le savons, la nature est notre meilleure alliée pour atteindre les cibles de l’accord de Paris. Climat et biodiversité sont deux faces d’une même médaille et deux faces qui démontrent aussi que les pays qui sont vus souvent comme les plus pauvres, sont des solutions à la lutte contre le dérèglement climatique. » Il explique que les pays qui ont des réserves de biodiversité, « qu’elles soient marines ou terrestres », ont des réserves de puits de carbone absolument inestimables. « Il nous faut les aider à les préserver ; il nous faut les aider à apporter ces solutions basées sur la nature », martèle-t-il. Et propose, une reconnaissance des écosystèmes critiques, les forêts anciennes, les tourbières, les mangroves, les zones humides, « qui rassemblent à la fois les plus grands stocks de carbone et les plus grandes richesses en biodiversité ».
L’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins
Selon le président de la République :« Nous devons donc urgemment reconnaître à ces écosystèmes un statut particulier et proposer aux États qui les abritent des contrats politiques et financiers pour les aider à les préserver ». Il annonce : « Nous nous retrouvons à Libreville début 2023 pour adopter des plans d’action très concrets lors d’un "One Forest Summit" organisé conjointement avec le Président Bongo ».
Concernant les océans, il insiste : « La France sera au rendez-vous de ses engagements » et soutient « l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins. J’assume cette position et la porterai dans les enceintes internationales ».
« La justice climatique »
Et il est question de justice climatique : « Nous avons pris des engagements et il y a aujourd’hui une confiance qui est en train de s’effriter - pour ne pas dire davantage - entre le Nord et le Sud ». Il revient sur ses propos, il y a quelques semaines à la tribune des Nations unies où il a signalé qu’il fallait éviter « cette grande division du monde sur le sujet de la guerre, est tout aussi vrai sur le sujet du climat ».
Emmanuel Macron constate : « Beaucoup de pays nous entendent parler de 100 milliards depuis Copenhague et se disent : "on ne voit pas l’argent arriver" ». Il faut donc, à ses yeux aller au bout de la solidarité financière : « On est à 82 milliards d’engagés. On doit, dans les tous prochains mois, aller aux 100 milliards et aider à convaincre les derniers pays riches qui n’ont pas pris tous leurs engagements. Mais surtout, on doit débourser beaucoup plus vite et trouver des mécanismes, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, pour être au rendez-vous de ces décaissements, pour que cet argent arrive vers le grand Sud, sinon la confiance s’effondrera » . Il importe, dans ce cadre d’être « au rendez-vous, dans cette solidarité, de l’adaptation. La France s’y attelle en investissant chaque année six milliards d’euros, ce qui est notre juste part de ces efforts conformes à nos engagements de Copenhague et de Paris ». Au-delà de ces chiffres, le président de la République considère : « Nous devons avoir des projets concrets avec les zones les plus touchées dans le cadre d’un partenariat qui fait vivre cette justice. C’est ce que nous avons voulu lancer avec la Grande muraille verte, du Sahel à la corne de l’Afrique. Elle produit des résultats. Nous avons eu un niveau record d’engagement dès le début de l’année 2021, avec près de 19 milliards d’euros, mais surtout, on a déjà l’année dernière décaissé 2,5 milliards d’euros sur le terrain, avec des projets qui permettent à la fois d’atténuer le changement climatique, de répondre aux projets d’agriculture et d’agro foresterie et de lutter contre la désertification ».
« Un grand choc de financements concessionnels »
« Nous avons besoin d’un grand choc de financements concessionnels. Il est au cœur du débat qu’avec raison, beaucoup ont mis sur la table, celui des pertes et préjudices. Je veux saluer le courage, la force de beaucoup de leaders africains, caribéens, pacifiques, latino-américains, qui ont porté ce débat en nous disant "on pourrait vous parler du passé, parce que la justice n’a pas toujours été au rendez-vous. Mais déjà, on veut parler avec vous de l’avenir" ». Pour Emmanuel Macron, « ils ont raison ». Ils ont encore dit, ajoute-t-il : « Parce que non seulement, on a moins émis que vous par le passé, non seulement parfois, vous nous avez empêché de nous développer comme on voulait le faire, mais on va être touchés par les conséquences de ce qui arrive parfois plus vite que vous. Parce que nous sommes des petites îles vulnérables, parce que nous avons un trait de côte qui est plus bousculé, parce que nous avons des réalités géographiques qui nous rendent plus fragiles et vulnérables que vous ». « Et ils ont raison », indique encore le chef de l’État. « C’est un débat qui est juste ». Mais surtout, poursuit-il :« Tous les pays à revenu intermédiaire, certains émergents, les pays les plus pauvres ; ils nous ont tous vus, nous les pays les plus riches au moment de la pandémie, parce que nous avions un choc qui était un choc qui touchait tout le monde de manière au fond symétrique, et on a fait des choses exceptionnelles. Là, on a mobilisé des financements exceptionnels. Et ils nous disent, "mais nous, ce qui nous arrive est exceptionnel : la fin de l’eau sur notre sol, les bouleversements qui nous rendent la vie impossible" ».
Emmanuel Macron juge : « Nous devons donc nous battre pour être au rendez-vous des droits de tirage spéciaux et des 100 milliards de dollars au soutien des pays les plus pauvres, dont une grande partie ira vers le climat ». Il annonce enfin : « Nous avons demandé au FMI, à la Banque mondiale et à l’OCDE de nous proposer des solutions très concrètes pour activer ces mécanismes financiers innovants pour nous permettre de développer l’accès à des liquidités nouvelles, des capacités de prêts nouvelles, pour des pays, y compris des pays à revenu intermédiaire qui sont touchés par ces chocs, et pour ensemble aussi nous proposer des solutions qui prennent en compte la vulnérabilité climatique de beaucoup de pays ».
Michel CAIRE
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